Blogue Axel Evigiran

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La dispersion est, dit-on, l'ennemi des choses bien faites. Et quoi ? Dans ce monde de la spécialisation extrême, de l'utilitaire et du mesurable à outrance y aurait-il quelque mal à se perdre dans les labyrinthes de l'esprit dilettante ?


A la vérité, rien n’est plus savoureux que de muser parmi les sables du farniente, sans autre esprit que la propension au butinage, la légèreté sans objet prédéterminé.

Broutilles essentielles. Ratages propices aux heures languides...


26 juin 2023

L’âme des arbres

 

Branchages en majesté ! (photo par Axel)

« La douceur de l’ombre », est un essai de l’historien Alain Corbin. Délicatesse de l’érudition en pointillée ; invite aux songeries sous le couvert d’un bosquet ou à l’abri des branches hautes d’un arbre séculaire. Le sous-titre, « L’arbre source d’émotions de l’Antiquité à nos jours », résume bien cet ouvrage inclassable, placé sous le signe de la conversation, et que l’on prend plaisir à savourer avec une jouissive lenteur …

 

Ondulations ... (Photo par Axel)

L’un des chapitres s’intitule « L’âme des arbres ». On y apprend qu’avant « que Platon ne traite le sujet, Anaxagore, Démocrite, Empédocle accordaient aux plantes – donc aux arbres – la sensation (…et que) les présocratiques nommaient homicides les coups portés aux arbres »

Platon justement, « considère les végétaux comme des animaux immobilisés ». Aristote s’en distingue, faisant preuve quant à lui « d’une vue réductrice de la vie végétale. Il prive les plantes de perception, de sensation de réflexion ». Plus tard, les pères de l’Eglise partageront les vues du Stagirite. « Ainsi Saint-Augustin ridiculise ceux qui parlent de la souffrance des plantes ».

Avec Descartes, le végétal « se trouve réduit ‘’ à de simples forces mécaniques agies par la puissance ouvrière de Dieu’’ ». Comment s’en étonner ? Il faudra attendre les libertins érudits, inspirés par la philosophie de la nature de Campanella pour opérer à une « réévaluation positive de la situation des plantes dans l’échelle des êtres ».

 

D’autres exemples et considérations fourmillent dans cette promenade à pas feutrés au pays des arbres. Ainsi, « Novalis évoque l’âme des arbres » et selon « Châteaubriand et Hugo, la nature entière participe d’une même vie ». Mais a contrario pour Hegel « l’arbre n’est qu’un agrégat d’individus. Chacune de ses parties est abandonnée à elle-même ».

 

Pour l’anecdote enfin, « selon la Mothe le Vayer, un olivier mourut pour avoir été planté par une femme de mauvaise vie ».

Solitaire ... (photo par Axel)