Bagacum - Vue du crypto-portique (Photo par Axel) [Cliquer sur la légende pour l'image en grand format]
C’est sous un ciel brouillé,
comme il se doit, que sous les voûtes du printemps timoré nous nous rendîmes en
les ruines épuisées de Bagacum, cité trépassée depuis plus de 1500 ans.
Inutile de préciser, sauf à vouloir passer au
travers l’essentiel, que la visite guidée du site s’impose ensuite. Car à
Bagacum la parcimonie incite à l’attention. Et sans le verbe éclairé des
passionnés ou érudits de l’antique cité, la marche sous les voutes ouvertes du
crypto-portique risque de s’avérer déceptive, faute de clés pour saisir toute
la richesse des lieux.
Pour le déroulé en détail de l’émergence de Bagacum ;
de son apogée à son essoufflement jusqu’au trépas, je renvoie à la liste de
sources trouvées sur la toile en fin de ce billet. Et donc de me contenter de
quelques bribes choisies, à la manière de vestiges mentaux justes effleurés... Déjà
échappés.
Bagacum fut ainsi implanté ex-nihilo sans doute
entre 19 et 13 avant l’ère chrétienne, à l’époque d’Auguste. Le choix de l’emplacement
est stratégique : la ville étant en effet placée au cœur d’un nœud routier,
point de convergence de sept voies romaines à vocation tant militaires que
commerciales.
Sur l’étymologie de la cité, les spécialistes ne s’entendent
pas. Dispute en acum (suffixe) et en bagos, mot d’origine celte pour désigner
un hêtre. Le lieu des hêtres donc, ou lieu des combats si on préfère y lire une
racine en Baco, divinité gauloise d’humeur vindicative. Anecdotique essentiel,
sinon existentiel [1].
Quant au forum de Bagacum, le plus grand de Gaule
et qui nous reste en totalité (trois hectares) le début de sa construction est
à situer vers les années 60 à 70 de notre ère, sous les Flaviens (Vespasien,
Titus, Domitien). Il sera achevé à l’époque Séverine (IIIe siècle).
Pour qui le visite, le forum offre le constat de différences
de niveaux (trois pour être précis) : la basilique, l’esplanade, puis pour
atteindre l’espace sacré un escalier à gravir. Il manque aujourd’hui le temple
qui s’y trouvait en son sommet ; pour se donner néanmoins une idée de son
allure, les imaginations fertiles pourront avec profit y transposer d’esprit la
Maison Carrée de Nîmes.
Notons aussi que Tibère visitera la ville encore
inachevée lors de l’un de ses périples, en l’an 4 de l’ère du crucifié. On le
sait, car pour marquer son passage, il était inévitable qu’un notable de la
cité, un certain Cnaeus Lucinius Navos, fasse preuve, si l’on veut, de sens historique sinon d’opportunisme, et se
propose de consacrer une table de couleur cendrée à l’Empereur qui finira une
trentaine d’années plus tard son existence retranché à Capri (pierre détruite
en 1944).
Voilà pour l’essentiel.
Viendrons ensuite des époques troublées. Des vagues
Car le glas sonnera bientôt, avec la décision du déplacement
de l'administration impériale à Camaracum (cambrai) au début du Ve siècle.
Les ultimes témoignages d'une occupation dans le forum de
Bagacum n’iront pas au-delà des années 430 à 450 ; des corbeaux et
autres oiseaux au manteau noir sans doute…
Et si aujourd’hui l’on peut visiter si
considérables vestiges à Bagacum - ce qui est vivement encouragé -, en regards
de ce que l’on pouvait voir au début du siècle dernier, par une ironie de l’histoire,
on le doit en grande partie aux bombardements de la seconde guerre mondiale,
qui dégagèrent en quelque sorte le terrain, chassant la plèbe du terrain de
fouille, comme le fit un séisme sur les terres de Milet en 1955...
__________________________
LIENS UTILES
__________________________
INRAP :forum antique de Bagacum Forum antique de Bagacum Nord Mag - Bagacum Bagaco-nervio
[1] Dispute ontologique :
hêtre / être ; dualité à la yin/yang. Platonisme celtique et je sais quoi
d’autre – le délire peut aller assez loin ; voir se perdre sur les
sentiers fumeux de saturne… Prose évidement à prendre à la rigolade.
[2] Le meilleur est pour la fin (Tiré du dictionnaire des sentences latines et grecques de Renzo Tosi).
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire