L’enfilade des temples déroule son cortège de
colonnades au soleil. Une vallée qui
porte bien mal son nom ; promontoire serait en effet plus juste… Au-devant, la mer et en arrière-plan s’étire
le cordon coloré de la ville d’Agrigente.
Dans la tombe d’Empédocle ne repose qu’une sandale,
le reste ayant été avalé par l’Etna. On raconte que le philosophe présocratique
« … s'habillait de vêtements de pourpre
avec une ceinture d'or, des souliers de bronze et une couronne delphique. Il
portait des cheveux longs, se faisait suivre par des esclaves, et gardait
toujours la même gravité de visage. Quiconque le rencontrait croyait croiser un
roi » Pour souscrire à ce portrait il faut en croire, Favorinus d'Arles,
philosophe sceptique du second siècle de notre ère. Ce qui nous rapproche de
l’époque qui nous intéresse ici.
Car il faut nous faut désormais tourner les yeux
vers l’intérieur des terres, à une bonne heure à vol d’oiseau ; ces
messagers des dieux que rien ne détourne de leur route. Et de les observer
passer : à destra, pour le
meilleur ; à sinistra pour les
augures funestes. Là-bas, à une poignée de kilomètres de la ville de Piazza Armerina,
se trouvent les décombres fameux d’une villa romaine dont la construction remonte
au bas-Empire, à la fin du troisième siècle. De la bâtisse en elle-même il ne
reste pas grand-chose. Mais sa célébrité réside dans ses 3500 m2 de mosaïques,
réparties sur une trentaine de pièces décorées : couloirs, corridors,
thermes, ambulacre, palestre ou encore triclinium…
|
Vue de la Villa Casale (photo par Axel) |
L’identification du propriétaire ou du
commanditaire de la villa Casale est toujours sujet de controverse parmi les
spécialistes. Lors de la mise au jour du faste des mosaïques et à la découverte
conjointe de monnaie de bronze, on songea tout d’abord à une résidence impériale ;
peut-être celle de l’empereur Maximilien Hercule (vers 250 – 310). Puis on
pensa que cette demeure pouvait avoir appartenu à un gouverneur de Sicile du
quatrième siècle, un certain Lucius
Aradius Valerius Proculu, ou encore à d’autres riches notables romains.
D’aucuns avancèrent même l’hypothèse d’un lupanar.
Aujourd’hui si, faute de la découverte d’indices
décisifs, il est impossible de connaitre le nom du propriétaire de la villa
Casale, on s’accorde sur la haute probabilité de l’influence des familles
impériales romaines, ou des membres du Sénat.
|
Villa Casale - Frigidarium (photo par Axel) |
Redécouverte en 1812 par un antiquaire romain,
« appelé Sabatino Del Muto, ayant
remarqué que certaines familles de Piazza Armerina possédaient des pièces
archéologiques en marbre d’époque romaine, ainsi que des monnaies et des bijoux
de diverses époques », la Villa Casale ne fera
l’objet de fouilles ampleur qu’à partir de 1929, conduites par Paolo Orsi. Mais malgré la découverte d’une grande
mosaïque représentant les travaux d’Hercule, la poursuite des travaux lui sera interdite
par la propriétaire du terrain d’alors, cette dernière ne voulant pas
endommager sa noiseraie – tout comme avaient étaient stoppées en leur temps la
poursuite des explorations de Del Muto par un aéropage de citoyens de Piazza Armerina
(probablement intéressés à s’accaparer les trouvailles sur le site).
La ville de Piazza Armerina finira par acquérir
l’ensemble des terrains sur lesquels s’étendait la Villa Casale et, à partir de
1955, débuteront les travaux de fouille pour mettre au jour l’ensemble
monumental en son entier. Soit 3500 m2 de sols en mosaïques.
Un mot encore, avant une petite visite en image de
la Villa, à propos de la raison de l’exceptionnel état de préservation des
mosaïques. J’emprunte ici à l’excellent livre d’Enzo Cammarata (voir note
1) :
« Nous
pouvons situer la destruction et l’abandon de la Villa, qui se produisit durant
l’époque normande, à la suite du tremblement de terre du 4 février 1169. La
Villa fut alors complément ensevelie (…) Cet événement, qui a permis au site de
se conserver sans altérations jusqu’à nos jours, l’a aussi sauvé des incursions
désastreuses des pirates et de dangers imminents, notamment des invasions
barbares, qui commencent à la crise du Moyen-Age »
Et maintenant, place aux pérégrinations parmi les
allées et les salles de ce joyau placé au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis
1997.
N’en voici qu’une mince partie…
-------------
Péristyle
Vaste rectangle déambulatoire entourant un jardin.
« Sur le sol des quatre galeries formant
le péristyle, à l’intérieur de panneaux où se trouvent des tresses multicolores
avec des oiseaux et des feuilles de lierre sur les côtés, on peut voir 160
couronnes de lauriers en mosaïque. A l’intérieur de ces couronnes, se trouvent
des protomés d’animaux domestiques et sauvages… »
|
Villa Casale - Périststyle (photo par Axel) |
|
Villa Casale - Périststyle (photo par Axel) |
|
Villa Casale - Périststyle (photo par Axel) |
Vestibule della Domina
« La
scène représentée sur le sol donne à la pièce tout entière un caractère
typiquement privé. D’ici la famille propriétaire de la villa accédait au
complexe thermal ».
|
Villa Casale, vestibule de la Domina (photo par Axel) |
|
Villa Casale, vestibule de la Domina (photo par Axel) |
Salle de danse
« Elle
présente une décoration en mosaïque s’inspirant des représentations théatrales
qui se déroulaient pendant les fêtes en l’honneur de Consus-Consualia. D’autres
spécialistes l’ont interprété comme une danse ou comme une représentation du
célèbre rapt. »
|
Villa Casale, Salle de danse (photo par Axel) |
Salle des amours pêcheurs
|
Villa Casale, Salle des amours pêcheurs (photo par Axel) |
|
Villa Casale, Salle des amours pêcheurs (photo par Axel) |
Diaeta de la petite chasse
« Cette
pièce fastueuse, ouverte vers le péristyle d’où l’on accédait, avait une
fonction de Diaeta (séjour) d’hiver… La grande mosaïque qui orne le sol (…) est
le récit d’une journée de chasse dans ses divers aspects ».
|
Villa Casale, Diaeta de la petite chasse (photo par Axel) |
Promenoir de la grande chasse
« Ce
long corridor à colonnades, fermé par des absides, présente sur le sol des
lunettes ornées de belles mosaïques personnifiant la Mauritanie à gauche, et
l’Inde, à droite. (…) Elle représente de grandioses scènes de chasses (…) Une
note significative est ‘la présence de l’éléphant entre les deux navires, qui
peut être rapportée au Triomphe et à l’apothéose impériale comme symbole de la
munificence du propriétaire de la villa qui offrait des jeux dans
l’amphithéâtre ». un monogramme (M.A) près de la trompe de l’éléphant
pourrait indiquer le nom de son propriétaire (Maximilien Auguste ?)… »
|
Villa Casale, promenoir de la grande chasse (photo par Axel) |
|
Villa Casale, promenoir de la grande chasse (photo par Axel) |
|
Villa Casale, promenoir de la grande chasse (photo par Axel) |
|
Villa Casale, promenoir de la grande chasse (photo par Axel) |
|
Villa Casale, promenoir de la grande chasse (photo par Axel) |
|
Villa Casale, promenoir de la grande chasse (photo par Axel) |
|
Villa Casale, promenoir de la grande chasse (photo par Axel) |
|
Villa Casale, promenoir de la grande chasse (photo par Axel) |
|
Villa Casale, promenoir de la grande chasse (photo par Axel) |
Salle des jeunes filles en bikini
« (salle)
destinée (initialement) aux domestiques qui devaient s’occuper de l’appartement
de la domina (…) La fonction de la pièce ayant variée, les nouveaux
propriétaires superposèrent au premier pavement à dessins géométriques le
pavement des dix jeunes filles en bikini » (daté du IV ième siècle.)
|
Villa Casale, Salle des jeunes filles en bikini (photo par Axel) |
|
Villa Casale, Salle des jeunes filles en bikini (photo par Axel) |
|
Villa Casale, Salle des jeunes filles en bikini (photo par Axel) |
|
Villa Casale, Salle des jeunes filles en bikini (photo par Axel) |
|
Villa Casale, Salle des jeunes filles en bikini (photo par Axel) |
Atrium à arcades en hémicycle
« La
fonction de l’atrium était de relier les cubicula (chambres à coucher) des
enfants du propriétaire, à la grande Diaeta d’Arion, la salle de séjour de la
domina de la villa »
|
Villa Casale, Atrium en arcade (photo par Axel) |
Vestibule du petit cirque
« …. La
décoration du sol en mosaïque montre une parodie des jeux du cirque qui
rappelle les compétions des biges du Circus Maximus de Rome (…) A la place des chevaux ce sont des flamants,
des oies blanches, des échassiers et des pigeons ramiers qui tirent les chars
(…) Les biges représentent non seulement les 4 factions mais aussi les saisons.
Les roses autour du cou des flamants indiquent le printemps ; les épis des
oies blanches indiquent l’été ; les grappes de raisin des échassiers
indiquent l’automne, tandis que les feuilles au cou des pigeons ramiers
indiquent l’hiver ».
|
Villa Casale, vestibule du petit cirque (photo par Axel) |
Vestibule de Eros et de pan
« Cette pièce mesurant 5,4x4,7 m (…) desservait
la salle intérieure qui était utilisée comme cubiculum. (S’y trouve) la
mosaïque polychrome de Eros et de Pan, engagés dans un combat à l’issue
incertaine. Un cortège dionysiaque composé de trois ménades (….) prend le parti
de Pan ».
|
Villa Casale, vestibule d'Eros et de Pan (photo par Axel) |
Vestibule de Polyphème
« … pièce ornée de mosaïques représentant
Ulysse et Polyphème à l’intérieur d’une grotte. La gigantesque silhouette de
Polyphème trône au centre du vaste tableau qui s’inspire de l’époque
homérique… »
|
Villa Casale, Vestibule de Polyphème (photo par Axel) |
Cubiculum de la scène érotique
« Cette chambre spacieuse et luxueuse a une
alcôve rectangulaire, indiquée par les piliers polygonaux. C’était la pièce qui
servait de chambre à coucher au propriétaire de la villa (…) Cette décoration
convient bien à l’usage de la pièce qui était le lieu des rencontres amoureuses
entre le propriétaire et ses concubines qu’un malicieux a d’ailleurs identifié
dans les quatre bustes représentant les saisons ».
|
Villa Casale, Cubiculum de la scène érotique (photo par Axel) |
QUELQUES PHOTOGRAPHIES EN VRAC...