Blogue Axel Evigiran

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La dispersion est, dit-on, l'ennemi des choses bien faites. Et quoi ? Dans ce monde de la spécialisation extrême, de l'utilitaire et du mesurable à outrance y aurait-il quelque mal à se perdre dans les labyrinthes de l'esprit dilettante ?


A la vérité, rien n’est plus savoureux que de muser parmi les sables du farniente, sans autre esprit que la propension au butinage, la légèreté sans objet prédéterminé.

Broutilles essentielles. Ratages propices aux heures languides...


13 sept. 2014

Le déni de réel par Clément Rosset - Pathologies du monde comme il va....


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Cette citation tirée de l'avant propos du "Réel et son double" de Clément Rosset, ne pouvait pas mieux tomber en cette période de troubles :

"  Le réel n'est admis que sous certaines conditions et seulement jusqu'à un certain point : s'il abuse et se montre déplaisant, la tolérance est suspendue. Un arrêt de perception met alors la conscience à l'abri du spectacle indésirable. Quant au réel, s'il insiste et tient absolument à être perçu, il pourra toujours aller se faire voir ailleurs .
Ce refus du réel peut revêtir des formes naturellement variées. La réalité peut être refusée radicalement, considérée purement et simplement comme non-être : 'Ceci - que je crois percevoir - n'est pas'. Les techniques au service d'une telle négation radicale sont d'ailleurs elles-mêmes très diverses
(...)
Je peux également supprimer le réel à moindre frais, m'accordant la vie sauve au prix d'un effondrement mental : formule de la folie, très sure aussi, mais qui n'est pas à la portée de n'importe qui, comme le rappelle une formule célèbre du docteur Ey : 'N'est pas fou qui veut'  
En échange de la perte de mon équilibre mental, j'obtiendrai une protection plus ou moins efficace à l'égard du réel : éloignement provisoire dans le cas du refoulement décrit par Freud
(...)
Je peux enfin, sans rien sacrifier de ma lucidité, décider de ne pas voir un réel dont je reconnais par ailleurs l'existence : attitude d'aveuglement volontaire, que symbolise le geste d'Oedipe se crevant les yeux, à la fin d’Oedipe roi...".

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Ce passage est littéralement à double entrée. 

Plus je le retourne dans ma tête, plus un sentiment d'évidence s'impose à moi...
Et de constater qu'en cette période de grand chaos, Clément Rosset m'est d'un bien meilleur secours que tous les traités de sagesses ou que même les profondeurs stoïciennes et lyriques d'un Sénèque. 

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