23 nov. 2017

L’homme surnuméraire de Patrice Jean


J’ai aimé l’homme surnuméraire de patrice Jean Et s’il vaut mieux ne pas être au fond du trou pour lire ce roman féroce, décrivant avec une subtilité chirurgicale les affres du monde comme il va, rien ne s’oppose à déléguer à autrui le soin d’en parler – voire d’aller écouter ce que l’auteur a à nous en dire : ainsi dans cette émission de Réplique, A la recherche du temps présent…



Quelques citations prises à la volée suffiront ici :

L’aliénation par le travail, en déliant les hommes de leurs préoccupations personnelles, sauve ces derniers du vide et de la médiocrité contemplée, médiocrité qui acculerait beaucoup d’entre eux à la dépression et au suicide
P 10

La vertu n’est pas de ne pas concevoir d’impurs désirs, mais de savoir les maîtriser.
P 31

Je l’écoutais tout me demandant s’il croyait vraiment à ces bêtises. J’avais toujours été frappé par le dogmatisme bébête des philosophes, du moins des professeurs de philosophie que j’avais rencontré.
P 71

N’être plus rien, quand on est moins que rien, c’est une authentique promotion.
P 104

Il en était pour Chantal comme pour ces condamnés à mort qui, trois heures avant l’exécution, continuent de papoter, de parler de la couleur du ciel, de fumer, de ranger leurs affaires, de vivre tout simplement, alors qu’ils n’existeront plus à la fin du jour.
P 212

Nous prévoyons le pire pour amortir nos chagrins si le malheur advient.
P 226

S’il est un mérite aux vacances, c’est de détacher les hommes de la fascination de l’actualité, du déversoir ininterrompu des informations, de l’Histoire, des luttes politiques ou syndicales. Ils aperçoivent alors, derrière le voile des événements, la vie pure et simple.  A la vérité  cette expérience est battue en brèche, aujourd’hui, par l’omniprésence , même dans le désert saharien, des radios ou d’internet.
P 229

Les lettrés sont des amateurs, des amoureux, des passionnés, jamais ils ne prétendent  tenir une position extérieure, neutre et scientifique … (…) Je me demande parfois si nous n’accordons pas une place démesurée à la connaissance, en oubliant que celle-ci doit-être subordonnée à l’intensité de la vie.
P 232 et 246

Combien ai-je vécu de ruptures ? Je sais ce qu’il en est de la détresse amoureuse. Je comprends la vôtre.  Pourquoi souffrons-nous de la fragilité des choses, alors que la fragilité est la Loi du monde ? J’ai le sentiment que nous ne sommes pas faits pour la vie, que l’homme n’est pas à sa place sur ce globe terrestre, que rien n’est à sa place…

P 255

4 commentaires:

  1. La première citation est exquise, et les autres sont succulentes.

    En un mot : merci.

    Oreilles, naturellement.

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  2. Merci de votre passage, cher Marquis
    En dilettante toujours...

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    1. Toujours aussi peu présent que possible, cher Axel, comme un vieux singe chinois...

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