11 oct. 2018

Les charmes de l'art indien

Billet initial du 9 octobre 2013
(Billet initial supprimé de la plateforme overblog, infestée désormais de publicité)
_________________________


Malgré mon peu d’appétence pour le cubisme - ou précisément à cause de cette réserve instinctive envers les créations des ‘géomètres’ du début du siècle dernier - il m’a pris l’idée de pousser la porte du LAM où se tient actuellement une exposition temporaire « Picasso, Léger, Masson ». 

Si cette visite n’oblitéra pas ma répugnance ordinaire envers ce mouvement artistique, ne sauvant du naufrage des œuvres présentées qu’une poignée de compositions, elle m’aura à tout le moins offert la possibilité de découvrir une autre mise en scène provisoire, à mes yeux beaucoup plus intéressante, intitulée « Corps subtil », encore dénommée : « Un panorama de l’art brut et collection indienne de Philippe Mons ».

De l’exposition « Picasso, Léger, Masson » je n’ai aucune image, les photographies y étant interdites - ce qui est idiot (passant, je ne vois d’ailleurs pas ce qu’il y avait à immortaliser sur les cimaises).  Par contre, de ces « Corps subtils » il me fut loisible de capturer quelques spécimens.


Aussi, plutôt que jaser autour d’œuvres dont je n’ai rien à dire de fondamentalement passionnant, ou de broder autour des documents remis lors de l’exposition, ai-je pensé que mieux valait laisser à l’appréciation de chacun les charmes de l’art indien.






Une anecdote enfin, traduisant l’éternel ridicule de la cohorte de ceux qui cherchent à briller par procuration au travers de la notoriété (réelle ou supposée) d’autrui ; suivisme allant parfois jusqu’à la dévotion.


Alors que nous déambulions parmi les œuvres indiennes, un groupe compact déboula soudain. La troupe bruissait de mille chuchotements, prise de mouvements pareils à celui d’une colonie d’étourneaux en vol, signe manifeste d’une petite foule en émoi. 

Nous crûmes tout d’abord à une banale visite guidée. Mais fûmes aussitôt détrompés. « C’est Philippe Mons », entendîmes-nous murmurer. « Oui, oui c’est lui… », « Oh c’est bien lui ! ». Diantre ! Et à chaque exclamation le groupe des suiveurs croissait et croassait jusqu’à la limite de l’apoplexie.


Le maître, un petit bonhomme au crâne glabre arborant sur le torse un gros médaillon (son troisième œil sans doute), était un septuagénaire bien mûr (on ne dit plus ‘vieux’). Faussement indifférent à cette agitation causée par sa simple présence, sonotone arrimé à l’oreille il trimballait ainsi la troupe extasiée de ses admirateurs d’œuvre en œuvre, lâchant un mot ultime ici, une remarque essentielle là. Parole aussitôt bue par les dévots. Parmi les mieux lotis de cette cour, une indienne à la plastique avantageuse en minijupe. Et autour de ce centre (axis mundi), le cercle étroit des « intimes », tâchant de faire au mieux écran à la plèbe.



Demeurés à une distance de sécurité honnête, nous laissâmes ainsi passer le cortège du co-fondateur, en 1969, du SMAK (Signalétique Marginal d’Art Circonstanciel et kaléidoscopique) et accessoirement maître yogi, et attendîmes que s’estompent ces ronds dans l’onde du néant avant de poursuivre notre odyssée. 


C’est de la sorte que nous reprîmes nos pérégrinations oisives, conservant au coin d’œil une pensée émue pour le principe bouddhiste de l’impermanence. 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire