Branchages en majesté ! (photo par Axel) |
« La douceur de l’ombre », est un essai de l’historien
Alain Corbin. Délicatesse de l’érudition en pointillée ; invite aux
songeries sous le couvert d’un bosquet ou à l’abri des branches hautes d’un
arbre séculaire. Le sous-titre, « L’arbre source d’émotions de l’Antiquité
à nos jours », résume bien cet ouvrage inclassable, placé sous le
signe de la conversation, et que l’on prend plaisir à savourer avec une jouissive
lenteur …
Ondulations ... (Photo par Axel) |
L’un des chapitres s’intitule « L’âme des arbres ». On
y apprend qu’avant « que Platon ne traite le sujet, Anaxagore, Démocrite,
Empédocle accordaient aux plantes – donc aux arbres – la sensation (…et que) les
présocratiques nommaient homicides les coups portés aux arbres »
Platon justement, « considère les végétaux comme des animaux
immobilisés ». Aristote s’en distingue, faisant preuve quant à lui « d’une
vue réductrice de la vie végétale. Il prive les plantes de perception, de sensation
de réflexion ». Plus tard, les pères de l’Eglise partageront les vues
du Stagirite. « Ainsi Saint-Augustin ridiculise ceux qui parlent de la
souffrance des plantes ».
Avec Descartes, le végétal « se trouve réduit ‘’ à de simples
forces mécaniques agies par la puissance ouvrière de Dieu’’ ». Comment
s’en étonner ? Il faudra attendre les libertins érudits, inspirés par la
philosophie de la nature de Campanella pour opérer à une « réévaluation
positive de la situation des plantes dans l’échelle des êtres ».
D’autres exemples et considérations fourmillent dans cette promenade à
pas feutrés au pays des arbres. Ainsi, « Novalis évoque l’âme des
arbres » et selon « Châteaubriand et Hugo, la nature entière
participe d’une même vie ». Mais a contrario pour Hegel « l’arbre
n’est qu’un agrégat d’individus. Chacune de ses parties est abandonnée à
elle-même ».
Pour l’anecdote enfin, « selon la Mothe le Vayer, un olivier
mourut pour avoir été planté par une femme de mauvaise vie ».
Solitaire ... (photo par Axel) |