Blogue Axel Evigiran

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La dispersion est, dit-on, l'ennemi des choses bien faites. Et quoi ? Dans ce monde de la spécialisation extrême, de l'utilitaire et du mesurable à outrance y aurait-il quelque mal à se perdre dans les labyrinthes de l'esprit dilettante ?


A la vérité, rien n’est plus savoureux que de muser parmi les sables du farniente, sans autre esprit que la propension au butinage, la légèreté sans objet prédéterminé.

Broutilles essentielles. Ratages propices aux heures languides...


13 févr. 2023

Herman Hesse et la foule ...

 

Le cauchemar ! 

Herman Hesse, toujours …

Ce matin lisant le texte intitulé « Retour à la campagne » : 

« L’arrivée à Lugano fut peu réjouissante. Telles des nuées de sauterelles, les étrangers débarquent ici en masse aux alentours de Pâques, et cela faisait longtemps que je n’avais pas été indisposé à ce point par le vacarme des foules envahissantes peuplant la terre. (…) Ils trouvent tout charmant et ravissant, sans se rendre compte le moins du monde que par leur faute, un des rares endroits paradisiaque existant encore au cœur de L’Europe se transforme chaque année davantage en banlieue berlinoise. (…) Même le dernier des vieux paysans, si aimable soit-il, installe du fil de fer barbelé autour de ses prairies pour les protéger des flots de touristes qui les piétinent (…) La terre est désormais tellement surpeuplée ! »

Que ne dirait-il pas aujourd’hui ?!


Ce sentiment d’oppression face au déferlement de ces foules de touristes, est le même que celui que j’éprouve au Crotoy et en Baie de Somme, chaque année davantage, dès que se profile un long weekend ou, pire, lors des vacances scolaires !

Souillure du paysage et du silence.


L'idéal !
vue du Crotoy en hors saison depuis la baie de Somme - photo par Axel


7 févr. 2023

Du pessimisme d’Herman Hesse

Le matin, avant de me rendre à bicyclette au tripalium, j’ai pris l’habitude de lire quelques pages, sirotant un thé affalé dans mon canapé. Une nouvelle, une poignée d’aphorismes ou un texte bref sur l’un des nombreux sujets que je goûte.

 

En ce moment c’est le recueil de textes d’Herman Hesse, « L’art de l’oisiveté » qui m’accompagne. J’y relève, l’œil encore endormi, ces quelques lignes tirées d’un texte daté de 1928 et intitulé « Oppositions » :

 

« … notre époque a pour mot d’ordre : la santé, la compétence et la confiance béate dans le futur, le rejet narquois de tous les problèmes profonds, le renoncement répugnant et lâche à toute forme de questionnement dérangeant, la jouissance de l’instant.

(…)

Lorsque je les vois exprimer un vif contentement et rire avec satisfaction, je ne puis m’empêcher de penser à l’année 1914. Je songe à l’optimisme soi-disant salutaire de ces peuples qui trouvaient tout magnifique, enthousiasmant et menaçaient de coller au mur chaque pessimiste rappelant que les guerres sont des entreprises fort périlleuses et violentes qui peuvent aussi se solder par une triste défaite. Ainsi les pessimistes furent-ils en partie ridiculisés, en partie fusillés. Les optimistes eurent alors leur époque de gloire, ils exultèrent et triomphèrent pendant des années, jusqu’au moment où, épuisés de tant d’allégresse et de victoires, ils s’effondrèrent brutalement … »

 

Au fond, pas grand-chose n’a changé … Les guerres, le dérèglement climatique, l'effondrement de la biodiversité et, à rebours, les enthousiasmes du consumérisme et l'apologie béate de Musk !