Située sur la petite côte, à 80 km environ au sud de Dakar, la lagune de la Somone, du nom de la rivière l’ayant formée est un refuge privilégié pour les oiseaux. Aussi l’amoureux de la gent avienne qui aura la chance d’établir sa villégiature
estivale juste face à son embouchure aura-t-il tendance à avoir souvent les yeux dans les nuages pour admirer les vols de cormorans, de sternes ou de pélicans blancs, véritables bombardiers
emplumés du ciel.
Passant,
ajoutons que parmi les hôtels situés aux alentours de la Lagune, le meilleur choix se trouve sans conteste être le Royal Baobab aux cases pieds dans l’eau et
jouxtant véritablement ce sanctuaire d’oiseaux – mais pas seulement. Avec son restaurant panoramique planté contre la langue de sable venant presser le courant de la Somone il est loisible aux
rêveurs d’admirer jusqu’à plus soif la mer faire et défaire le paysage selon les marées (mais rien n’interdit de conserver un œil sur son assiette) ; et, lorsque la mer s’est retiré, se perdre
dans la contemplation de larges bandes de sable découvertes par les flots, reposoir pour les courlis, les huîtriers pie et autres infatigables arpenteurs de rivages.
La lagune
La lagune en-elle même, classée réserve naturelle et couvrant une superficie de 7000 ha se révèle être un dédale végétal, criblé d’immenses espaces d’eau peu
profonde. C’est là, dans la mangrove, parmi les palétuviers aux pieds plantés dans le sel marin, que nichent les aigrettes et les hérons par milliers. A marée basse, le meilleur moment pour
visiter les lieux, s’y découvrent de vastes espaces de sable ou se regroupent sternes caugek et royales, pélicans et autres limicoles, tandis que dans le treillis végétal s’activent diverses
espèces de passereaux. Mais les oiseaux ne sont pas les seuls habitants des marais maritimes. Y vivent également diverses sortes de mammifères, tel le chacal et y prospèrent cohortes de crabes ;
parmi elles le fameux crabe violoniste, dont le mâle arbore une monstrueuse pince, attribut dont l’a doté la nature pour se débarrasser de ses adversaires lors des parades nuptiales et qui
grouille en bandes immenses sur le sable et dans les fouillis de la végétation. Parfois il arrive, au détour d’un sentier tapissé de coquillages, de faire fuir un varan, dérangé dans sa sieste
méridienne, ou encore croiser les pinces de l’un de ces gros crabes bleus au tempérament agressifs, occupés à dévorer vifs leurs congénères plus petits qu’eux.
Si la lagune peut ordinairement se découvrir en bateau voire en
calèche, il est loisible également de s’y aventurer à pied. A cet effet, pour une première approche, il est possible d’emprunter un petit sentier de découverte écologique qui y serpente fort
agréablement, au ras de l’eau, jusqu’à un observatoire situé en surplomb des palétuviers (voir localisation en bas de ce billet). C’est là, près d’une petite mare, que nous avons pu observer ces
étranges créatures au grand œil jaune et au cri perçant, de l'œdicnème du Sénégal.
Guide ornithologique
Outre les espèces communes - répandues et bien représentées – aux rivages européens, et français en particulier, tel le héron cendré ou le grand cormoran, pour identifier les espèces
locales ou migratrices, il n’est pas inutile d’emporter un guide ornithologique. En la matière la référence incontournable est le « Guide des oiseaux de l’Afrique de l’ouest » sorti chez Delachaux et Niestlé, éditeur de référence chez les amateurs de nature.
Ce guide, fort bon au demeurant, a ses avantages et ses inconvénients.
Côté inconvénient, tout d’abord sa taille et son poids (plus grand format que le « Guide Ornitho » pourtant déjà
pas mal en la matière – voir à ce propos les photos en fin de billet pour se donner une idée). Ensuite, ce qui m’a semblé le plus gênant à l’usage est la séparation des cartes de répartition des
espèces avec les illustrations d’oiseaux et descriptions (voir photos), avec parfois plusieurs pages séparant les unes des autres. Enfin, parfois les espèces sont regroupées dans le livre de
manière contrintuitive (mais c’est plutôt rare, fort heureusement – exemple pour les sternes ou une planche en décrit 3 espèces avant de passer aux mouettes, tandis que reste des sternes reprends
deux planches plus loin).
Pour le reste c’est un guide excellent et exhaustif, dans la lignée des guides des oiseaux d’Europe parus chez le même
éditeur (à mille lieues donc de cet affreux guide « Mexican birds » déjà évoqué sur cet espace). Les
illustrations sont de qualité et les descriptions largement suffisantes pour une bonne aide à l’identification des espèces observées.
C’est donc un guide que l’on peut conseiller sans problème, ce qui tombe plutôt bien puisque qu’à la vérité c’est
pratiquement le seul en langue française (il existe quelques guides en anglais, tel le « Birds
of Senegal and the Gambia » ou encore le « Birds of Western and Central
Africa », mais qui ne m’ont pas l’air mieux conçus - plutôt moins bien même - au vu des illustrations vues sur la toile).
Déambulations sénégalaises
En matière ornithologique, comme en bien d’autres domaines, se projeter dans un pays inconnu, sous une latitude éloignée de nos bases, c’est se confronter à des expériences singulières.
En matière ornithologique, comme en bien d’autres domaines, se projeter dans un pays inconnu, sous une latitude éloignée de nos bases, c’est se confronter à des expériences singulières.
Ainsi le premier jour au réveil, à la vue dans un arbre juste au dessus de ma case non pas d’un mais de trois milan
noirs, espèce plutôt rare dans nos contrées – en particulier dans le nord de la France. Perchés, impassibles à mon approche, semblant même poser pour l’objectif. Puis, pas très loin, un autre
individu en vol. Et l’après-midi une cohorte tourbillonnante au bord de mer, allant houspiller les sternes pour leur voler leur butin, certains rapaces passant parfois juste quelques mètres
au-dessus de la piscine ou nous nous ébrouons, laissant dans leurs sillages ce cri en forme de plainte, désormais si caractéristique à mes oreilles.
Ensuite il y a le tisserin gendarme qui ici pullule davantage que le moineau domestique. Ravageur de culture et
intelligent, je l’ai rencontré également lors de ma première sortie au jour, à dire vrai peu avant les milans noirs haut perché. Un individu s’activait à chercher pitance dans un palmier situé
juste face à notre case. Stupeur passé je me rendis vite compte de la taille de la colonie de ces infatigables jacasseurs au vu du nombre de nids - si caractéristiques - suspendus aux arbres
alentours. Lorsque j’évoque une espèce particulièrement intelligente, c’est que j’ai remarqué, qu’outre le fait de venir quémander de la nourriture dans le restaurant même, comme le font les
moineaux, si vous jetez un bout de pain au tisserin ce dernier a, en quelque sorte, la présence d’esprit de l’immobiliser d’une patte pour mieux s’en nourrir.
Les espèces observées ensuite dans mon environnement le plus immédiat furent le Bulbul des jardins, l’amarante du
Sénégal, minuscule passereau tout rouge et un souimanga, identifié comme la variante de Johanna - trop mobile pour être saisi nettement par mon objectif.
En s’aventurant dans le village de La Somone pour rejoindre le sentier de la lagune on pourra aussi croiser aussi le
choucador à longue queue, appelé localement le merle métallique, fier avec son plumage aux reflets bleus-verts, ou encore le corbeau-pie qui, comme son nom l’indique est une sorte d’hybride entre
notre corneille noire et la pie bavarde. Furtifs, dans la frondaison, les plus attentifs pourront rencontrer des passereaux aussi, tels le codon bleu à joues rouge…
De la plage, outre des couchers de soleil d’un rouge surréel, le spectacle des milans se regroupant au dortoir, entre ombres et vagues, est l’un des moments privilégiés de la journée... Prémisses de la nuit et langueurs océanes, tandis que les hommes estompent du paysage.
De la plage, outre des couchers de soleil d’un rouge surréel, le spectacle des milans se regroupant au dortoir, entre ombres et vagues, est l’un des moments privilégiés de la journée... Prémisses de la nuit et langueurs océanes, tandis que les hommes estompent du paysage.
En brousse enfin, d’un vert saisissant en cette époque de saison de pluies, autour d’une carcasse d’un veau on croisera
une cohorte de vautours de différentes espèces, se disputant le nettoyage de la prairie - lorsque ce ne sera pas un cobra au détour d’une ornière.
Le seigneur de cette engeance nécrophage est sans conteste le vautour oricou, qui fort de son envergure de pas loin de
trois mètres est tout à fait apte à se montrer convainquant à marquer sa suprématie. Vient ensuite le vautour africain, bien reconnaissable dans sa livrée à dominante marron, tandis que le
percnoptère d’Egypte et le vautour charognard se contenteront de se servir les dernier en ce banquet fauve.
Mais les meilleures choses ont une fin...
Localisation du sentier écologique de LaSomone
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