21 mai 2023

Rêveries dans les herbes folles du site archéologique de Sanxay

 

Sanxay, vue du théâtre (photo par Axel)

« … C’est un petit val qui mousse de rayons » dit le vers d’un poème célèbre. Ainsi du site archéologique de Sanxay… Là aussi il est question de trépassé ; mais ici il s’agit d’époque ensevelies, de civilisations disparues. Et s’il n’y a pas de « frais cresson bleu », on peut y rencontrer l’orchidée – plus précisément l’orchis pyramidal.

S’y promener un jour de semaine, en mai et se retrouver sans autres visiteurs que l’ombre de nos pas dans les herbes folles. Une légende raconte que les lieux étaient maudits et qu’un trésor était gardé par un loup-garou, la Galipote[1]. Cet animal mythique et maléfique, dit-on parcourait nuitamment les campagnes semant la terreur. Et l’expression « courir la galipotte », signifie « aller au sabat sur un manche à balai ; être ensorcelé ».

 

Le temple octogonal ( Photo par Axel)

Chardons (photo par Axel)

Vue d'ensemble du sanctuaire thermal (photo par Axel)

Mais revenons au site antique de Sanxay. Son nom viendrait du latin sanciacum « qui rappelle qu’il y eut à l’emplacement du village, sans doute au Bas-Empire, le domaine d’un dénomé Sanctius ou Sanctio ». Pour situer géographiquement les lieux, disons simplement que le site se trouve dans le département de la Vienne, à mi-chemin entre Niort et Poitiers, non loin de Ménigoute, où se tient chaque année un fameux festival ornithologique.

 

Reconstitution du site de Sanxay (source : Jean Claude Golvin)


Les vestiges principaux sont le théâtre, implanté sur la rive droite de la Vonne, le sanctuaire des eaux curatives et le temple octogonal, construit sous l’empereur Claude (41-54). Ce temple fut sans doute « consacré au culte de l’eau, sous le patronage d’Apollon et peut-être de Mercure ».

L’agglomération de Sanxay fut un lieu de cure thermale et « a pu jouir de la conjoncture favorable résultant de la collaboration des Pictons avec Rome ». Sa Prospérité a culminé au IIe siècle, et sa fin assez brutale peut être mise en relation avec les progrès du christianisme. Bref, rien de neuf sous le soleil !

Il est toujours singulier de fouler les allées tortueuses des cimetières de pierres. Là où la nature recouvre la vanité des hommes. Et c’est encore mieux lorsque la foule dédaigne d’y faire le détour. On respire à plein poumon la tranquillité des prairies, tandis que chantent les oiseaux, songeant à l’insignifiance de notre condition, mais éprouvant aussi une espèce de béatitude corporelle et immanente – une sorte de spiritualité laïque …  

Sanxay enfin, offre un kaléidoscope de sensations. Motif à évasion et à réflexions. Et puis le village actuel, tout proche mérite qu’on s’y arrête. En particulier du côté du pont des bergers.

Vue du village de Sanxay (photo par Axel)



[1] Toutes les informations et citations sont tirés de l’excellent petit opuscule intitulé « Sanxay antique », (guides archéologiques de la France) , paru aux éditions du patrimoine (Pierre Aupert - Jean Hiernard - Myriam Fincker).

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