25 août 2014

Sterne arctique, cette navigatrice infatigable. Quelques autres oiseaux d'Islande et du Groenland (eider, Guillemot, etc).



C’est au pays des trolls et des elfes ; en cette terre tourmentée de lave et de glace, par grand vent, alors que nous étions accostés aux quais de la baie des fumées (Rekya = baie – Vik = fumée), que nous fîmes sa rencontre pour la première fois. Minuscule papier crépon dans un azur plombé d’encre, ballottée d’apparence par les éléments ; cerf-volant acrobatique aux puissantes rémiges. Pugnace volatil et redoutable voilier à la vérité ; premier qualificatif dont se rendra compte quiconque s’en allant menacer de trop près la quiétude de l’oiseau. D’aucuns, parmi les plus éminents représentants de la raison, en feront peu après les frais sur l’île de Vigur, cailloux perdu au large d’Isafjord – sanctuaire pour l’avifaune ; je songe  particulièrement à l’un d’entre eux, lorsque faisant fi des consignes de bonne conduite, s’écartant des sentiers balisés, il marcha trop près des nids et de la progéniture de ce laridé irascible. Mais cela relève de l’anecdote. Quant au second qualificatif, il n’est sans doute pas anodin de rappeler que la Sterne arctique (Sterna paradisaea), inlassable navigatrice, qui remontant de son territoire d’hivernage situé au large des cotes d’Afrique du sud, en antarctique, jusqu’en Islande et sur les cotes du Groenland pour se reproduire, est sans doute le plus grand voyageur de tous les oiseaux migrateurs. Les mots sont toujours courts, les images pâles reflets de l’indicible…

Nous la revîmes quelques jours plus tard et ne nous quitta plus. Toujours vindicative, si gracieuse aux cotés des denses colonies de mouettes tridactyles accrochées aux falaises de Londrangar. Quelques Fou de Bassan tournoyaient dans le lointain. Et plantées aux rocs escarpés, juste sous la chevelure du glacier, des chutes d’eau vertigineuses plongeaient au dessus de plages fuligineuses cernées d’ondulations d’un vert à la densité si particulière ; une teinte qu’on ne rencontre pas en nos latitudes tempérées. Tout cela avec pour horizon le fameux Snaeffnesjökull, là où Jules Verne imagina son voyage au centre de la terre.

Un paysage à couper le souffle pour une émotion brute…

Sans oublier les eiders, les goélands Bourgmestre, un labbe parasite aux aguets, les macareux cloués sur l’eau par manque de vent, les petits pingouins en vadrouille ainsi que les guillemots à miroir désorientés par notre présence ; hébétés à nos pieds. A ce spectacle on comprend mieux l’anecdote rapportée par Jean Malaurie, stupéfait de voir à son arrivée au Groenland des Inuits hilares ramassant ces malheureux oiseaux pour les dévorer crus, tandis qu’ils se laissaient faire en riant…

Reste la danse de ces grands corbeaux au dessus de Narsaq ; quelques passereaux et limcoles qu’il me reste encore à identifier…

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