Blogue Axel Evigiran

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La dispersion est, dit-on, l'ennemi des choses bien faites. Et quoi ? Dans ce monde de la spécialisation extrême, de l'utilitaire et du mesurable à outrance y aurait-il quelque mal à se perdre dans les labyrinthes de l'esprit dilettante ?


A la vérité, rien n’est plus savoureux que de muser parmi les sables du farniente, sans autre esprit que la propension au butinage, la légèreté sans objet prédéterminé.

Broutilles essentielles. Ratages propices aux heures languides...


26 août 2015

L’éloge de l’oisiveté par Bertrand Russell (Spectacle de Dominique Rongvaux)

Voici glané sur la toile, un spectacle de Dominique Rongvaux ; une adaptation au théâtre de  L’éloge de l’oisiveté de Bertrand Russell

Cette vidéo est mise en partage par le «  Service de l'Audiovisuel Province de Namur »
A méditer....




«  L'ennui dans ce monde, c'est que les idiots sont sûrs d'eux et les gens sensés pleins de doutes. »
« Il existe deux types de travail : le premier consiste à déplacer une certaine quantité de matière se trouvant à la surface de la terre ou dans le sol; le second, à dire à quelqu'un d'autre de le faire. »



Sur l’étymologie : travail provient du latin « Tripalium », un instrument de torture qui consistait en un assemblage trois pieux, utilisé par les romains pour punir les esclaves rebelles

Lors du spectacle, Dominique Rongvaux évoque Denis Grozdanovitch et son « Petit traité de désinvolture »







Jean de la Fontaine


Un Savetier chantait du matin jusqu'au soir :
            C'était merveilles de le voir,
Merveilles de l'ouïr; il faisait des passages (2),
            Plus content qu'aucun des Sept Sages (3) . 
Son voisin au contraire, étant tout cousu d'or(4),
            Chantait peu, dormait moins encor.
            C'était un homme de finance.
Si sur le point du jour, parfois il sommeillait,
Le Savetier alors en chantant l'éveillait,
            Et le Financier se plaignait
            Que les soins de la Providence
N'eussent pas au marché fait vendre le dormir,
            Comme le manger et le boire.
            En son hôtel il fait venir
Le Chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire, 
Que gagnez-vous par an ?  Par an ? Ma foi, monsieur,
            Dit avec un ton de rieur
Le gaillard Savetier, ce n'est point ma manière
De compter de la sorte ; et je n'entasse guère
Un jour sur l'autre : il suffit qu'à la fin
            J'attrape le bout de l'année :
            Chaque jour amène son pain.
 Et bien, que gagnez-vous, dites-moi, par journée ?
 Tantôt plus, tantôt moins, le mal est que toujours
(Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes),
Le mal est que dans l'an s'entremêlent des jours
        Qu'il faut chommer (5) ; on nous ruine en fêtes .
L'une fait tort à l'autre ; et monsieur le Curé
De quelque nouveau saint charge toujours son prône (6).
Le Financier, riant de sa naïveté,
Lui dit : Je vous veux mettre aujourd'hui sur le trône.
Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin,
            Pour vous en servir au besoin.
Le Savetier crut voir tout l'argent que la terre
            Avait, depuis plus de cent ans
            Produit pour l'usage des gens.
Il retourne chez lui ; dans sa cave il enserre
            L'argent et sa joie à la fois.
            Plus de chant ; il perdit la voix
Du moment qu'il gagna ce qui cause nos peines.
            Le sommeil quitta son logis,
            Il eut pour hôte les soucis,
            Les soupçons, les alarmes vaines.
Tout le jour il avait l'oeil au guet; et la nuit,
            Si quelque chat faisait du bruit,
Le chat prenait l'argent : à la fin le pauvre homme
S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus.
Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,
            Et reprenez vos cent écus.