« L’optimisme
effréné du parti modéré d’aujourd’hui – le parti de l’adaptation pour l’adaptation
au ‘mouvement’ tel qu’il semble unique et inéluctable – se traduit notamment
par la célébration de la ‘démocratie cosmopolite de marché’ »[1].
Voilà ce que Pierre-André Taguieff écrivait
en 2001 dans son essai Résister aubougisme… Un livre prémonitoire à
bien des égards.
Bouger pour bouger donc… Moderniser, mot
valise, « passe-partout lexical »,
désignant dans les faits « l’intégration
dans l’espace marchand, (de) toutes les institutions, l’extension illimitée des
logiques de fonctionnement de l’entreprise ». Voilà qui sied à un Etat
Start-Up…
Dans une autre genre, les zombies de Walking
dead pérégrinent sans but, comme des âmes en peine, juste mû par une soif inextinguible
de chair fraiche à dévorer. L’instantané
de la consommation à outrance. Voilà le modèle. D’où, sans doute, ce ballet de
mort-vivants dans les rues de Hambourg, lors du sommet du G20 ; une performance
artistique saisissante du groupe 1000 GESTALTEN qui n’est
pas sans faire songer à l’épisode de Matrix ou Neo s’apprête à découvrir « the real world ».
Dans Game of Thrones, au-delà du Mur, sévissent
un autre type de créatures en mouvement ; les inquiétants marcheurs
blancs. Espèce d’oligarques fantastiques des neiges, dotés de sombres pouvoirs ils
se constituent une armée de charognes. On ne sait pas vraiment ce qu’ils
veulent, mais cela ne présage rien de bon. « Winter is coming » !
Les vents glacials hurlent, les légions aux orbites vides se mettent en
marche.
Mais il existe d’autres manières d’être en
marche. La seule qui vaille… En empruntant par exemple, à l’instar de SylvainTesson, les chemins noirs : « c’est
d’abord une représentation graphique de l’itinéraire que l’on peut découvrir
sur une carte d’état-major (…) à l’échelle au 25 millième, c’est-à-dire 1 cm
pour 250 m (…) C’est une échelle qui est tout à fait bénie lorsqu’on a envie de
s’enfoncer dans un territoire, puisque la représentation graphique au 25
millième nous donne toutes les promesses possibles que nous pouvons espérer. (…)
Ces chemins les plus tenus, les plus minuscules, à peine plus épais qu’un
cheveu.. Et d’ailleurs, l’institut Géographique, dans le cartouche de légende indique
que le chemin noir, le petit chemin qui parfois n’est qu’un simple pointillé
est un chemin à la praticabilité aléatoire. Cette expression est toute à fait
charmante ; on dirait presque une définition de l’existence. Le chemin
noir sur le terrain c’est le chemin embroussaillé, c’est le serpentin qui
descend le long d’un versant, c’est la piste rurale, le chemin oublié, le
chemin forestier couvert de ronces (…) Ma troisième définition du chemin noir
est plus intérieure, plus intime : c’est le chemin sur lequel on peut
conduire son existence, (…) en recourant aux armes de la solitude, du silence,
d’une certaine forme de lenteur. Ça c’est le chemin noir existentiel , et
qui permet d’essayer d’échapper aux injonctions, aux impératifs de l’époque,
lesquels sont cette espèce d’obligation de se soumettre toujours au brouhaha,
et la rupture avec le souvenir, le rêve et le passé ».
Illustration parfaite du Bougisme : " L'Allemagne doit bouger, comme la France doit bouger", déclare Emmanuel Macron"
RépondreSupprimer