Périclès |
Lorsqu’on songe d’ordinaire à Périclès, ce n’est pas pour évoquer sa réputation de fouteur. Pourtant le célèbre stratège de la Grèce antique, à en croire certaines plumes, traine dans son sillage une rumeur de scandale…
Selon Plutarque, « Phidias aurait reçu pour Périclès des femmes libres qui avaient des rapports avec celui-ci. Les Comiques, accueillant ce propos, répandirent sur Périclès quantité d'impudences ; ils le calomnièrent à propos de la femme de Ménippe, son ami et stratège en second, et à propos de l'élevage d'oiseaux que faisait Pyrilampe, compagnon de Périclès ‒ on accusa Pyrilampe d'expédier discrètement des paons aux femmes que fréquentait Périclès. »
Pyrilampe fut en effet l’ami de
Périclès. Marié à la mère de Platon, cette dernière étant devenue veuve peu
après la naissance du philosophe, il cultivait ainsi l’opportune idée d’entretenir
et d’élever ces oiseaux aux caudales ocellées ; oiseaux reçus en cadeau
alors qu’il était ambassadeur d’Athènes, pour les offrir ensuite, selon la
rumeur, aux dames ayant la faveur du stratège.
« … la dissimulation était, d’une certaine façon, plus
répréhensible que l’acte lui-même, parce qu’elle allait à l’encontre de la
transparence que le peuple exigeait de ses chefs. (…) [les poètes comiques] le
calomnièrent à propos de la femme de Ménippos, son ami et second comme stratège
et, à propos de Pyrilampe, compagnon de Périclès, qui s’adonnait à l’élevage
des oiseaux (ornitotrophia) et qu’on accusait d’envoyer secrètement des paons
aux maîtresses de Périclès (Plutarque) (…) … le mari avait le droit de
tuer l’adultère pris en flagrant délit (…) Il faisait office de douteux
intermédiaire pour le stratège, facilitant en secret la satisfaction de ses
plaisirs. Dans l’Athènes du Ve siècle, l’élevage des oiseaux et, en
particulier, des paons était étroitement associé au luxe oriental et, plus
particulièrement, à la royauté perse : comme parasol, le paon faisait
alors partie des « perseries », à l’image des
« turqueries » du XVIIIe siècle. (…) une activité fort lucrative
puisqu’à la fin du Ve siècle, un couple de paon valait près de 1 000
drachmes, le prix d’un bon cheval. (…) »
Autoportrait de Marie Bouliard posant comme Aspasia, 1794 |
Venons-en brièvement à la compagne de
Périclès, Aspasie.
Originaire de Milet, elle était l’une de
ces femmes ioniennes, souvent caractérisée comme « débauchée et éprise du gain ».
Aspasie en clair-obscur : entre
fantasme littéraire et éclairage épigraphique…. Fille d’Axiochos (Plutarque).
Elle rencontra probablement le « premier
citoyen de sa patrie » avant 437, puisque leur fils, Périclès le
jeune, deviendra stratège en 406. Elle serait, au moment de sa rencontre avec
Périclès, une jeune femme non mariée, issue de l’élite milésienne et jouissant
de la protection d’une puissante maison athénienne.
Mais on l’aura compris : tout ceci
n’aura servi qu’à évoquer l’anecdote se rapportant aux paons…