7 févr. 2023

Du pessimisme d’Herman Hesse

Le matin, avant de me rendre à bicyclette au tripalium, j’ai pris l’habitude de lire quelques pages, sirotant un thé affalé dans mon canapé. Une nouvelle, une poignée d’aphorismes ou un texte bref sur l’un des nombreux sujets que je goûte.

 

En ce moment c’est le recueil de textes d’Herman Hesse, « L’art de l’oisiveté » qui m’accompagne. J’y relève, l’œil encore endormi, ces quelques lignes tirées d’un texte daté de 1928 et intitulé « Oppositions » :

 

« … notre époque a pour mot d’ordre : la santé, la compétence et la confiance béate dans le futur, le rejet narquois de tous les problèmes profonds, le renoncement répugnant et lâche à toute forme de questionnement dérangeant, la jouissance de l’instant.

(…)

Lorsque je les vois exprimer un vif contentement et rire avec satisfaction, je ne puis m’empêcher de penser à l’année 1914. Je songe à l’optimisme soi-disant salutaire de ces peuples qui trouvaient tout magnifique, enthousiasmant et menaçaient de coller au mur chaque pessimiste rappelant que les guerres sont des entreprises fort périlleuses et violentes qui peuvent aussi se solder par une triste défaite. Ainsi les pessimistes furent-ils en partie ridiculisés, en partie fusillés. Les optimistes eurent alors leur époque de gloire, ils exultèrent et triomphèrent pendant des années, jusqu’au moment où, épuisés de tant d’allégresse et de victoires, ils s’effondrèrent brutalement … »

 

Au fond, pas grand-chose n’a changé … Les guerres, le dérèglement climatique, l'effondrement de la biodiversité et, à rebours, les enthousiasmes du consumérisme et l'apologie béate de Musk !






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