Blogue Axel Evigiran

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La dispersion est, dit-on, l'ennemi des choses bien faites. Et quoi ? Dans ce monde de la spécialisation extrême, de l'utilitaire et du mesurable à outrance y aurait-il quelque mal à se perdre dans les labyrinthes de l'esprit dilettante ?


A la vérité, rien n’est plus savoureux que de muser parmi les sables du farniente, sans autre esprit que la propension au butinage, la légèreté sans objet prédéterminé.

Broutilles essentielles. Ratages propices aux heures languides...


12 oct. 2020

Kant et l'ornithologie


Lisant le drôle et savoureux livre de Thomas de Quincey « Les derniers jours d’Emmanuel Kant » (mais à sa manière également poignant), j’apprends que le philosophe de Königsberg affectionnait la compagnie des oiseaux.

Voilà de quoi me le rendre un peu plus sympathique !..

Chardonneret
Chardonneret (Photo par Axel)

« De tous les changements que le printemps apporte, il n'y en avait plus qu'un maintenant qui intéressait Kant. Il languissait après avec une avidité et une intensité d'attente qu'il était presque douloureux de contempler : c'était le retour d'un petit oiseau (moineau peut-être ou rouge-gorge ?) qui chantait dans son jardin et devant sa fenêtre. Cet oiseau, soit le même, soit son successeur dans la suite des générations, avait chanté pendant des années dans la même situation. Et Kant devenait inquiet quand le temps froid avait duré plus longtemps qu'à l'ordinaire et retardait son retour. Comme Lord Bacon en effet, il avait un amour enfantin pour tous les oiseaux ; en particulier, il s'appliquait à encourager des moineaux à faire leur nid au-dessus des fenêtres de son cabinet de travail. Quand ceci survenait, et c'était fréquent à cause du profond silence qui régnait dans cette pièce, il guettait leur travail avec le délice et la tendresse que d'autres donnent à un intérêt humain ».

Les derniers jours d'Emmanuel Kant
Tiré du film les derniers jours d'Emmanuel Kant
 

La mémoire me fait défaut et je ne sais plus dans quel roman j’ai pu lire que quelqu’un qui aime les oiseaux ne peut pas être tout à fait mauvais… Jolies paroles auxquelles je ne suis pas loin de souscrire.

Mais pour en revenir au père de l’impératif catégorique, mieux que de se satisfaire de la douce promiscuité avec la gent avienne, il était aussi capable de reconnaître le chant des oiseaux. Pour preuve : 

« Kant prit une tasse de café et essaya de fumer un peu. Puis il s'assit au soleil et écouta charmé le babil des oiseaux qui s'étaient assemblés en grand nombre. Il distingua chaque oiseau à son chant, le désigna par son nom. Après avoir passé là environ une demi-heure, nous nous mîmes en route pour revenir, Kant encore joyeux mais évidemment rassasié par le plaisir de la journée ».