10 juil. 2017

Marcheurs... De "walking dead" aux marcheurs blancs



« L’optimisme effréné du parti modéré d’aujourd’hui – le parti de l’adaptation pour l’adaptation au ‘mouvement’ tel qu’il semble unique et inéluctable – se traduit notamment par la célébration de la ‘démocratie cosmopolite de marché’ »[1].

Voilà ce que Pierre-André Taguieff écrivait en 2001 dans son essai Résister aubougisme…  Un livre prémonitoire à bien des égards.

Bouger pour bouger donc… Moderniser, mot valise, « passe-partout lexical », désignant dans les faits « l’intégration dans l’espace marchand, (de) toutes les institutions, l’extension illimitée des logiques de fonctionnement de l’entreprise ». Voilà qui sied à un Etat Start-Up…

Dans une autre genre, les zombies de Walking dead pérégrinent sans but, comme des âmes en peine, juste mû par une soif inextinguible de chair fraiche à dévorer.  L’instantané de la consommation à outrance. Voilà le modèle. D’où, sans doute, ce ballet de mort-vivants dans les rues de Hambourg, lors du sommet du G20 ; une performance artistique saisissante du groupe 1000 GESTALTEN qui n’est pas sans faire songer à l’épisode de Matrix ou Neo s’apprête à découvrir « the real world ».  



Dans Game of Thrones, au-delà du Mur, sévissent un autre type de créatures en mouvement ; les inquiétants marcheurs blancs. Espèce d’oligarques fantastiques des neiges, dotés de sombres pouvoirs ils se constituent une armée de charognes. On ne sait pas vraiment ce qu’ils veulent, mais cela ne présage rien de bon. « Winter is coming » ! Les vents glacials hurlent, les légions aux orbites vides se mettent en marche.



Mais il existe d’autres manières d’être en marche. La seule qui vaille… En empruntant par exemple, à l’instar de SylvainTesson, les chemins noirs : « c’est d’abord une représentation graphique de l’itinéraire que l’on peut découvrir sur une carte d’état-major (…) à l’échelle au 25 millième, c’est-à-dire 1 cm pour 250 m (…) C’est une échelle qui est tout à fait bénie lorsqu’on a envie de s’enfoncer dans un territoire, puisque la représentation graphique au 25 millième nous donne toutes les promesses possibles que nous pouvons espérer. (…) Ces chemins les plus tenus, les plus minuscules, à peine plus épais qu’un cheveu.. Et d’ailleurs, l’institut Géographique, dans le cartouche de légende indique que le chemin noir, le petit chemin qui parfois n’est qu’un simple pointillé est un chemin à la praticabilité aléatoire. Cette expression est toute à fait charmante ; on dirait presque une définition de l’existence. Le chemin noir sur le terrain c’est le chemin embroussaillé, c’est le serpentin qui descend le long d’un versant, c’est la piste rurale, le chemin oublié, le chemin forestier couvert de ronces (…) Ma troisième définition du chemin noir est plus intérieure, plus intime : c’est le chemin sur lequel on peut conduire son existence, (…) en recourant aux armes de la solitude, du silence, d’une certaine forme de lenteur. Ça c’est le chemin noir existentiel , et qui permet d’essayer d’échapper aux injonctions, aux impératifs de l’époque, lesquels sont cette espèce d’obligation de se soumettre toujours au brouhaha, et la rupture avec le souvenir, le rêve et le passé ».






[1] On peut ici songer au "nomade attalien" défini par Jean-Claude Michéa . 

1 commentaire:

  1. Illustration parfaite du Bougisme : " L'Allemagne doit bouger, comme la France doit bouger", déclare Emmanuel Macron"

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