« A l’aube, dans la jungle encore opaque de brumes, Stephen et Catherwood avançaient vers Palenque en formation très militaire. En tête, pantalon enroulé au-dessus des bottes, marchait Stephens, accompagné des guides indiens. (…) Puis venait Catherwood, occupé à garder ses lunettes sèches sous le déluge que déversaient à leur passage les feuillages gorgés d’eau. (…)
Dans la luxuriante forêt, des ruisseaux cascadaient entre roches et racines. Des cris d’oiseaux se faisaient écho dans le silence. Le trille délicat du Hilguero au modeste plumage glissait du haut en bas de son registre mélodieux, brusquement interrompu par les jacassements de toucans aux becs immenses et aux ailes noires (…).
Au bout de trois jours ils atteignirent un escarpement difficile. Ayant mis pied à terre et laissé les mulets en arrière, ils prirent sur leur gauche le long du petit rio Otolum qui emplissait la jungle de ses tintements doux. Déjà commençaient à poindre, sous les grands ombrages, des pierres sculptées. (…)
Stephens, dans son impatience, devança toute la colonne, se hissa sur une terrasse de pierre, atteignit le sommet le premier et parvint à la limite du « palais ». palenque était à peine visible dans cet océan verdoyant ; (…) A ses pieds ondulait la plaine où, 1000 ans plus tôt, s’étaient étendus, en damier, les champs de maïs qui avaient nourris les bâtisseurs, puis les habitants de Palenque »
A la recherche des Mayas, Lux, 2011.
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Frederick Catherwood
[1799 - 1854]
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« Les dix premiers jours, cette masse de ruines, victime d’un chaos de 1000 année, fut mesurée, dessinée, explorée. Vent ni pluie, insectes ni chauves-souris ne découragèrent l’équipe. Tous souffraient de manque de sommeil. Parfois, Catherwood s’écroulait sur son chevalet et seuls les tourbillons d’insectes le réveillaient. (…)
Les niguas étaient un autre ennemi. Nos explorateurs étaient bien armés pour les dangers qu’ils avaient prévus, les jaguars rôdeurs, les indiens alliés de l’orage et de la nuit, habiles à tendre des embuscades. Mais qui eût cru qu’ils pourraient être terrassés par des chiques ? (…) niguas, ces horribles chiques qui pénètrent sous les ongles des pieds, se frayent un passage dans la chair, y déposent leurs lentes et se mettent à pulluler. Seuls de larges cautères pouvaient en avoir raison. »
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« Les ruines ne sont pas très étendues, dans la mesure, du moins, où nous avons pu les explorer ; nous avons visité tous les édifices mentionnés par Del Rio et Dufaix. Un carré de un kilomètre de côté environ les contiendrait toutes, mais elles semblent occuper un espace plus vaste, cette fausse impression provenant certainement de la difficulté et du temps nécessaire pour passer de l’une à l’autre en raison de l’extrême densité de la végétation tropicale.
L’édifice à gauche du dessin, appelée le « Palais », est le plus grand et le plus important. La façade principale est orientée à l’est (…). Il forme un rectangle de 70 m de long sur 55 de large et ne dépasse pas 7m60 de hauteur. Une corniche de pierre fait le tour de son périmètre. Il est posé sur une butte de 12 m de haut, de 95 m de long et de 80 m de large »
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