25 sept. 2021

Nostalgie ou réminiscences. Fragments d’Egypte …

Karnac (photo par Axel)


Relisant de vieux textes, à secouer la poussière des souvenirs. C’était fin mars 1996. Il y a 25 années déjà ! 

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Fragments d’Egypte.

Louxor par force des choses – avarie mécanique. Fatigués mais
curieux. Magie indolente, sereine sous un soleil crépusculaire qui embrase le désert. Le soir tombe si vite… Dans le bus. Population d’un autre âge qui longe les pistes approximatives. Un joyeux bric-à-brac. La nuit nous avale ; les phares font aux mules des regards de fauves – effarés. 

Le bateau, écrasés de sommeil. 

Réveil au paradis ! 

Le Nil. Jaune, vert, bleu… Couleurs des dieux anciens. Des felouques en désordre plantées sur l’eau à l’approche d’Assouan.

L’obélisque inachevé ne laissera pas un souvenir impérissable. Non… Mais les marchands qui se font pressants !

Temple de Philae, dédié à Isis. Des prêtres rasés, épilés, longent les murs tels des spectres anachroniques. La pierre nous conte l’épopée des peuples mystérieux de la lagune.

Sur la rive des morts un village Nubien, arrangé pour les passages de touristes. La meule et l’enfant… Oublions cette mise en scène et retournons à Assouan qui s’étire le long de la rive orientale du fleuve mythique.



Il est quatre heures du matin et nos phares fixent le sud pour embrasser la frontière du Soudan. Trois longues heures de morne sable. Quelques caravanes et d’incertains mirages pour secouer ma torpeur. Contemplation du vide. Les chameliers viennent de l’autre coté de la frontière, car là bas le commerce est moins prospère qu’ici. C’est dire. A proximité du lac Nasser une colonie de pélicans blancs se repose.     

Abû Sim Bel. Regard fracassé. Majesté indifférente qui en impose.

Mausolée de l’Agha Khan : aucun autre intérêt que la vue sur Assouan. Pourtant vu d’en face la saignée dans la colline intrigue.  Les hypogées des princes d’Eléphantine… Deux traits de poussière, suspendus au dessus des jardins tropicaux de Lord Kitchener d’où s’échappent des effluves de tam-tam. Un nuage d’aigrettes aussi. Le regard des jeunes femmes se fait plus ardent. 


Des felouques, sur le Nil à Assouan (Photo par Axel)

Le soleil s’est abattu, oblique sur les colonnes d’un temple ambigu ; double sanctuaire dont la partie septentrionale se trouve dédiée au faucon Haroeris, Horus l’ancien. Quant à la partie méridionale, c’est la demeure de Sobek, le dieu crocodile. Le soir s’étire. Kom Ombo s’embrase.


Temple de Kom Ombo (photo par Axel)

Plus tard, le temple d’Edfou, plus récent. Traversée d’une ville sordide dans une calèche à touriste… Je regrette la beauté paisible d’Assouan.

Temple de Louxor. Souillé par l’urbanisme ; des bus qui apparaissent entre les colonnes. La nuit s’installe, et dans l’enceinte du ‘harem du sud’ la magie demeure. Ramsès II, vêtu de granit noir, scrute le visiteur d’un œil étrange… Perceur d’âme !

Dans le temple de Karnak, maison d’Amon Rê ; la plus vénérée des places – Ipet Sout – Je voudrais saisir les l’ésotérisme des pierres ! Et lorsque le regard s’élève le long des colonnes de la grande salle hypostyle, l’homme se trouve enclin à la prostration ; non pas devant les dieux mais devant lui-même…

Thèbes ouest. La vallée des rois. Les couleurs d’un parcours initiatique dans l’au-delà. Vaincre le temps ! Humaine obsession. L’enfer c’est dehors ! …

Thèbes ouest. La vallée des rois. Les couleurs d’un parcours initiatique dans l’au-delà. Vaincre le temps ! Humaine obsession. L’enfer c’est dehors ! …
Deir El Bahari est la demeure d’Hatshepsout… Impressionnant de loin. Légèrement oppressant de près lorsque l’on sait que des fanatiques armés ont dégringolés ici de la montagne pour assouvir leur envie de carnage ; qu’il y a aucune échappatoire possible. 
Puis les colosses de Memnon. C’est très étrange que de les voir là, inutiles vigies posées le long de la route – c’est plutôt la route qui est venue à eux – Je me prends à rêver écouter leur chant mystérieux. Un monde magique révolu… 

Les colosses de Memnon (photo par Axel)


Dernier regard sur le fleuve ; ce Nil noir qui irrigue mes sens… J’ai rendez-vous avec le froid, la bruine, la trivialité : sans décadence point de phœnix imaginable. 

Extrait d’un poème Egyptien d’époque pharaonique : 
« Ton amour est dans ma chair comme le roseau est dans les bras du vent ». 

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