26 févr. 2017

Joal-Fadiouth, parmi les coquillages…

Cimetière de Joal-Fadiouth (Photo par Mélanie)
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A l’heure du retour des fanatismes religieux de tous poils et des replis identitaires, il n’est pas mauvais de faire un détour par Joal-Fadiouth… Une balade parmi les coquillages, le soleil, les palétuviers et les baobabs ; sans oublier son cimetière fameux avec ses croix plantés sur les ondulations du paysage. Un lieu hors du temps ; colline paisible enroulée autour de son axe, un calvaire signant la particularité de l’endroit. Car la commune est une enclave catholique plantée au cœur des terres musulmanes.


Fadiouth (Photo par Axel)
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Allant à la messe.... (photo par Axel)
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A y déambuler, sur le pont à marée basse, au-dessus des crabes violonistes, courant la mangrove on se prend à savourer le silence ; cette paix que procure la bannissement des véhicules à moteurs – relégués loin de là, sur terre ferme. Passe une aigrette des récifs ; des enfants qui jouent pieds dans l’eau, sans se préoccuper des porcs cherchant pitance dans la vase. Une pirogue s’étire et baille dans la lagune… Et dans les allées étroites du village, croiser une pénitente pressées ou cette autre altières dans le vêtures colorées. Beauté que rehausse l’or de son poignet… Car se profile tout près de là une singulière procession ; colonne du matin au pas cadencé, regroupée à la
Crabe violoniste (photo par Axel)
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file indienne derrière son crucifix. Les femmes au-devant, moniales parée de blanc immaculé. Suivent les prêtres et leurs étoles, suspendues à leur cou comme le joug d’un bétail de labour, d’un vert couleur de saison… Car c’est l’heure de la messe à l’église Saint-François-Xavier
Ce lieu de culte reconstruit à la fois par des mains chrétiennes et musulmanes, après sa mise à bas par l’ouragan Cindy à l’orée du nouveau millénaire. Eglise symbole donc, insigne de la tolérance religieuse locale résidant entre les deux communautés monothéistes… « Chrétiens comme musulmans, nous sommes allés chercher du sable. Chrétiens comme musulmans nous avons fait de l'église une affaire qui est la nôtre, donc l'affaire de tout Fadiouth… », confessera l’heureux abbé de la paroisse.


Pressée... (Photo par Axel)
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Procession.... (Photo par Axel)
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Saint François Xavier.... (Photo par Axel)
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Pont vers le cimetière (photo par Axel)
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Planté face à l’océan, au mitan du Sénégal, à l’extrémité de la Petite-Côte, Joal-Fadiouth est ainsi l’association de deux villages : Joal, bâti sur une mince langue terre ferme, et Fadiouth, située dans l’œil de l’estuaire, sur une île artificielle constituée d’un amoncellement de coquillages, reliée au pays par un pont piétonniers de 800 m de long. De là, une seconde passerelle conduit au cimetière. Ce lieu de villégiature des morts, sis au milieu des mangroves, et ou il fait bon se promener parmi les tombes… Y cohabitent les trépassés du Christ avec une poignée de fidèles de Muhammad. A la saison des pluies les coquillages se tapissent de vert… Les crabes pullulent et la vie s’ébroue.

Cimetière de Joal-Fadiouth (photo par Axel)
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Vue de Fadiouth depuis le cimetière (photo par Axel)
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Vers la mangrove... (photo par Axel)
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Joal est aussi le lieu de naissance du père de la négritude, LéopoldSédar-Senghor.  
Qui abandonnera au vent ce poème…


Je me rappelle.

Je me rappelle les signares à l'ombre verte des vérandas
Les signares aux yeux surréels comme un clair de lune sur la grève.

Je me rappelle les fastes du Couchant
Où Koumba N´Dofène voulait faire tailler son manteau royal.

Je me rappelle les festins funèbres fumant du sang des troupeaux égorgés
Du bruit des querelles, des rhapsodies des griots.

Je me rappelle les voix païennes rythmant le Tantum Ergo
Et les processions et les palmes et les arcs de triomphe.
Je me rappelle la danse des filles nubiles
Les choeurs de lutte - oh ! la danse finale des jeunes hommes, buste
Penché élancé, et le pur cri d'amour des femmes - Kor Siga !

Je me rappelle, je me rappelle...
Ma tête rythmant
Quelle marche lasse le long des jours d´Europe où parfois
Apparaît un jazz orphelin qui sanglote sanglote sanglote.


(Léopold Sédar Senghor, Chants d’ombre, 1945)

Jouer dans l'eau... (photo par Axel)
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