Reprise d’un ancien billet sur Overblog (novembre
2011), toujours de saison…
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Voilà le spectacle automnal auquel je suis allergique.
Plantés là comme des courges, près des habitations, à
attendre que leurs coreligionnaires rabattent lièvres, perdrix et autres
faisans à portée de plomb…
Chasse en septembre (photo par Axel) |
J’en ai connu jadis qui équipaient le collier de
leurs chiens avec des clochettes pour ne pas leur tirer dessus. ;
J’en ai vu d’autres, à marée basse en hiver sur le
sable sec de la Baie de Somme, s’avancer au large dans leur voiture, prêts à
mitrailler les canards et les courlis depuis la vitre ouverte de leur véhicule
;
Il y a ceux encore qui s’en vont servir de rabatteurs côté
de la réserve ornithologique tandis que leurs comparses attendent alignés sur
la limite autorisée ;
Ou celui-là, qui traverse en courant la route à la
poursuite d’un lièvre, fusil pointé en avant alors que surgit juste devant lui
un cycliste ;
J’ai assisté aussi adolescent, depuis le bord de la route, à quelques-unes de ces battues où l’on relâche des faisans d’élevage à peine capables de voler et qu’il faut pousser au cul en claquant des mains pour pouvoir les tirer comme des assiettes ;
Que dire de ceux que j’ai croisés un jour dans des
dunes, bien mûrs comme l’on dit, occupés hilares à cribler de plomb les
canettes de bière qu’ils avaient englouties ;
Et celui qui se vantait d’avoir tué une oie de 9 kilos et qui, tout
sourire derrière ses doubles-foyers, brandissait fièrement un cygne ;
Et cet autre petit soldat qui se tenait en embuscade tout contre notre haie pour se faire un carton ;
J’en aurai presque oublié ce patron de PME qui me
disait un jour, entre deux invective envers ces « salauds de pauvres »,
que dans la chasse au chevreuil ou au sanglier, tout ce qui l’intéressait c’était
« le coup de fusil » ;
Il me souvient également d’avoir compté, un jour
d’ouverture de la chasse en bord de mer il y a quelques années, le nombre
effrayant de détonations assourdissant le ciel à la minute - plus de quarante ;
Je revois aussi toutes ces landes couvertes des
douilles multicolores qu’enfant, encouragé par mon père, il m’arrivait de
collectionner comme les marrons (1) ;
Je finirai ce sinistre catalogue (mais hélas loin d’être
exhaustif) par une pensée pour ces oiseaux mutilés par les décharges aveugles
qu’il m’est arrivé de trouver parfois au détour d’un sentier, estropiés ou agonisants
;
On me rétorquera peut-être qu’il s’agit là de mauvais chasseurs, de brebis galeuses, et qu’évidemment les « vrais chasseurs », eux, sont respectueux de la nature et des animaux. Voire même, poussant l’oxymore à son comble, que les légions bottées équipées de fusils et de tenues paramilitaires sont dans les faits les seuls véritables protecteurs de la nature (2) … Bien sûr ! Comment n’y avions-nous pas songé ?
Et que l’on cesse d’en appeler à la tradition ou la
ruralité pour justifier l’injustifiable : « Les chasseurs vantent
volontiers leur ancrage populaire et rural, mais cette image est en partie
contredite par les chiffres. S’il est vrai que les agriculteurs sont
surreprésentés (ils sont 8,5 % parmi les chasseurs, pour seulement 2 % de la
population active), les premiers détenteurs des permis de chasse sont des
professions libérales et cadres (36 % des permis, pour seulement 17 % de la
population active) » (3). La persistance de cette pratique n’est que
le fruit d’un lobby puissant (4)
A dire vrai et pour conclure j’avoue ne pas comprendre
pas cette pratique, qu’on l’appelle sport, loisir ou tout ce qu’on voudra – ne pouvant
concevoir qu’une chasse de nécessité…
Et quant à ces notables qui veulent toujours manger de
l’Ortolan, qu’ils s’en étranglent…
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(1) Voir les tonnes de plomb déversés
dans la nature : https://www.liberation.fr/france/2019/02/14/chasse-le-plomb-un-poison-pour-l-homme-et-l-environnement_1704800
(2) Je ne pensais pas voir juste et qu’ils
oseraient… Voir le slogan de 2018 : « Les chasseurs, premiers
écologistes de France ? ».
https://www.notre-planete.info/actualites/1894-chasseurs-premiers-ecologistes-France
(4) http://magazin.epjt.fr/longform/lobby-chasse
Bonjour,
RépondreSupprimerIl y a quelques années j'ai demandé à un jeune collègue étudiant en BTS avec moi (BTS gestion et protection de la nature par correspondance, partiellement) s'il pouvait m'emmener avec lui dans une de ses parties de chasses pour me faire découvrir cette activité. Il a accepté et pendant une matinée nous avions arpenté les rives de la Durance à la recherche de canards ... Malheureusement, le jeunot n'a pas eu l'occasion de croiser un gibier intéressant. Alors pour me montrer sa dextérité au tir, il décida de tirer sur les cormorans qui passaient par là...
Mise à part cette expérience, je connais très bien 2 chasseurs respectables. D'abord mon beau-père, chasseur solitaire avec son chien, marcheur sportif et connaisseurs de son terroir. Il chassait la bécasse entre autres et on mangeait ce qu'il rapportait de sa gibecière. La mort de son dernier chien a mis fin à sa pratique mais pas à la marche. Je regrette de ne pas avoir eu le temps de lui demander de m'emmener avec lui quand il pratiquait encore.
Ensuite un ami de mon père, Jacques, très bon connaisseur de la faune bourguignonne et amoureux du terroir. Idem chasseur solitaire avec son chien, très bon cuisinier.
Depuis qu'il s'est installé sur l'île d'Oléron il pratique la pêche en mer, l'a appris consciencieusement avec humilité. Il aime se nourrir de ce que lui donne la nature et le lui rend bien à sa façon, d'abord par sa cuisine et ensuite par la transmission de son savoir à tout son entourage.
Bonjour,
RépondreSupprimerMerci pour ce retour d’expérience.
Et oui, tous ne sont pas à mettre dans le même sac. Nous avons chacun dans notre gibecière une anecdote qui pourra montrer qu’ici où là on rencontre des chasseurs respectueux d’autrui et de la nature, qui ne sont pas juste des viandards, des saccageurs de l’équilibre naturel (lâchages de bêtes d’élevage en masse), des passionné d’armes à feu, des lobbyistes invétérés, etc…
Je suis originaire de la Somme et de sa baie… Avec un père pro-chasse ; il allait aux canards ou aux « perdreaux » ... J’ai vu ce qu’il en était sur le littoral, dans les huttes, les champs et les bois… On peut aimer la marche sans pour autant porter un fusil. Et pour les plus audacieux il est possible de pratiquer la chasse photographique, bien plus difficile -il faut être bien plus près et viser autrement juste. Rien n’oblige non plus à faire des cartons sur des limicoles qui ne se mangent pas, pour le plaisir, d’engluer les branches au nom de la « tradition », de lâcher des cochons pour pouvoir les tirer facilement, de déverser des tonnes de plombs…
En fait, le soucis se situe au niveau de cette pratique en général (et non pas du comportement de tel individu en particulier), de ces moults excès et délits – sans parler des accidents… A une époque ou nous avons perdu 68% de la biodiversité (cela ne va pas s’arranger), avec nombre d’espèces chassés en danger d’extinction est-ce bien raisonnable de vouloir faire perdurer une pratique d’un autre âge qui n’a aucune justification alimentaire ? De vouloir encore tirer la tourterelle des bois ? Tirer les oies en migration ? etc…
Quelques vidéos :
https://www.youtube.com/watch?v=7XmL9_ypOo8
https://www.youtube.com/watch?v=m3pONQw73u8
https://www.youtube.com/watch?v=5wm7VU2tNiA