En baie de Somme (photo par Axel)
En baie de Somme, encore ! En semaine, hors
vacances scolaire ; loin des hordes de touristes qui bientôt vont déferler.
Nombre d’entre eux approuveraient sans états d’âme qu’on arasât les dunes pour
en faire des parkings !
Procession multicolore et criarde – ils vont voir, par
bus entiers, la silhouette lointaine des phoques– et pourront ensuite s’écrier :
« je l’ai fait ! »
Nuée de limicoles ( photo par Axel)
Mais pour l’heure, au-delà de la baie, au large alors
que la marée s’essouffle, il y a juste le sable, les coquillages, le vent et l’eau ;
la nuée des limicoles à marée haute …
Il est midi et passe un courlis.
Les grands cormorans par grappes sèchent leurs
plumes, tandis qu’un chalutier s’active sur le front de mer.
Courlis corlieu (photo par Axel) |
Grands cormorans (photo par Axel) |
Marcher pieds nus au milieu de nulle part, sous un ciel au soleil encore timide, un ciel criblé de nuages, relève de l’expérience mystique.
Ces ciels fulgurants de la baie de Somme !
Au bord de l'eau .... (photo par Axel) |
Plus loin, le long du massif dunaire en direction
du Marquenterre, le bord de plage est le domaine du gravelot-à collier interrompu.
Une espèce menacée, venue nicher là.
L’oiseau pond ses œufs minuscules et mimétiques
avec le milieu dans une simple anfractuosité. Et lorsque se présente un
prédateur potentiel, le limicole tente par des manœuvres habiles, où il feint d’être
blessé, de l’entrainer plus loin. Mais les randonneurs, ne prenant pas même
garde à l’oiseau, tout à leurs conversations ou performances, souvent sans s’en
apercevoir écrasent les œufs.
Une signalisation a été placée il y a peu. Espérons
que cela suffise.
Gravelot à collier interrompu (photo par Axel) Gravelot à collier interrompu (photo par Axel)
La baie est aussi, pour le miroiseur un lieu de rencontres
fortuites et mémorables. Ainsi ce faucon pèlerin au vol puissant, venu se poser
au large du banc de l’ilette.
Pas très loin de là, sur le devant de la ligne des
vagues, un groupe d’eiders à duvet immatures vient se poser.
Faucon pèlerin (photo par Axel) Eiders à duvet - photo par Axel
Enfin le sentier d’accès à la mer, alterne les
paysages ; de la pinède au maquis, passant par une zone feuillue. A ces
différents biotopes leurs espèces. Ainsi, pour le peu que l’on ne soit pas
pressé on croisera des linottes mélodieuses, des mésanges huppées, des
fauvettes grisettes et autres tourterelles des bois aux roucoulades ténues.
Fauvette grisette (photo par Axel) |
Mésange huppée (photo par Axel) |
Tourterelle des bois (photo par Axel) |
Quel plaisir d’ailleurs, le matin tôt après la pluie, de trouver le sentier vierge de toute trace humaine. Cet endroit dont il est inutile de donner la localisation tant il arrive parfois qu’il se mue en véritable autoroute piétonnière.
C’est l’heure où le rossignol s’époumone. L’oiseau
dont le chant est tout un symbole, offre parfois le privilège de se laisser
voir – un plaisir rare.
Son trille varié d’ailleurs, dont on parle tant, si
peu savent le reconnaître. Ce chant, associé à un certain romantisme, n’est pourtant
pas nimbé de la charge de nostalgie des mélopées du Rougegorge ou du merle noir.
Mais ce sont là des considérations personnelles.