La dispersion est, dit-on, l'ennemi des choses bien faites. Et quoi ? Dans ce monde de la spécialisation extrême, de l'utilitaire et du mesurable à outrance y aurait-il quelque mal à se perdre dans les labyrinthes de l'esprit dilettante ?
A la vérité, rien n’est plus savoureux que de muser parmi les sables du farniente, sans autre esprit que la propension au butinage, la légèreté sans objet prédéterminé.
Broutilles essentielles. Ratages propices aux heures languides...
La question du nu, que ce soit dans la statuaire grecque ou bien dans le dessin…
Vénus de Milo
L’affaire du nu je m’y étais intéressé il y a quelques années dans un petit livre, " De l’essence ou du nu " que j’avais rebaptisé ensuite " Le nu, l’impossible ", parce que comme on dit en politique c’était illisible, donc lorsque on voit qu’un titre ne sonne pas on le retire. Mais c’est bien effectivement cette question, c’est cela qui était en jeu : de l’essence ou du nu. Parce qu’il me semble que le nu, première distinction, le nu ce n’est pas le dénudé. Le nu, je dirai c’est l’inverse. C’est une chose finalement très singulière que le nu en art, et dont je pense que je distingue mieux la singularité si je passe par la Chine où la figuration du nu ne s’est pas développée. Là il y a un écart qui est constatable.
Il n’y a pas un musée, une place publique en Europe qui n’ait pas une statue de nu, et les églises qui sont (…) figurer les christs nus. Qu’est-ce que c’est que le nu ? Ce n’est pas dénudé. Nu c’est représenter la forme du corps. Et le nu c’est cette chose étrange dans l’art Européen, qui entre le désir de la chair, et la pudeur de la nudité - ces deux opposés -, a quasiment neutralisé et l’un et l’autre en instaurant un plan du beau. Il y a une conjonction forte entre le nu et le beau, et que fait que même encore aujourd’hui, pour s’exercer au beau, on figure du nu. Les écoles des beaux-arts en sont encore là. Avant les grecs déjà, mais les grecs ont produits cette articulation entre le nu et le beau, et on n’en est pas sorti. Le christianisme qui avait une toute vision du corps que les grecs a dû passer par là. Adam et Eve, Pieta, Jugement dernier : le nu. Dürer, qui s’inscrit dans une toute tradition que celle de l’Italie, doit passer par le nu. Et ce n’est pas seulement la sculpture, dans la sculpture de jeunes hommes, les Kouroï des grecs, après sculpture du corps féminin, ce n’est pas seulement la peinture, mais c’est aussi la photographie. Donc quelque chose qui a été vraiment tradition au sens où, d’époque en époque, d’un médium à un autre, le nu n’a cessé de travailler l’histoire de l’art en Europe. Là c’est du constat, tournez-vous en Chine, il n’y a pas de nu dans l’art chinois (…). Je pense que l’absence du nu en Chine nous fait réfléchir sur les conditions de possibilités du nu dans l’art occidental. Alors il y aurait effectivement une conjonction entre le nu et le beau. Donc que c’est à travers le nu que les européen se sont exercés au beau. Pourquoi ? Parce que le nu (…), parce que le nu fait intervenir d’abord la forme, fait intervenir la modélisation, vous savez comment la figure et celle du nu n’a cessée d’être travaillée selon son devoir être, la beauté canon, c’est-à-dire, l’idéal de la beauté, et que le nu répond au fond à une question qui est une question ontologique : qu’est-ce que l’homme ? Il y a un texte qui pour cela est évocateur, c’est la fameuse méditation de Descartes, où Descartes nous raconte que les hommes sont des morceaux de cire : je prend un morceau de cire, si je cogne il rend un son, il a une certaine couleur, une certaine odeur, si je l’approche du feu il devient tout autre chose. Et c’est là que Descartes appréhende la leçon de ce qu’est la chose en soi, res extansa, la chose étendue. Mais d’une grande partie de cette cire, qui d’abord lascive, opaque, devient fluide et qui perd sa forme, il dit " tanquam vestibus detractis nudam considero ", il la considère comme si elle avait enlevée ses vêtements, il dit " Nudam considero " ; il la considère nue. Cela veut dire dans son essence. Et je crois que la figuration du nu en Europe, d’abord chez les Grecs, a répondu à une question : qu’est-ce que l’homme ? Tis o’ Anthropos. Qu’est-ce que l’homme, en tant que tel ? Quand je lui enlève ses qualités secondes pour ne garder que ce qu’il est dans son essence. En soi. Qu’est-ce que l’homme en soi répond à la question qu’on trouve dans le Théétète de Platon.
Jean-Jacques Henner, La femme au divan noir
Et bien c’est une question que je n’ai jamais vue posée par un penseur chinois. Je ne serai pas allé en Chine j’aurai cru que qu’est-ce que l’homme ? est une question universelle, qu’on ne pouvait pas ne pas se poser. Je parle du thème du Théétète pour la raison suivante : il dit " je ne te demande pas quel est mon ami, ce n’est pas mon père, mon ami, la question c’est qu’est-ce que l’homme en tant que tel ? ". Or justement dans la pensée chinoise c’est toujours l’homme dans telle ou telle situation. Ce n’est pas l’homme en tant quel tel, c’est toujours mon père, mon fils, mon épouse, mon prince ; c’est toujours dans une relation. Or je crois que le nu dans l’art a consisté à retirer ce qui était détermination seconde pour isoler ce qui est détermination essentielle. Si je me tourne vers la peinture chinoise on figure toujours l’homme vêtu. Et non seulement la figure est vêtue, mais vêtue en fonction de la classe à laquelle elle appartient, l’époque qui est la sienne. Bref, on ne peut pas l’isoler de son contexte, au contraire on figure l’homme dans ses relations ; relations sociales, relations d’époque. Alors que le nu dans l’art, au contraire abstrait. Ce qui importe c’est que le nu est une figuration qui abstrait l’homme en n’en gardant que ce qui serait l’essence, et en le dépouillant de tout ce qui en serait qualité seconde. En plus il y a ce fait qu’on peut croire le nu naturaliste. Je crois que c’est le contraire. Puisque seul l’homme peut être nu. Donc vous peignez un nu dans un paysage, comme un paysage de Poussin, vous isolez l’homme : au lieu de l’intégrer dans le paysage vous l’isolez, alors que tout ce que nous dit la peinture chinoise, je parle des traités de peinture, on vous dit figurez – on ne dit pas l’homme - les êtres vivants en corrélation avec le paysage, tournés vers le paysage, en dialogue avec le paysage ; figurez la personne en dialogue avec la montagne : la montagne le regarde et lui regarde la montagne, dans une sorte de correspondance entre eux. Donc je crois qu’il y a quelque chose de très abstrait, qui va donc de pair avec la philosophie grecque qui est d’isoler l’être humain, couper tous les rapports, l’abstraire pour répondre à la question, qu’est-ce l’homme ? (…).
Peindre le nu c’est peindre une essence : Rodin hésitant pour savoir s’il figurait Balzac nu ou vêtu, ou Canova pour Napoléon. Figurer Napoléon nu ça signifie délaisser le Napoléon contingent, historique, pour figurer Napoléon comme étant incarnant le courage, l’héroïsme, etc. Une essence. C’est pourquoi la mythologie a tant favorisée le nu. Parce que la mythologie voulant figurer des essences, elle a figurée la vérité nue pour reprendre le tableau bien connu. Donc je crois qu’il y a quelque chose d’essentiel qui est que le nu est au fond une opération très singulière dans l’art. D’abstraction : entre le désir et la pudeur. Neutraliser et l’un et l’autre. Presque… Presque neutraliser et l’un et l’autre, de façon à instaurer un plan de la forme pure, modalisée, idéale dont on approche par la géométrie. Vous savez à quel point était l’acharnement des peintres, des sculpteurs, avec le rapporteur et le compas, pour trouver la juste proportion, par exemple l’écartement entre les seins, ou le rapport entre la tête et le tronc. Tout ce qui a été donc de calcul mathématique pour trouver la forme la plus juste, la plus pure. Tout cela relève donc de la modélisation, de l’abstraction. Et puis le nu immobilise. Vous n’avez jamais de nu au cinéma. Vous avez des corps dénudés. Pour qu’il y ait nu il faut qu’il ait arrêt sur image. Qu’il y ait donc immobilisation pour faire apparaître l’essence de la chose. Il n’y a pas de nu au cinéma parce que le cinéma c’est justement la transformation. Alors à partir de là l’affaire du nu est ( ?) de toutes les façons ; les stoïciens ont pensé le nu dans le rapport des parties du tout. C’était le choix du penser à coté. Et c’est vrai qu’il y a tout une ( ?) en Europe sur le nu comme façon de saisir la totalité. Parce que le corps humain, c’est les parties. Et en même temps chaque partie est dépendante des autres. Ce qui fait qu’un nu est beau, c’est quand toutes les parties sont intégrées dans une forme unique. (…). La question importante porte donc sur ce rapport, parties – tout, et fait que la beauté se saisit dans la mesure où les parties sont totalement intégrées dans un tout. C’est la grande difficulté de ceux qui s’exercent à peindre des nus, de faire qu’entre les parties et le tout ce ne soit plus distinguable. C’est-à-dire que l’intégration soit telle que tout s’insère dans l’unité de la figuration dans son ensemble. Par rapport à ça, si on se tourne en Chine, on comprend pourquoi cette absence de nu. Les peintres chinois n’avaient aucun intérêt à figurer des nus. Pourquoi cela ne leur est pas venu à l’esprit de figurer des nus, c’est parce que suppose la figuration du nu, à savoir l’idée de modélisation, l’idée d’arrêt, l’immobilisation, la question de l’essence, de l’être même de la chose, pour eux ne se posant pas – et puis en plus l’idée du corps. Parce que nous avons conçu le corps sur un mode perceptif physique : on sait que le corps pour les chinois c’est un sac d’énergies – donc ils avaient tout autre chose à figurer que la forme même.
GODWARD John William - Girl in a Yellow Drape (1901)
Billet initial du 14 septembre 2012 (Billet initial supprimé de la plateforme overblog, infestée désormais de publicité)
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Sur le haut de la plage, et parfois même entre les parasols au beau milieu des grappes de touristes affalés sur leurs transats, se trouvent plantées de singulières installations : trois ou quatre piquets reliés entre eux par une ficelle et agrémentés d’une petite pancarte, couverte d’inscriptions manuscrites.
Ce sont là des nids de tortues marines.
Dans notre imaginaire teinté de romantisme, nous pensions ces créatures antédiluviennes se rendre en des lieux égarés loin du fracas de la civilisation pour se délivrer du fruit de leurs amours. Mais d’évidence c’est là une seconde naïveté de notre part, les fidèles reptiles venant sans l’ombre d’un doute nidifier dans cette zone nommée Playa Aventuras, la seconde en importance au Mexique, bien avant que le premier hôtel ne vienne planter ses banderilles en terres mexicaines.
Situation ambiguë de l’observateur à qui l’on a passé au poignet un bracelet « all inclusive ». Contradiction qu’il faut bien assumer, et que l’on surmonte d’autant mieux au soleil, un verre de pina colada en main. C’est pourquoi assortir un complexe hôtelier, placé en pareil endroit, d’une fondation écologique soulage au fond tout le monde. Personne n’est dupe : c’est là le supplément d’âme d’un capitalisme qu’il est convenu d’appeler éco-responsable. Mais convenons-en : cela a au moins le mérite d’exister. En l’occurrence, l’officine locale, dénommée Eco-bahia assure différentes missions, dont la protection d’une zone d’environ 1,5km de la plage de ponte qui s’étend bien au-delà de ce périmètre, pour ce dont nous avons pu nous rendre compte.
Ici deux espèces de tortues viennent déposer leurs œufs. D’une part la tortue Cacouanne (Caretta caretta), encore dénommée grièche (taille moyenne 1,10 m pour 105 kg) et, d’autre part, plus commune sur le site, la tortue verte (Chelonya mydas) dont le nom provient d’un régime alimentaire à base d’algues teintant sa graisse de ladite couleur (taille moyenne 1,2 m pour 130 kg – certains individus pouvant atteindre 300 kg et 1,5m de taille).
Lors de la saison de ponte, c’est nuit venue qu’il est possible d’assister à ce singulier cérémoniel et apercevoir les femelles s’extraire pesamment de l’eau, puis, après avoir laissé une trace faisant songer à une grosse empreinte de pneu de tracteur, s’exténuer à creuser le sable sur toute leur hauteur avant de forer de leurs pattes arrières un puit pour y déposer leurs œufs.
C’est de la sorte qu’un soir, alors que nous revenions par la plage d’un restaurant éloigné de nos quartiers, cherchant par principe et par jeu la trace du passage de l’une de ces tortues, animés par une espèce d’incrédulité somme toute irrationnelle - du moins en ce qui me concerne, ce genre de rencontre se situant dans mon esprit au-delà du concevable -, nous aperçûmes un attroupement de quelques personnes juste sur le sortir vers notre logement. Un bénévole de la fondation supervisait les opérations, s’assurant de la quiétude de la pondeuse qui, visiblement, était indifférente à ces étranges mammifères postés avec révérence à moins de deux mètres de sa carapace. Un clair de demi-lune éclairait faiblement la scène. Et ce fut le choc d’une vision saisissante, entrecoupée par la course des nuages. Car c’était là un instant magique, suspendu aux efforts de la bête, efforts si considérables dictés par l’instinct le plus impérieux, et qui lui faisait entamer le sable, le rejetant ensuite par pelleté sur nos pieds. Parfois nous percevions son souffle rauque, saccadé, et nous nous sentions humble, en profonde empathie avec cette manifestation la plus abrupte du vouloir aveugle de la vie. Ce sentiment de sourde admiration qui nous étreignait alors se résume parfaitement par cette phrase, pourtant si banale en ses contours, mais si lourde de sens et que j’entendis de la bouche de mon voisin : « La nature est quand même bien faite » ! Il avait raison. Du point de vue de la tortue, il avait parfaitement raison.
Mais nous n’en avions pas fini de nos surprises.
Peu de jours après, en plein midi, nous vîmes courir muni d’un seau le préposé diurne à la tranquillité des tortues. Ce qui ne manqua point d’alerter la vigie à mes côtés, qui aussitôt m’exhorta d’abandonner ma lecture estivale pour me ruer sus au nid équipé de mon appareil photo. Quoi de plus incongru, à une heure sans ombre ; lorsque les iguanes se figent. Et pourtant je m’exécutai. Assez vite pour apercevoir l’ébullition sous le sable. Les minuscules tortues par grappes jaillissaient nerveuses, tendues vers un seul but, animées de cette force implacable de la nature, cette tension pour la vie consciente de la voracité de la mort. Et nous regardions dans toutes les langues de la plage ce merveilleux spectacle, tandis que le bénévole collectait ces naufragées de la coquille au fur et à mesure qu’elles se tournaient vers la mer des caraïbes. Cela dura un bon moment, jusqu’à ce que les dernières rescapées paraissent au jour, et que soit creusé par main humaine le puit de ponte, afin de s’assurer de ne qu’il ne demeura pas d’infortunées prisonnières sous le sable. Si les tortues à peines extirpées de l’œuf sont ainsi collectées, c’est tout d’abord pour leur éviter la prédation diurne, entre autre des frégates et des iguanes. C’est aussi pour les préserver de la gène occasionnée par les touristes, pas toujours d’une délicatesse et d’un tempérament exemplaires. Enfin, ce passage par la nurserie permet à la fondation le recueil des données scientifiques, avant de relâcher leurs pensionnaires nuitamment.
Les choses hélas ne passent pas toujours de manière aussi idylliques que celles que je viens de décrire, et souvent les œufs ne sont pas fécondés, ou il y a peu de survivants (avons assisté à une éclosion ou il n’y avait, sur tout un nid, que deux tortues viables).
Et si je devais résumer le sentiment qui dominait alors, parmi les quelques privilégiés qui eurent le courage ou la curiosité d’assister à cette éclosion, je dirai que c’était une sorte d’empathie, mêlée d’un attendrissement émerveillé, état d’esprit pouvant apparaître un peu mièvre à qui n’a jamais fait ce genre singulier d’expérience.
En guise de conclusion, pour qui aurait l’idée de s’échouer en ces rivages, il est à noter que si les tortues marines viennent pondre sur la plage du Grand Bahia Principle, c’est qu’à quelques criques de là, à environ 45 mn de marche au sud, passant par un amoncellement de caillasse que notre chêne parlant préféré effleura de son pied souple sans moindre difficulté, il est possible de nager en leur compagnie, par peu de profondeur.
Un tuba et des lunettes y suffisent, pour peu de venir assez tôt, ceci pour éviter qu’une horde de pingouin ne vienne transformer un paradis en piscine municipale.
En ce qui nous concerne, levés avec le jour, ce fut stupeur - et incrédulité encore - de découvrir, d’un coup, juste sous nos brasses, ces massives carapaces muées en danseuses ! A les toucher presque… le cou étiré parfois pour reprendre une goulée d’air.
Avec en prime un pélican qui faillit m’estourbir, alors que de retour vers le rivage je perçais un banc de poissons minuscules.
C’est sous un ciel brouillé,
comme il se doit, que sous les voûtes du printemps timoré nous nous rendîmes en
les ruines épuisées de Bagacum, cité trépassée depuis plus de 1500 ans.
Malgré certaines brochures enthousiastes, disons-le
net, les vestiges sont ici insaisissable à l’œil profane – du moins au visiteur
habitué à des site plus considérables ou spectaculaires. Et il faut la
subtilité du regard et une imagination fertile pour se risquer à reconstituer
ce que put être cette capitale d’une civitas romaine à son apogée, au troisième
siècle de notre ère. Aussi une visite préliminaire du musée implanté aux abords
du forum antique, en plein cœur de la ville moderne de Bavay, s’impose-t-elle.
Outre les agencements, fresques explicatives et artéfacts formant l’une des
plus importantes collections de bronzes figurés du Nord de la Gaule, le
visiteur pourra se faire une idée plus précise de ce que fut le chef-lieu des
Nerviens, peuple belge devenu gallo-romain, comme tant d’autres, après les
conquêtes de César. Se découvrira de même, au travers d’un film 3D, sorte de
visite guidée fort bien menée, ce que fut le forum de Bagacum, de ses prémisses,
au Haut-Empire à l’époque Flavienne, à sa fortification dans le mitan du IIIe
siècle, sous la menace des invasions barbares.
Inutile de préciser, sauf à vouloir passer au
travers l’essentiel, que la visite guidée du site s’impose ensuite. Car à
Bagacum la parcimonie incite à l’attention. Et sans le verbe éclairé des
passionnés ou érudits de l’antique cité, la marche sous les voutes ouvertes du
crypto-portique risque de s’avérer déceptive, faute de clés pour saisir toute
la richesse des lieux.
Pour le déroulé en détail de l’émergence de Bagacum ;
de son apogée à son essoufflement jusqu’au trépas, je renvoie à la liste de
sources trouvées sur la toile en fin de ce billet. Et donc de me contenter de
quelques bribes choisies, à la manière de vestiges mentaux justes effleurés... Déjà
échappés.
Bagacum fut ainsi implanté ex-nihilo sans doute
entre 19 et 13 avant l’ère chrétienne, à l’époque d’Auguste. Le choix de l’emplacement
est stratégique : la ville étant en effet placée au cœur d’un nœud routier,
point de convergence de sept voies romaines à vocation tant militaires que
commerciales.
Sur l’étymologie de la cité, les spécialistes ne s’entendent
pas. Dispute en acum (suffixe) et en bagos, mot d’origine celte pour désigner
un hêtre. Le lieu des hêtres donc, ou lieu des combats si on préfère y lire une
racine en Baco, divinité gauloise d’humeur vindicative. Anecdotique essentiel,
sinon existentiel [1].
Quant au forum de Bagacum, le plus grand de Gaule
et qui nous reste en totalité (trois hectares) le début de sa construction est
à situer vers les années 60 à 70 de notre ère, sous les Flaviens (Vespasien,
Titus, Domitien). Il sera achevé à l’époque Séverine (IIIe siècle).
Pour qui le visite, le forum offre le constat de différences
de niveaux (trois pour être précis) : la basilique, l’esplanade, puis pour
atteindre l’espace sacré un escalier à gravir. Il manque aujourd’hui le temple
qui s’y trouvait en son sommet ; pour se donner néanmoins une idée de son
allure, les imaginations fertiles pourront avec profit y transposer d’esprit la
Maison Carrée de Nîmes.
Notons aussi que Tibère visitera la ville encore
inachevée lors de l’un de ses périples, en l’an 4 de l’ère du crucifié. On le
sait, car pour marquer son passage, il était inévitable qu’un notable de la
cité, un certain Cnaeus Lucinius Navos, fasse preuve, si l’on veut, de sens historique sinon d’opportunisme, et se
propose de consacrer une table de couleur cendrée à l’Empereur qui finira une
trentaine d’années plus tard son existence retranché à Capri (pierre détruite
en 1944).
Viendrons ensuite des époques troublées. Des vagues
Piliers de Bagacum (photo par Axel) [Cliquer sur la légende pour l'image en grand format]
successives d’invasions barbares, poussant à remplacer les échoppes de la ligne
du forum par des fortifications ; forteresse dérisoire contre la fatalité.
Car le glas sonnera bientôt, avec la décision du déplacement
de l'administration impériale à Camaracum (cambrai) au début du Ve siècle.
Les ultimes témoignages d'une occupation dans le forum de
Bagacum n’iront pas au-delà des années 430 à 450 ; des corbeaux et
autres oiseaux au manteau noir sans doute…
Et si aujourd’hui l’on peut visiter si
considérables vestiges à Bagacum - ce qui est vivement encouragé -, en regards
de ce que l’on pouvait voir au début du siècle dernier, par une ironie de l’histoire,
on le doit en grande partie aux bombardements de la seconde guerre mondiale,
qui dégagèrent en quelque sorte le terrain, chassant la plèbe du terrain de
fouille, comme le fit un séisme sur les terres de Milet en 1955...
Pour le dire avec le cynisme le plus vulgaire :
Dulcis in fundo [2]
[1] Dispute ontologique :
hêtre / être ; dualité à la yin/yang. Platonisme celtique et je sais quoi
d’autre – le délire peut aller assez loin ; voir se perdre sur les
sentiers fumeux de saturne… Prose évidement à prendre à la rigolade.
[2] Le meilleur est pour la fin (Tiré du dictionnaire des sentences latines et grecques de Renzo Tosi).
Billet initial du 15 janvier 2014 (Billet initial supprimé de la plateforme overblog, infestée désormais de publicité)
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« L’homme croit de préférence ce qu’il désire être vrai »
Francis Bacon (Aphorisme49)
« Loi de la vie académique : il est impossible d’exagérer lorsqu’on flatte ses pairs »
David Lodge
« Si j’étais assez faible que de me laisser surprendre à tes ridicules systèmes sur l’existence fabuleuse de l’être qui rend la religion nécessaire, sous quelle forme me conseillerais-tu de lui offrir un culte ? Voudrais-tu que j’adoptasse les rêveries de Confucius plutôt que les absurdités de Brahmâ ? adorerais-je le grand serpent des nègres, l’astre des péruviens, ou le dieu des armées de Moïse ? à laquelle des sectes de Mahomet voudrais-tu que je me rendisse ? ou quelle hérésie de chrétiens serait selon toi préférable ? »
Marquis de Sade, Dialogue entre un prêtre et un moribond
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Préface de Jean Bricmont
Pour planter le décor, et de se mettre au clair sur le vocabulaire, voici tout d’abord les deux aspects caractérisant le discours scientifique :
- « Un aspect affirmatif, à savoir les assertions faites sur le monde réel par les diverses sciences, à un moment donné de l’histoire.
- Un aspect sceptique, qui consiste à douter de toutes les autres assertions faites sur le monde réel, par qui que ce soit, scientifique ou non scientifique. »
Et Jean Bricmont d’ajouter : « si la science se contentait de faire un certain nombre d’assertions sur le monde réel sans, en même temps, disqualifier "les autres savoirs ", elle ne gênerait personne.»
Principe de Hume
Côté scepticisme raisonné, une méthodologie simple, relevant de la salubrité mentale, fut avancé en son temps par le philosophe David Hume pour démontrer l’irrationalité de la croyance aux miracles. On pourrait résumer la chose ainsi : « quels arguments me donnez-vous pour qu’il soit plus rationnel de croire ce que vous dites plutôt que de supposer que vous vous trompez ou que vous me trompez ? ». Hume considère en effet qu’il faut exiger de l’interlocuteur des preuves de ce qu’il avance, à plus forte raison lorsqu’il s’agit de phénomènes semblant contredire l’expérience immédiate ou les lois de la science. D’autant plus qu’en général il s’agit de propos rapportés.
Au niveau de la méthodologie suivie par Hume, J.Bricmont, propose à titre d’exemples trois propositions.
1) La matière est composée d’atomes.
Dans ce cas, malgré le caractère a priori miraculeux de l’assertion, le sceptique constate que d’une part la technologie permet la reproductibilité de l’expérimentation et que, d’autre part, il y a « adéquation entre une multitudes d’observations et d’expériences et les prédictions déduites des théories scientifiques ».
2) Certaines substances gardent un effet thérapeutique même après avoir été hautement diluées.
Ici, explique J.Bricmont, « pour ce qui est de l’homéopathie et en général les pseudosciences, le problème vient de ce qu’il existe ni technologie ‘visible’ ni test empiriques comparables à ceux qui existent en science (précis, reproductibilité, etc.)(…) et il n’existe aucune étude statistique montrant de façon convaincante que l’efficacité de l’homéopathie dépasse l’effet placebo ». D’où, la légitimité à réclamer des preuves tangibles en faveur de l’homéopathie, d’autant plus qu’il y a conflit direct entre les théories atomiques et les assertions de l’homéopathie.
3) Dieu est amour.
Ici nous sommes confrontés à une assertion de type théologique, « factuelle radicalement non empirique ». Il est à noter que les religions, précise J.Bricmont, « justifient souvent leur assertions par des arguments de type moral » dont on voit mal comment ils pourraient justifier des assertions factuelles. Aussi devant telle affirmation en bon sceptique humien n’est-il pas inutile de se demander : « Pourquoi y croire plutôt que penser que ses adhérents se trompent ou vous trompent ? Quels arguments leurs partisans vous donnent-ils pour répondre à cette objection ? »
Introduction
En liminaire Alan Sokal, physicien et épistémologue américain, pose ce qu’il entend par les principaux vocables qu’il va utiliser, et les limites de leur utilisation :
Science :
« … une vision du monde qui accorde la première place à la raison et à l’observation, et qui vise à acquérir un savoir précis sur le monde naturel et social. Elle se caractérise avant toute chose par l’esprit critique, à savoir l’engagement à soumettre ses assertions à la discussion publique, à en tester systématiquement la validité par l’observation ou l’expérience, et à réviser ou abandonner les théories qui ne résistent pas à cet examen ou à ces tests ».
Postmodernisme :
Terme diffus nous explique l’auteur, recouvrant « une vague constellation d’idées dans des domaines qui s’étendent de l’art et de l’architecture aux sciences sociales et la philosophie », dont on peut définir les points de convergences comme suit :
- Rejet plus ou moins explicite de la tradition rationaliste des Lumières.
- Elaborations théoriques indépendantes de tout test empirique.
- Relativisme cognitif et culturel qui traite les sciences comme des ‘narrations’ ou des constructions sociales parmi d’autres.
Pseudoscience :
Alan Sokal, souligne le flou des frontières entre science et pseudoscience (voir schéma de la page 45 de l’ouvrage). Il cerne cependant le contour de ce mot ainsi :
- Porte sur des phénomènes ou des relations causales, que la science moderne considère à raison comme invraisemblables…
- Tente d’étayer ses affirmations sur des raisonnements ou des preuves qui sont loin de satisfaire aux critères de la science moderne en matière de logique et de validation.
Et le physicien d’ajouter que souvent (mais pas toujours) les pseudosciences iront prétendre être scientifiques, voire chercheront à relier leurs assertions aux découvertes scientifiques d’avant-garde.
[Dans cette direction on trouvera, par exemple, les ‘fantaisies’ des frères Bogdnavov, les élucubrations anti-matérialistes d’un Jean Staune, ou encore les égarements de Trinh Xuan Thuan dans le principe anthropique fort . Dans un autre registre on constatera, par exemple, le rejet en bloc des neurosciences par la psychanalyse, y voyant là un réductionnisme ou un totalitarisme biologisant (1) ]
Passant, Alan Sokal, remarque avoir été frappé que bon nombre de « systèmes pseudoscientifiques sont fondés philosophiquement sur le vitalisme ». Ce point est intéressant et j’y reviendrais dans un prochain billet autour du « vitalisme préhistorique » de Michel Onfray (2).
Suivent trois études de cas où sévissent des postures pseudoscientifiques associées à des discours postmodernistes. L’auteur en fait l’analyse et en expose les rouages (laissant de côté le vaste sujet de la fascination psychologique qu’exercent les pseudosciences) en examinant « les relations logiques et sociologiques entre les pseudosciences et le postmodernisme ».
Pseudoscience et postmodernisme dans la formation paramédicale
Il pourrait paraitre anodin de s’attaquer à de telles supercheries, d’allures inoffensives. Mais il faut savoir, indique Sokal que, « la méthode du toucher thérapeutique est enseignée aux étudiants infirmiers dans plus de 80 écoles et universités d’au moins 70 pays, elle est pratiquée dans au moins 80 hôpitaux américains, et elle est soutenue par d’importantes associations américaines d’infirmières et d’infirmiers. Celle qui l’a mise au point dit avoir formé plus de 47.000 praticiens… ».
On sort donc de l’anecdotique .
Revenons-en, en quelques mots, sur le toucher thérapeutique, une invention du début des années 70 due à l’infirmière Dolorès Krieger et à la théosophe - guérisseuse intuitive Dora Kunz.
En pratique cela consiste pour le thérapeute à concentrer son énergie et à éliminer chez le patient les congestions des champs énergétiques en faisant des passes des mains à quelques centimètres de son corps.
On ne peut être que dubitatif sur la manière dont un tel fatras est reçu et digéré comme vérité scientifique par des gens ayant pourtant un minimum de sens commun. Il n’est qu’à lire :
« Le principe d’hélicie subsume les principes de réciprocité et de synchronie et postule d’autres dimensions explicatives et prédictives pour la théorie des soins infirmiers. Le principe d’hélicie indique que le processus de vie évolue de manière unidirectionnelle en stades séquentiels le long d’une courbe dont la forme demeure globalement la même sur toute sa longueur, mais qui n’est pas située dans un même plan ». Je vous épargne la suite de ce délire qui se termine par une équation - évidemment dénuée du moindre sens mathématique - à mourir de rire (3).
Sokal propose ensuite « d’analyser les textes pseudoscientifiques de soins infirmiers afin d’en extraire les prémisses épistémologiques, implicites la plupart du temps ». Bien que fort intéressant, je n’entrerai pas ici dans le détail de l’étude, ce qui dépasserait largement le cadre de ce modeste billet, me contenant de conclure ce paragraphe par le constat que « finalement, les théoriciens les plus ambitieux de la pseudoscience des soins infirmiers – tels Martha Rogers et ses successeurs – ont érigés des systèmes élaborés sur un brouillard verbal qui rappelle, en moins subtil, celui de Deleuze et Guattari ».
Pseudoscience nationaliste et postmodernisme en Inde
Dans cette étude Alan Sokal, s’adossant notamment sur les travaux de la philosophe et sociologue des sciences Meera Nanda, montre comment, « depuis le début des années 80, les intellectuels de gauche indiens de tendance postmodernes favorisent sans le vouloir l’accession au pouvoir de la droite nationaliste hindoue » , la notion d’ « hindouité » pouvant se définir comme « un mouvement ultra nationaliste et chauvin dont l’objectif est de moderniser l’Inde en rétablissant les racines védiques-hindoues, prétendument pures de la culture indienne ».
Obsédés par les sciences à la manière des créationnistes, les nationalistes hindous, nous explique l’auteur, tentent de conférer à leur bazar idéologique, telle l’astrologie védique, un vernis de scientificité et de profondeur, tout le rattachant à la cosmologie hindoue classique fondée sur le ‘karma’ (justifiant les hiérarchies sociales), prenant bien soin cependant d’écarter et ignorer les aspects de la science moderne qui pourraient venir contredire leur délire – ainsi, par exemple, de la biologie.
Mais l’Hindutva va plus loin que revendiquer la primeur même de l’invention de la science moderne, et cherche à démontrer que « la science « occidentale » est en réalité une version inférieure de la vraie science védique », discours que rend possible les assertions de type posmodernistes, par exemple : « la science moderne se figure arbitrairement qu’elle est seule à détenir le savoir et que ses méthodes sont les seules voies praticables de la connaissance… », ou encore que « la science moderne ne prend pas en compte le savoir accessible par l’introspection et les états de conscience supérieurs que cultivent les traditions spirituelles… » ou que « les conclusions des scientifiques ne correspondent pas à l’identique aux états et aux processus de la réalité objective naturelle… », etc. etc.
Ecologie et histoire postmoderne
Dans cette dernière étude de cas, la plus brève des trois exposées dans l’essai, Sokal étudie la manière dont certains courants écologistes radicaux ont recours, lorsque cela les arrange, à un discours de type postmoderne, ceci pour justifier des présupposés idéologiques que n’étayent pas les données de la science.
Au niveau méthodologique, on à a faire à un relativisme systématique prétendant « que tous les faits prétendus objectifs ne sont rien d’autre que des constructions intellectuelles, et suggère, en somme, qu’il n’y a aucune différence claire entre les faits et la fiction ».
Je ne développe pas plus ici, renvoyant à l’ouvrage pour plus amples informations.
Le scepticisme sélectif du postmodernisme
Le titre de cette section, presque conclusive de l’essai, parle de soi-même.
Je n’en reprendrai qu’un bref passage, lorsque A Sokal spécule sur le motif de la sympathie des postmodernes pour les pseudosciences :
« La méthode scientifique, pour ceux qui l’emploient, joue essentiellement le rôle du filtre qui permet de séparer les propositions plausibles de celles qui ne le sont pas et, d’une manière plus générale, d’évaluer les propositions et théories selon le degré de justification rationnelle dont elles jouissent à la lumière des preuves actuellement disponibles. En supprimant ou en affaiblissant ce filtre – par exemple en niant la possibilité même d’une évaluation raisonnablement objective de ce niveau de justification(4)-, non seulement on laisse échapper la science traditionnelle, mais on ouvre aussi la porte à la pseudoscience. De plus, en amoindrissant le rôle des critères cognitifs dans l’évaluation des théories, on permet à des considérations sociales, politiques et psychologiques de prendre la première place ».
De là, à ce que certains finissent par considérer que « pour des groupes sociaux différents la réalité elle-même est différente », il n’y a qu’un pas – à la vérité - vite franchi.
On ne sera donc pas étonné du constat que « les doctrines postmodernes n’incitent leurs partisans à regarder avec bienveillance les théories qui semblent favoriser leurs objectifs politiques tout en les poussant à jeter un œil sceptique sur les théories qu’ils jugent politiquement néfastes ».
Quelle importance ?
Oui, me direz-vous, il y a des naïfs et des illuminés et des charlatans. So what ? C’est la question que se pose Alan Sokal dans ce volet conclusif. Après tout, dit-il, que « la victime participe volontairement à se propre exploitation », cela semble aussi vieux que le monde. Seulement, avance l’auteur, croire à des billevesées anodines prédispose assez largement à croire à des idées plus pernicieuses. Et s’il est déconcertant de vivre dans une société (cas des USA) où « 50 % de la population adulte croit à la perception extrasensorielle, 42 % aux maisons hantées, 41 % à la possession par le diable (…) 45 % à l’exactitude du récit de la création dans la Genèse », il est autrement inquiétant de savoir que cette même population croit par exemple à plus de 40% qu’on a les preuves irréfutables de présence d’armes de destruction massive en Irak.
« Les attaques du post modernisme contre l’universalisme et l’objectivité, tout sa défense des ‘savoirs locaux’, s’adaptent particulièrement bien aux idéologies nationalistes de tout genre. » Et Sokal de constater : « la plupart des postmodernes contemporains sont des intellectuels progressistes (… dont malheureusement) les idées ont la fâcheuse manie d’échapper aux intentions initiales de leurs auteurs ».
Suivent à cet essai deux appendices :
A) La religion comme pseudoscience
B) Plaidoyer pour un réalisme scientifique
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(1) Sur la Horde primitive par exemple on pourra lire :
« N’est-il pas contradictoire dans les termes de proposer un récit mythique comme une hypothèse scientifique ? Sans doute, s’il fallait juger de ce qui est scientifique sur le seul modèle de l’objectivité dans les sciences de la nature.
Mais nous savons que le psychisme inconscient ne distingue pas le fantasme du réel, ou plutôt que le fantasme y est le réel et que l’histoire tragique d’Œdipe est, dès l’origine de la psychanalyse, reconnu comme le principe de l’intelligibilité de la réalité psychique ».
Dans ce passage assez édifiant on trouve un bel exemple de postmodernisme auquel s’ajoute un réflexe pseudoscientifique.
A la question : « N’est-il pas contradictoire dans les termes de proposer un récit mythique comme une hypothèse scientifique ? » la réponse est évidemment oui !
Mais pour sortir de l’ornière l’auteur pose aussitôt le « psychisme inconscient » tel qu’imaginé par Freud comme réalité scientifique (« principe de l’intelligibilité de la réalité psychique »). Le tour est joué ! Or, est-il besoin de le rappeler, « De nombreux aspect de la théorie Freudienne ne trouvent pas de soutien, pas d’équivalent, dans les sciences cognitives contemporaines. La notion d’un inconscient qui serait intelligent, qui serait doté en soi d’intentions ou de désirs qui lui sont propres, l’idée que l’infantile est la source de tout l’inconscient, l’idée qu’il y ait un processus actif de refoulement qui renvoie vers le non-conscient des idées qui seraient dangereuses ou qui demanderaient à être censurées, ces questions-là n’ont pas d’équivalent dans la psychologie contemporaine » (Stanislas Dehaene).
(2) Du moins telle était mon intention jusqu’à ce qu’une défaillance de clé USB me fasse perdre pas mal de données, dont le billet en préparation sur le vitalisme préhistorique de MO. Je verrai donc si je retrouve mes sources, et l’envie de refaire ce texte.
(3) Voir dans le genre le très drôle espace d’un troll bien connu dans la blogosphère francophone. http://fermaton.over-blog.com/
(4) On peut ici faire le rapprochement avec la levée de bouclier de l’aréopage des psychanalystes provoquée, il y a de cela quelques années, par l’évocation d’une possibilité d’une évaluation de leur discipline.