Blogue Axel Evigiran

Blogue Axel Evigiran
La dispersion est, dit-on, l'ennemi des choses bien faites. Et quoi ? Dans ce monde de la spécialisation extrême, de l'utilitaire et du mesurable à outrance y aurait-il quelque mal à se perdre dans les labyrinthes de l'esprit dilettante ?


A la vérité, rien n’est plus savoureux que de muser parmi les sables du farniente, sans autre esprit que la propension au butinage, la légèreté sans objet prédéterminé.

Broutilles essentielles. Ratages propices aux heures languides...


21 sept. 2020

Eloge d’un blogue … En août, les chemins de traverses

Les Ocres de La Bruyère (Photo par AV)

Le mois d’août, saison du Farniente, de l’indolence et de l’otium – le partage aussi des choses simples de l’existence… Le plaisir de la découverte de sentiers inconnus, de paysages variés, des garrigues aux calanques, passant par les sentes forestières des contreforts du Vercors, ou encore les ocres du Lubéron – non pas celles noyées par la foule, mais ces restes de carrières, loin des balises, dans la Bruyère ; aux bouches d’ombre sous les falaises, charriant une brise froide venu des entrailles de la terre. Sans oublier ces ruines écrasées de soleil ; ainsi Glanum, cité romaine chargée de mémoire, ou le château perdu d’Eygluy-Escoulin en Drôme « romane » et ses restes médiévaux dressés sur un éperon rocheux, perdu dans l’immensité de l’histoire. 

Sur la route, dans les Baronnies provençales, serpentant dans un défilé étroit, surprendre le vol des vautours percnoptères… 

Vautour Percnoptère (photo par Axel)

Il y a les cités aussi… Aubagne lieu de villégiature ; Marseille et son vallon des Affres, sorte de village urbain ouvert sur la méditerranée, ou encore le vieux quartier du Panier, aux murs recouverts de street-Art… Et après les hauteurs d’Apt, revenir à Montclar-sur-Gervanne, village minuscule avec son église haut-perchée au sommet d’une colline. 

Vue de Montclar-sur-Gervannes (Photo par Axel)


Ces pérégrinations, il fut si bon de les faire en la meilleure compagnie qui puisse être. Avec la femme aimée, mais aussi avec ces enfants désormais adulte de longue date – le temps file si vite. Un fils, arrivé presque au bout de sa vie estudiantine et une fille à présent mémorialiste de l’éphémère, et qui la manière de Montaigne ne peint pas l’être mais le passage, avec ce blogue dont je voudrait ici faire l’éloge… Invite à s’y rendre, à y flâner tout son soûl. 

Elle y officie sous le nom du « citoyen du monde », en hommage à Louis-Charles Fougeret de Monbron, entre autres auteur du suave « Margot la Ravaudeuse ». 


Dans les pages de ce blogue on trouvera un billet sur la cité antique de Glanum, le Vallon des Auffes, ou encore sur quelques villages du Lubéron, là où cet été nous conduisirent nos pieds poudreux.







14 sept. 2020

De la stupidité cynégétique

Reprise d’un ancien billet sur Overblog (novembre 2011), toujours de saison…

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Voilà le spectacle automnal auquel je suis allergique.

Plantés là comme des courges, près des habitations, à attendre que leurs coreligionnaires rabattent lièvres, perdrix et autres faisans à portée de plomb…

Chasse en septembre (photo par Axel)
 

J’en ai connu jadis qui équipaient le collier de leurs chiens avec des clochettes pour ne pas leur tirer dessus. ;

J’en ai vu d’autres, à marée basse en hiver sur le sable sec de la Baie de Somme, s’avancer au large dans leur voiture, prêts à mitrailler les canards et les courlis depuis la vitre ouverte de leur véhicule ;

Il y a ceux encore qui s’en vont servir de rabatteurs côté de la réserve ornithologique tandis que leurs comparses attendent alignés sur la limite autorisée ;

Ou celui-là, qui traverse en courant la route à la poursuite d’un lièvre, fusil pointé en avant alors que surgit juste devant lui un cycliste ;

J’ai assisté aussi adolescent, depuis le bord de la route, à quelques-unes de ces battues où l’on relâche des faisans d’élevage à peine capables de voler et qu’il faut pousser au cul en claquant des mains pour pouvoir les tirer comme des assiettes ;

Que dire de ceux que j’ai croisés un jour dans des dunes, bien mûrs comme l’on dit, occupés hilares à cribler de plomb les canettes de bière qu’ils avaient englouties ;

Et celui qui se vantait d’avoir tué une oie de 9 kilos et qui, tout sourire derrière ses doubles-foyers, brandissait fièrement un cygne ;


Et cet autre petit soldat qui se tenait en embuscade tout contre notre haie pour se faire un carton ;

J’en aurai presque oublié ce patron de PME qui me disait un jour, entre deux invective envers ces « salauds de pauvres », que dans la chasse au chevreuil ou au sanglier, tout ce qui l’intéressait c’était « le coup de fusil » ;

Il me souvient également d’avoir compté, un jour d’ouverture de la chasse en bord de mer il y a quelques années, le nombre effrayant de détonations assourdissant le ciel à la minute - plus de quarante ;

Je revois aussi toutes ces landes couvertes des douilles multicolores qu’enfant, encouragé par mon père, il m’arrivait de collectionner comme les marrons (1) ;

Je finirai ce sinistre catalogue (mais hélas loin d’être exhaustif) par une pensée pour ces oiseaux mutilés par les décharges aveugles qu’il m’est arrivé de trouver parfois au détour d’un sentier, estropiés ou agonisants ;

On me rétorquera peut-être qu’il s’agit là de mauvais chasseurs, de brebis galeuses, et qu’évidemment les « vrais chasseurs », eux, sont respectueux de la nature et des animaux. Voire même, poussant l’oxymore à son comble, que les légions bottées équipées de fusils et de tenues paramilitaires sont dans les faits les seuls véritables protecteurs de la nature (2) … Bien sûr ! Comment n’y avions-nous pas songé ? 

Et que l’on cesse d’en appeler à la tradition ou la ruralité pour justifier l’injustifiable : « Les chasseurs vantent volontiers leur ancrage populaire et rural, mais cette image est en partie contredite par les chiffres. S’il est vrai que les agriculteurs sont surreprésentés (ils sont 8,5 % parmi les chasseurs, pour seulement 2 % de la population active), les premiers détenteurs des permis de chasse sont des professions libérales et cadres (36 % des permis, pour seulement 17 % de la population active) » (3). La persistance de cette pratique n’est que le fruit d’un lobby puissant (4)

A dire vrai et pour conclure j’avoue ne pas comprendre pas cette pratique, qu’on l’appelle sport, loisir ou tout ce qu’on voudra – ne pouvant concevoir qu’une chasse de nécessité…

Et quant à ces notables qui veulent toujours manger de l’Ortolan, qu’ils s’en étranglent…


  



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(1)   Voir les tonnes de plomb déversés dans la nature : https://www.liberation.fr/france/2019/02/14/chasse-le-plomb-un-poison-pour-l-homme-et-l-environnement_1704800

(2)   Je ne pensais pas voir juste et qu’ils oseraient… Voir le slogan de 2018 : « Les chasseurs, premiers écologistes de France ? ».  https://www.notre-planete.info/actualites/1894-chasseurs-premiers-ecologistes-France

(3)    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/08/29/sur-1-1-million-de-chasseurs-moins-de-10-possedent-un-permis-national_5347594_4355770.html

(4)   http://magazin.epjt.fr/longform/lobby-chasse