Blogue Axel Evigiran

Blogue Axel Evigiran
La dispersion est, dit-on, l'ennemi des choses bien faites. Et quoi ? Dans ce monde de la spécialisation extrême, de l'utilitaire et du mesurable à outrance y aurait-il quelque mal à se perdre dans les labyrinthes de l'esprit dilettante ?


A la vérité, rien n’est plus savoureux que de muser parmi les sables du farniente, sans autre esprit que la propension au butinage, la légèreté sans objet prédéterminé.

Broutilles essentielles. Ratages propices aux heures languides...


10 févr. 2020

Quête du prestige chez les oiseaux



Il est ici question d’un oiseau du désert, le cratérope écaillé. De l’observation de ce passereau sur plusieurs décennies, l’ornithologue Amotz Zahavi a déduit  sa théorie, dite théorie du handicap.


« Zahavi, en observant pendant des décennies les cratéropes écaillés, qui sont des passereaux qui vivent dans le désert du Néguev – on en trouve également au Maroc et en Algérie – (…) décela chez eux des comportements bizarres ; et ces comportements étaient que ces cratéropes prenaient des risques qui contredisaient semble-t-il la théorie de la sélection naturelle : prendre son temps, intervenir dans des bagarres entre les cratéropes de sa propre troupe et ceux d’un territoire étranger, parfois même attaquer un prédateur de manière extrêmement risquée. Et surtout les cratéropes dansent ; et ils dansent au plus mauvais moment et au plus mauvais endroit : juste après le lever du soleil, on est encore dans une semi-pénombre, et ils le font non pas en dessous des acacias où ils ont passés la nuit, ce qui serait parfait puisque là au moins ils échappent à la vision des prédateurs qui passeraient au-dessus ; non, ils le font à découvert. (…) Toutes ces histoires de cadeaux, de prise de risque et de danse, Zahavi va les lier et il va dire : est-ce que ces cratéropes n’ont pas inventés en quelque sorte une manière de gagner du prestige ? C’est une hypothèse qui a été avancée aussi à propos des corbeaux – et on commence à l’envisager pour d’autres oiseaux. Cela signifie quoi ? Et bien, et c’est une hypothèse très intéressante, ça veux dire que ces cratéropes, lorsqu’ils font un cadeau alors qu’ils auraient dû se nourrir, lorsqu’ils vont secourir un congénère en difficulté, ils disent : j’ai les moyens, je suis assez fort pour attaquer ; quand ils vont nourrir la nichée d’un autre cratérope ils disent j’ai du temps, j’ai les moyens de trouver à manger. Et la danse c’est : je prend le risque de m’exhiber entrain de danser à moment et dans un lieu où c’est dangereux parce que ça va augmenter ma fiabilité aux yeux des autres. Et pour Zahavi, cette histoire de prestige c’est quelque chose qui va pondérer les hiérarchies ; c’est-à-dire qu’il y a une hiérarchie chez les cratéropes liée à l’ordre des naissances et qui fait qui si vous êtes élevé dans la hiérarchie vous aurez plus de chance de pouvoir former un couple reproducteur et aurez un privilège d’accès à la nourriture, mais, dit Zahavi, cette hiérarchie qui est donnée par la naissance, elle va être pondérée par le prestige, et avec une certaine quantité de prestige vous pouvez monter dans la hiérarchie.
Ce qui permet en même temps de résoudre un problème, qui avait déjà été le problème de Conrad Lorenz, c’est-à-dire : comment concilie-t-on à la fois la nécessité à la fois d’entrer en compétition avec les autres oiseaux de la même troupe pour avoir une bonne position et la nécessité de coopérer ?  - parce qu’on sait que la compétition est en générale assez désastreuse pour les groupes. Et bien le cratérope a inventé un moyen d’entrer en compétition pour collaborer, ce qui donne une compétition qui n’est pas nocive au point de vue du stress, des combats, etc. et qui est en même temps extrêmement bénéfique pour le groupe ».





Différentes espèces de pinsons observées par Darwin aux Galápagos. Celles-ci diffèrent notamment par la forme du bec, qui semble nettement en rapport avec la niche écologique occupée par chacune des espèces. En effet, les pinsons arboricoles vivent principalement d'insectes, tandis que les pinsons terrestres se nourrissent surtout de graines. Ces formes ont vraisemblablement été engendrées par une seule espèce.

1) Camarhynchus pauper ; 2) Camarhynchus heliobates ; 3) Camarhynchus psittacula ; 4) Camarhynchus pallidus ; 5) Camarhynchus parvulus ; 6) Camarhynchus crassirostris ; 7) Geospiza magnirostris ; 8) Geospiza fortis ; 9) Geospiza fuliginosa ; 10) Geospiza scandens ; 11) Geospiza conirostris ; 12) Geospiza difficilis ; 13) Certhidea olivacea ; 14) Pinaroloxias inornata.

5 févr. 2020

Les chardonnerets de Ploegsteer

Chardonnerets s'ébrouant... (photo par Axel)


En ce premier dimanche de février, avec le vent en rafale, sous les nuages au galop s’agite une bande de chardonnerets…

L’heure est à la promenade en la meilleure compagnie qui puisse être ; miroiseur de l’éphémère, l’appareil photographique cependant en bandoulière… Qui sait ?

Virevoltants des branches dénudées à leurs plantes épineuses de prédilection ; faisant halte parfois au sol, pour s’ébrouer dans les flaques, les fringilles gazouillent…

Les suivre à distance d’un œil cyclopéen et s’émouvoir de leur élégance si légère – par inadvertance ; le temps de quelques clics heureux !

Chardonneret (Photo par Axel)
Le trait jaune sur l’aile et le masque cramoisi, ils butinent insouciants. Il fait doux, bien trop doux pour la saison.
On le sait, les oiseaux se meurent en nombre, laissant nos campagnes et nos forêts silencieuses. Que nous restera-t-il bientôt ?
Ainsi va le monde…

Chardonneret (Photo par Axel)