Blogue Axel Evigiran

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La dispersion est, dit-on, l'ennemi des choses bien faites. Et quoi ? Dans ce monde de la spécialisation extrême, de l'utilitaire et du mesurable à outrance y aurait-il quelque mal à se perdre dans les labyrinthes de l'esprit dilettante ?


A la vérité, rien n’est plus savoureux que de muser parmi les sables du farniente, sans autre esprit que la propension au butinage, la légèreté sans objet prédéterminé.

Broutilles essentielles. Ratages propices aux heures languides...


27 nov. 2022

Strasbourg, son parlement et la cité-jardin Ungemach

 

Vue du parlement européen (photo par Axel)

Un parlement toujours en construction... (photo par Axel)
Vue arrière du parlement (photo par Axel)

Musardant début novembre dans les rues de Strasbourg, profitant d’un ensoleillement tout à fait anormal pour la saison, la curiosité poussa mes pas du côté du quartier du parlement européen – sans nulle autre motivation que de me faire une idée in situ de l'allure que pouvait avoir ce temple moderne où s’exerce dit-on pouvoir discrétionnaire et lobbying forcené.

Prenant par le quai du chanoine Winterer, on se prend à longer l'Ill, affluent paisible du Rhin. Et de croiser, perchée en pleine lumière au sommet d'un arbuste, une grive litorne en pleine vocalise – l'une des premières de la saison : l'oiseau, originaires de Scandinavie et du nord de la Russie, venant hiverner chez nous et au-delà de la méditéranée.

La promenade est tranquille, et juste avant de buter sur la monstrueuse tour de verre et d’acier du parlement, on arrive sur une petite place au nom fleuri qui s’ouvre sur un ensemble de pavillons roses, étalé en arc-de-cercle … Le contraste entre l’architecture un peu désuète et guimauve des maisons et l’emprise arrogante du bâtiment aux multiples bannières, baptisé Louise Weiss (parlementaire européenne féministe morte en 1983), est saisissant. Ce dernier, Babel contemporain, écrase littéralement les pavillons les plus proches, la forteresse moderne jetant son ombre immense sur les jardins les plus proches.

 




Mais d’où sortent ces habitations roses ? Un rapide coup d’œil sur la toile nous apprends que ce collectif de 140 pavillons se trouve être la cité-jardin Ungemach, du nom de son inventeur, et dont la construction remonte aux années 1920.

Passons sur les aspirations sociales et les arrières pensées de Charles Ungemach qui avait à faire oublier quelques accointances douteuses lors de la Grande Guerre, pour noter que le projet de cette cité s’est « inscrit dans le cadre du débat français sur l’eugénisme ». Et de découvrir que le règlement initial d’attribution de ces logements « sociaux » allait « à des couples choisis : vouloir des enfants, être en bonne santé et les élever dans de bonnes conditions d’hygiène et de moralité. Les familles devaient respecter un règlement comptant quelque 356 articles et faisaient l'objet de contrôle réguliers par un inspecteur. Le fait de ne pas faire suffisamment d'enfants (le nombre était fixé à trois) impliquait à l'époque de devoir quitter la cité, ainsi que le fait d'avoir été recalé lors du contrôle surprise annuel du domicile. »[1] Un beau programme !

Quant à la symbolique de la juxtaposions de ces architectures et de ces histoires, chacun en tirera les conclusions qu’il voudra.


Cours européenne des droit de l'Homme (photo par Axel)

 



[1]Source wikipédia et plusieurs articles sur la toile dont celui-ci : https://www.lalsace.fr/bas-rhin/2014/08/13/comment-leon-ungemach-s-est-rachete-une-conduite

 


24 oct. 2022

Rencontre avec le traquet motteux

 

Traquet Motteux - Hauts-de-France, octobre 2022 (photo par Axel)

Après avoir évoqué dans mon précédent billet le prestigieux TraquetKurde de Jean Rolin, voici l’un de ses cousins, un passereau plus facile à observer sous nos latitudes mais qui reste, du moins dans les Haut-de-France, assez rare pour être noté. Je veux parler du Traquet Motteux.

 

Le nom scientifique de l’oiseaux est Oenanthe oenanthe. Mot qui provient du grec ancien de la combinaison de oinos (vin) et anthos (fleur), bref le bourgeon de vigne[1] - « Pour Pline, oenanthe désigne le raisin de la vigne sauvage et un oiseau non identifié par la suite ». Quant au suffixe du nom vernaculaire de ce traquet, « Motteux », il indique que l’oiseau se perche volontiers sur les mottes de terre ou petits surplombs en terrains découverts.

 

Dans le Nord et Pas-de-Calais l’espèce est migratrice et les effectifs nicheurs, selon les données du dernier Atlas régional[2] indiquent entre 0 et 4 couples (20 000 à 30 000 pour la France).

Les chances de le rencontrer se situent donc lors de son passage printanier et automnal – les plumages sont différents entre ses deux saisons. Et c’est dans les milieux ouverts qu’il convient de le chercher …

Pour ma part il me plait de l’observer surtout au printemps du côté de la baie de Somme. On le trouve alors souvent à courir le long des massifs dunaires en quête de nourriture. Un individu souvent seul … Et si l’on l’approche trop il s’envole sur quelques dizaines de mètres avant de reprendre ses pérégrinations au sol.

 

Traquet motteux, mai 2018 en Baie de Somme (photo par Axel)

Il m’est arrivé en été de le rencontrer une fois dans son beau plumage nuptial au col du Mont Cenis, à 2000 mètres d’altitude. Nicheur cette fois. Par chance j’avais mon appareil photo.


Traquet Motteux, col du mont Cenis, août 2018

 

Mais ma dernière rencontre avec l’oiseau est toute récente – une rencontre d’octobre. A quelques encablures de mon domicile, au bord d’un champs en milieu péri-urbain, pas très loin de Lille :

Le milieu est propice, mais fort fréquenté le dimanche matin par les promeneurs avec leurs chiens (hélas pas toujours tenus en laisse) et surtout les joggeurs multicolores … Il y a de nombreuses alouettes des champs, dont certains mâles encore chanteurs. Ça se chamaille. Parmi les alouettes, dispersées dans le champ, pas moins d’une vingtaine de bergeronnettes grises en halte migratoire. Un premier oiseau attire mon attention : un Tarier des près – une belle observation. Mais un peu plus loin je repère un autre oiseau, au nourrissage dans des postures assez caractéristiques. Je ne bouge plus et l'observe ... Il s'accommode de ma présence et s'approche parfois. Sa technique de chasse : se placer sur une motte de terre bien en vue, puis se précipiter à la poursuite de petits insectes...

Le passage des joggeurs l’indiffère. Ces derniers me jettent parfois des regards curieux, mais sont heureusement trop pressés pour venir à ma rencontre – le pire en matière étant le badaud « gentil » mais qui ruine l’instant. Mais en ce dimanche point de fâcheux et l’oiseau vient à quelques mètres de moi, prend la pose. S’éloigne puis reviens - instants de grâce ! La séance dure une bonne demi-heure. Puis chacun s’en va suivre sa destinée …


Traquet motteux, octobre 2022, Hauts-de-France (photo par Axel)




[1] Source : « L’étymologie des noms d’oiseaux » de Pierre Cabard et Bernard Chauvet, édition Belin 2003.

[2] « Les oiseaux nicheurs du Nord et du Pas-de-Calais », collectif, Biotope éditions, novembre 2019.

25 sept. 2022

Promenade à la Mothe-Chandeniers

 

Vue des façades Sud et Est (photo par Axel)

S’il est des lieux qui suintent le romantisme, au sens d’une poétique des ruines, l’archétype en est assurément le château de la Mothe-Chandeniers.

A déambuler dans la région de Chinon, entre la forteresse royale et les chais à flanc de falaise ou il est bon de se rafraîchir tout dégustant un cru millésimé, le détour est imperceptible, surtout si on arrive par Loudun et ses diables, méditant sur le destin torturé de Sœur Jeanne, dite des Anges

 

Arrivé aux Trois-Mouthiers, entre les cours paisibles de la Barousse et de la Boire, la vue du château depuis le parking n’est guère engageante. Ne dépassent en effet au-dessus des arbres que les toitures d’une poignée de tours emballées dans un dense treillis d’échafaudages. De quoi refroidir les élans lyriques, et d’être tenté de passer son chemin. Mais, contrairement au dicton, les premières impressions ne sont pas forcément les bonnes … Et passé le guichet, une fois engagé dans le parc, abordant les ruines par leur versant sud c’est le ravissement !  

 

Ramier perché (photo par Axel)

Vue de la façade Sud (Photo par Axel)

Balcon de la façade Sud (photo par Axel)

Façade Sud (Photo par Axel)

Abandonné pendant près d’un siècle et retourné à la nature le château fut racheté en 2017 par une société à fonds participatifs, devenant à la foulée la plus grande copropriété du monde. Ainsi est-il possible, à peu de frais, de devenir Co-châtelain de la Mothe-Chandeniers et de contribuer à la préservation et la restauration du château, en conservant bien sûr la féérie des lieux … La nature entremêlée à la pierre et ses reflets d’eau ; inextricablement embrassés.

 

« Le château forteresse est mentionné dès la fin du XIe siècle sous le nom de la Mothe-de-Bauçay. Hugues III de Bauçay en est probablement le seigneur et bâtisseur. Cette puissante famille possédera cette terre jusqu’au début du XVe siècle. A cette époque, Marie de Bauçay apporte le château en dot à Guillaume de Chaunay, seigneur de Champdeniers (Deux Sèvres). La famille de Rochechouart prend possession des lieux en 1448 lorsqu’Anne de Chaunay se marie à Jean de Rochechouart, formant ainsi la branche des Rochechouart-Chandenier. Le château porte alors le nom de la Mothe-Chandenier ou Mothe-de-Bauçay.[1] »

Je passe ici les détails, mais le château passera ensuite, au fil des siècles entre différentes mains et sera reconstruit dans les années 1870 dans un style néogothique. Le feu le ravagera en 1932 et il tombera peu à peu à l’état de ruine ; des ruines ou la nature reprendra ses droits, conférant au fil des ans un aspect fantastique à l’édifice …

 

Angle de la façade Est (photo par Axel)

Miroir d'eau (photo par Axel)

Balcon vénitien de la façade Est (photo par Axel)

Des arbres sinuent aux fenêtres, des grappes de lierre plongent des balcons. La blancheur de l’architecture tranche idéalement avec le glauque limpide des douves. Sensation renforcée par la verdure s’élançant des murs. Ici ou là des branchages cherchent le ciel et la lumière. Les oiseaux viennent s’y reposer. Des ramiers et des tourterelles, des rougegorges flamboyants et des mésanges afférées … Les recoins et les niches sont aussi le domaine des troglodytes aux chants explosifs … S’ébrouent parmi les buissons les grives et les merles furtifs qui viendront au crépuscule se percher haut pour nous enchanter de leur répertoire. Et la nuit venue on imagine bien venir se poser dans l’échancrure d’un mur, une chevêche d’Athéna – vigie du domaine. Sans oublier au printemps la mélodie du rossignol, si chère à Châteaubriand.

 

La visite des lieux s’inscrit dans une circonvolution trigonométrique, cercle à rebours qui se termine par la cour intérieure. Bref, pour l’essentiel une promenade nonchalante et rêveuse autour du château.

Chaque façade a son charme et ses mystères.

La façade sud est la première que l’on découvre. L’effet est saisissant et on ne lasse pas d’admirer on ne sait d’ailleurs trop quoi - à boire l’ambiance si particulière qui se dégage de ce fragile équilibre entre nature et architecture. Impressionnés sans doute par l’harmonie des lieux ; cette délicatesse silencieuse et un peu flottante …

On emprunte alors un pont suspendu en bois qui amène nos regards sur la façade est, là où se trouvent la terrasse et le balcon vénitien. Le lichen y prospère et poussent des petits cornouillers. Au fils de l’eau, entre deux tours opportunément dissymétriques, les arches et colonnades se mirent dans le miroir à la fois mouvant et immobile de l’onde.

Façade Nord (photo par Axel)

Pont qui conduit à la cour intérieure (photo par Axel)

Mécanisme de l'écluse (photo par Axel)

De la façade Nord on retiendra surtout le romantisme du mécanisme rouillé actionnant les écluses de la douve du château. Altérité du métal et de ses engrenages …  

Dans la cour intérieure enfin, redevenue sauvage, se côtoient le blason des famille Ardouin et D’Ornezan et les mousses, les fougères et la verdure de l’ombre venue recouvrir d’anciens escaliers.

Cour intérieure (photo par Axel)

Cour intérieure (photo par Axel)

Cour intérieure (photo par Axel)

Cour intérieure (photo par Axel)

Cour intérieure (photo par Axel)

Cour intérieure (photo par Axel)



8 sept. 2022

Le Traquet Kurde, histoire d’un périple …

 


Cela faisait un moment que j’avais repéré ce roman de Jean Rolin (sorti en 2018). Enfin j’écris roman mais il s’agit plutôt d’une enquête romanesque et les personnages cités, pour la plupart, sont des figures bien réelles. En particulier le colonel Richard Meinetzhagen qui, disons-le fut un sale type doublé d’un mythomane.

 

Le prétexte de ce livre est l’observation en mai 2015 d’un traquet kurde mâle « photographié à plusieurs reprises et formellement identifié, au sommet du Puy-de-Dôme – soit à quelques milliers de kilomètres tant de sa zone d’hivernage que de sa zone de reproduction -, posé parmi les rochers et les blocs d’un site archéologique connu sous le nom de temple de Mercure ». La rencontre d’un oiseau improbable dans les ruines du plus grand sanctuaire de montagne de la Gaule romaine, je l’avoue me séduit.

Et l’auteur de remonter à la source de la découverte de cet oiseau au début du XIXe siècle par deux ornithologues allemands, Wilhem Friedrich Hemprich et Christian Gottfried Ehrenberg. Le nom scientifique donné à l’oiseau sera Saxicola xanthoprymna, « et qui a une date indéterminée sera transférée du genre Saxicola au genre Oenanthe ».

C’est ici qu’intervient Richard Meinetzhagen, « le voleur d’oiseaux » en 1954 avec son livre le plus célèbre « Birds of Arabia ». Il y désigne le passereau de « Red-tailed chat. Par suite c’est l’appellation de red-tailed wheatear qui a prévalu en anglais, et en français celle de traquet à queue rousse : jusqu’à ce que, dans les premières années du XXIe siècle, les instances qui président à ce genre de chose n’attribuent à une partie des traquets à queue rousse le nom de traquet kurde ».

Ainsi en va la taxonomie !

 

Mais revenons à Meinetzhagen. Notre narrateur et enquêteur trouve « dans la collection de la revue Ibis, des articles qu’il y avait publiés, et dont beaucoup contiennent des informations mensongères adroitement glissées parmi d’autres qui ne le sont pas ».

Meinetzhagen est aussi un voleur d’oiseau disions-nous. Et il se fera pour la première fois « pincer avec des oiseaux dans son cartable, pas moins d’une dizaine, à la sortie du British Museum en 1919 ». Pratique qu’il renouvelle dès qu’il en a la possibilité. Pire « non content de faucher des oiseaux un peu partout, il les réétiquette afin de s’attribuer la collecte, mentionnant pour celle-ci des dates et des lieux de son invention, et mettant ainsi en péril tout l’édifice de la répartition des espèces ». Un exemple parmi d’autres avec le sizerin flammé, « que les étiquettes falsifiées font apparaitre comme ayant été collectés Par Meinetzhagen à Blois, en janvier 1953, alors qu’ils l’ont été réellement dans le Middlesex en 1884 ».

 

Mais revenons un instant sur un terme qui ne vous a peut-être pas échappé qui est celui de « collecte ». Ce terme est l’équivalent de l’euphémisme utilisé aujourd’hui par les chasseurs, qui on le sait ne flinguent pas les oiseaux mais les « prélèvent ». Eh oui, à l’époque de Meinetzhagen on pratique encore l’ornithologie à coups de fusil !

Pour l’anecdote la poursuite en 1937 par Meinetzhagen d’un gypaète barbu pour « l’abattre (car dans les années trente, un ornithologue britannique pouvait encore se permettre d’abattre un gypaète barbu en Afghanistan, et un ornithologue indien de rapporter favorablement cet exploit) ». Audubon, le célèbre et premier peintre et ornithologue du Nouveau-Monde, un siècle auparavant ne procédait pas autrement, et trouva évident de se faire en quelque sorte « tirer le portrait », fusil à la main plutôt qu’avec une paire de jumelles.

 

Portrait de Jean-Jacques Audubon à 41 ans - Huile sur toile de John Syme, 1826

Ouessant est un des hauts-lieux de l’ornithologie, particulièrement en octobre. Notre narrateur s’y rend un 16 de ce mois béni des grandes migrations. Et note que la veille de son arrivée, ont été entre autres contactés « pas moins de 10 pouillots à grands-sourcils, un gobe-mouche nain, un ibis falcinelle, un bruant lapon et une fauvette babillarde, (…) et dans les premières heures de la journée un pipit de Richard et une rousserolle des buissons ».

Meinetzhagen a séjourné à Ouessant à plusieurs reprises, et publie en 1948 un article où il se « souvient soudainement d’avoir collecté un spécimen de locustelle fasciée, le 17 septembre 1933 à 1h20 du matin, au pied du phare de Créac’h – comme beaucoup de menteurs, Meinetzhagen imagine qu’une surabondance de détails rendra son mensonge plus vraisemblable ».

 

Menteur et mythomane, Meinetzhagen le sera bien sûr aussi dans les autres pans de son existence. Ajoutons-y une bonne dose de propension à la violence, sinon au meurtre : « L’un de ses crimes avérés remonte au début de sa carrière militaire, lorsqu’en 1905, au Kenya, il propose une trêve à un chef rebelle de la tribu des Nandi, et l’attire dans un piège où il le fait massacrer avec son escorte. (…) Un peu plus tard, posté en Afghanistan, il se vante d’avoir assassiné, à coups de maillet de polo, un palefrenier qui venait de malmener son poulain préféré : mais il semble qu’il s’agisse d’une de ses exagérations dont il est coutumier … » Il se vantera aussi « d’avoir abattu sous sa tente, le soir de noël 1915, un officier allemand que sou titre ‘duc de Wecklenburg’ désigne comme un personnage de fiction… » Mais le trait le plus déplaisant de Meinetzhagen, ajoute le narrateur, « c’est sa propension à dire dans son journal du mal de tout le monde, et en particulier de ses amis »

Moi qui, pour avoir lu quelque part, « qu’un amoureux des oiseaux ne pouvait pas être tout à fait mauvais », me voici contraint à réviser mon jugement et laisser mes illusions s’envoler en ‘Idéalstan’…

 

Mais finissons-en avec ce singulier colonel ornithologue pour célébrer son mariage en 1921 avec Annie Jackson, autre passionnée d’oiseaux et qui finira en 1928 avec une balle dans la tête (1) !

 

Source site Observation.org - Un oiseau peu courant ...

Et pour enfin revenir sur les traces du fameux traquet kurde, notre chroniqueur après sa visite au British muséum, ou il croisera Nigel Collar et Pamela Rasmussen, ornithologues de renom, nos contemporains ceux-là, parmi ses pérégrinations se rendra en janvier 2016, à Villedieu-les-Poêles « afin d’y rencontrer un pépiniériste normand, d’origine kurde, qu’un journaliste du Monde m’avait signalé comme susceptible d’avoir photographié cet oiseau dans son environnement habituel ». L’occasion de se rendre dans la cabane camouflée dans la propriété du pépiniériste pour une petite séance de miroise : « Tout d’abord sont arrivées des mésanges charbonnières et des mésanges bleues, puis une un peu plus rare mésange nonnette, puis des chardonnerets, des verdiers, enfin un accenteur mouchet ». Un régal !

 

Je n’ai fait ici que dévoiler que la moitié de ce petit livre (155 pages), mais d’une densité exquise. Un périple qui plaira évidement aux amis des oiseaux, mais pas seulement. Nous ne pouvons qu’en conseiller la lecture.



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(1) "Annie Meinertzhagen died at her estate at Swordale on 6 July 1928, just over three months after the birth of her third child,[3] in an apparent shooting accident in the presence of her husband. The circumstances of her death were controversial, though no inquest or enquiry took place " 

1 juil. 2022

De Milet à Priène. .. les petits pas d'Alexandre

 

A milet ... (Photo par Axel)


J’aime à déambuler dans les ruines des civilisations passées ; particulièrement celles boudées des cohortes de touristes pressés.

Ainsi Gortyne ou Priène. Ce sont là des lieux de méditation exceptionnels.

Alors qu’il assiégeait Milet, Alexandre le Grand s’aménagea un petit pied-à-terre à Priène non loin du temple de Déméter. Aujourd’hui encore, en empruntant la rue pentue d’où le pavé pointe sous la mousse, on en devine la trace.

Adossé sous la dent du mont Mycale, si le conquérant avait alors pris conscience de ses vaines agitations, de l’arrogance de ses desseins, il est probable que, posant là son bagage, il ne se serait jamais lancé dans sa fatale expédition en Asie. 

Désormais, de cette nature rendue à elle-même, proliférante, penchée avec indifférence sur ces ruines, suinte une paix indicible.

Tout passe.


Priène, les colonnes du temple de Déméter (photo par Axel)



21 juin 2022

Des limites planétaires... Par Athur Keller

 


Je ne connaissais pas Arthur Keller. Il est systémologue, en l’occurrence spécialiste des vulnérabilités sociétales, vis-à-vis des risques systémiques, et des stratégies de transformations collectives face à ces risques. 

Il est urgent de l’écouter !

Ici j’ai retranscrit la grosse première partie de son intervention lors de « La Grande tribune » qui s’est déroulée le 4 juin.

Les illustrations sont tirées de la conférence. 

Premier message : Le climat n’est qu’un problème parmi d’autres, et il faut pour résoudre le problème du climat il faut remonter à la cause des causes. Ce qui veut dire réduire les flux d’énergie et de matière, donc réduire la taille de notre économie.

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Notre civilisation est une méga-machine qui convertit le monde naturel en déchets. Nous prélevons des ressources que nous transformons avec de l’énergie, puis que nous utilisons sous forme de biens et services. Et puis en aval, on rejette des déchets et des pollutions dans le monde naturel. (…) Les déchets sont solides, liquides ou gazeux. Et parmi les gaz certains sont des gaz à effet de serre qui déséquilibrent le bilan radiatif de la terre. Le changement climatique est donc l’une des multiples conséquences du problème (…) La pression exercée par les activités humaines sur le système terre dépasse désormais la capacité de celui-ci à encaisser …


Le climat est un grave problème, parmi d’autres graves problèmes. Le monde a des limites : biologiques, physiques, écologiques … Les scientifiques du système Terre ont identifié neuf limites à ne pas dépasser, sous peine de mettre en danger la stabilité de la planète. Sur ces neuf limites au moins six ont déjà été dépassées. Le climat donc, les cycles biochimiques, ce sont les grands cycles du vivant notamment ceux du phosphore et de l’azote, la biodiversité qui est en train de s’effondrer, également l’usage de l’eau douce, l’usage des sols, gravement dégradés par les activités humaines et les pollutions qui s’accumulent et rendent toxiques les écosystèmes. C’est une problématique qui est multifacettes dont le changement climatique n’est qu’une composante. Et pourtant on embrasse aujourd’hui l’enjeu climatique comme le grand problème. (…) On confond ici deux choses : les maux et les symptômes. C’est très grave ! On traite le climat comme un mal alors qu’il n’est qu’un symptôme.

Je vais vous expliquer avec une métaphore : pourquoi cette méprise est lourde de conséquences ? Imaginez que vous ayez des maux de crâne chroniques, des problèmes de peau et qu’en plus vous ayez un problème de transit. Si vous traitez ces choses séparément, il y a une super bonne nouvelle, c’est qu’il existe une solution pour tout. Pour les maux de crâne du paracétamol, pour les problèmes de peau de la pommade et pour les problèmes de transit, de la tisane par exemple. Toutes ces choses là sont faciles, ce sont de tout petits aménagements dans un quotidien. On soulage les symptômes et on peut continuer à mener sa vie habituelle. Maintenant imaginez que ces symptômes sont les différentes manifestations d’une même maladie, imaginez que vous ayez un cancer généralisé. Croyez-vous franchement qu’en avalant du paracétamol, en vous badigeonnant de pommade et en sirotant des tisanes vous allez guérir le cancer ? Donc il faut bien retenir que la maladie ne requiert pas simplement la somme des traitements aux différents symptômes.

 


Ce n’est que lorsqu’on a compris le cancer que l’on comprend la nécessité d’une thérapie de choc. Ce que lorsqu’on a compris que la survie est en jeu qu’on comprend qu’il faut faire des arbitrages, des choix et des sacrifices difficiles. Ce n’est pas un simple aménagement de la vie ! On le fait parce que c’est ça ou peut-être mourir … Si nous étions logiques aujourd’hui en tant qu’humanité, si nous avions une intelligence collective ce que nous ferions c’est une sorte de temps-mort mondial. On réunirait on déciderait d’une thérapie de choc à l’échelle de la planète. On consentirait de se réorganiser entièrement pour survivre. (…) Qu’est-ce ce qui est un jeu ? Ma survie, la vôtre ?  C’est bien plus que ça. C’est l’habitabilité de la planète Terre pour un grand nombre d’espèces. Cela se joue dans les trente prochaines années. Voilà où on en est ! (…)

Sans une approche systémique cohérente, ce que l’on fait c’est soulager, dans le meilleur des cas, certains symptômes en en aggravant d’autres. On ne résout pas le problème, on le déplace. Prenons un exemple : la stratégie qui voudrait qu’on développe des renouvelables pour gérer le problème climatique. Cela donne quoi ? Dans nos société (les pays riches) : on développe des nouvelles technologies (éolien, solaire) qui permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre, et c’est très bien, mais qui par ailleurs accentuent les flux miniers, et au passage on détruit les écosystèmes, on fait chuter encore plus la biodiversité, on pollue, on utilise un maximum d’eau, il y a des problèmes de santé, d’hygiène, sociaux. On va aggraver certains symptômes pour en soigner un. (…)

Pourquoi produire de l’énergie décarbonée ? Que pensez-vous ce qui arriverait si jamais nous y parvenions ? Imaginez si nous décarbonions la production d’énergie … cela serait bien pour le climat, cela soulagerait en partie le symptôme dérèglement climatique. Mais ce serait de l’énergie au service de quoi ? Au service d’une machine extractiviste, productiviste, pollutioniste qui convertit le monde naturel en déchets. (…)


Nous avons face à nous des défis vertigineux, en termes de criticité, en termes de difficulté de la tâche, inédite, en termes de nature, d’urgence des efforts requis, en matière de prise de conscience des décideurs et des peuples, et de capacité à la mobilisation et à la remise en question… Ce que nous avons entrepris jusqu’à ce jour c’est dérisoire. On est dans une forme de déni. On fanfaronne en brandissant un cachet de paracétamol et on n’est même pas fichus de l’avaler correctement ! Le problème fondamental n’est pas climatique il concerne le dépassement des limites du système Terre. (…)

Si on s’attaquait à la cause, si on le faisait ? On ferait quoi ? On ferait l’unique chose dont on peut démontrer que cela fonctionne. On ralentirait fortement. On organiserait une descente énergétique et matérielle. Une diminution importante des flux d’énergie et des flux de ressources. En parallèle de cela on investirait massivement dans la régénération des milieux naturels et on s’organiserait enfin pour ficher la paix à la nature sauvage. Seulement pour en arriver là il faudrait changer fondamentalement notre rapport à la nature. (…) C’est un formidable défi. Défi technique ? Certainement pas ! C’est surtout un défi de changement culturel, même anthropologique, philosophique, éthique aussi. Vous y croyez à ce sursaut ? (…) Si nous faisons vraiment ce qu’il faut faire nous remettrions en question toute l’économie mondiale, tous les modèles micro et macro-économiques qui ne prennent pas en compte les limitations des ressources, nous remettrions aussi sur la table tous nos modèles sociaux et sociétaux, nous réinventerions nos modèles culturels dans cette première moitié de siècle. Vous vous doutez bien que cela ne va pas se produire, du moins pas complétement. Car la plupart des gens ne veulent pas changer – la plupart pensent d’ailleurs souvent à tort qu’ils ne peuvent pas changer. (…)



Beaucoup de gens diront : « on peut continuer de croitre économiquement, tout en allégeant la pression exercée sur l’environnement. On peut découpler ! » … Le mot est lâché, le découplage ! C’est là un vœu pieux mais hélas tout à fait candide, une croyance qui s’ancre à l’antipode de la littérature scientifique sur le sujet … Un taux de croissance de quoi que ce soit mène à une augmentation exponentielle de ce quelque chose. Prétendre qu’on va pouvoir (croitre économiquement) c’est nier les données existantes et c’est entretenir des fantasmes hors-sols sur l’avenir. La personne qui vous affirme avec aplomb qu’un découplage absolu et durable est possible entre les activités économiques et les impacts écologiques, en général il ne vous parle que des gaz à effet de serre, et même que du CO2, et la plupart du temps il va s’appuyer sur certains exemples bien précis. « Regardez tel pays, ils ont réussi à découpler ! » (…) Si certains pays peuvent le faire, et encore il faut voir s’ils peuvent le faire durablement, comme par hasard se sont toujours des pays riches et désindustrialisés. Et s’ils peuvent le faire c’est parce que d’autres pays moins riches se chargent de la production massive de matière première et aux produits manufacturés de base (…) Les expériences nationales exceptionnelles de quelques pays ne peuvent être en aucun cas être extrapolés à l’ensemble de la planète. C’est impossible ! Je rappelle que nous n’avons qu’une seule atmosphère … Or on mise tout sur le découplage, et on présente cela comme une solution ! On est dans une forme de déni. Donc présenter la soi-disant croissance verte comme la solution à tous nos problèmes, sur fond de découplage : non. Clairement non ! (…)

Et encore là on ne parle que des gaz à effet de serre. Et si vous avez bien compris, ce n’est là qu’une dimension de l’affaire. Car pour tout le reste il faudrait aussi un découplage. Sur la destruction des écosystèmes, est-ce qu’il y a un découplage entre le développement de l’économie et la destruction des écosystèmes ? Pas du tout ! C’est toujours pire là. Est-ce qu’il y a un découplage entre l’économie et les pollutions ? Non il y en a toujours plus. (…) Pour produire un point de PIB aujourd’hui on utilise plus de matières premières que pour produire le même point de PIB il y a 20 ans. On ne se rapproche pas d’un découplage on s’en éloigne. Cette croissance verte est une vaste supercherie intellectuelle. Il s’agit d’un concept en vogue, car séduisant pour tous les privilégiés du système et qui refusent d’en changer. (…) De toute manière la grande descente énergétique et matérielle dont je vous parle si nous échouons à l’organiser nous la subiront. Il y a plein de raisons pour cela. L’une des raisons c’est que notre économie mondiale n’est rien d’autre qu’une pyramide de Ponzi. Pour cela continue de fonctionner, il faut qu’il y ait toujours plus d’énergie et de matière première, sinon cela s’effondre. Et bien mauvaise nouvelle : on va avoir de moins en moins d’énergie et de matière première.  Alors soit on organise cette descente pour se donner une chance de pouvoir la piloter dans les meilleures conditions possibles ou on continue à chasser des chimères tout en refusant d’accepter nos vulnérabilités et on se met en position de subir des chocs systémiques dans le chaos et la tragédie ...  


On constate un dépassement des limites planétaires, un effondrement du vivant, une explosion des pollutions, de la toxicité des habitats et que se dessine à l’horizon des problèmes monstrueux d’accès à des ressources stratégiques, pétrole, minerais et a des ressources vitales, nourriture saine, de l’eau potable… Et malgré tout, ce qui semble nous terrifier le plus c’est encore que l’économie pourrait décroitre ...  


9 juin 2022

Des Calanques et de grotte Cosquer …

Vue depuis le belvédère Sugiton (photo par Axel)

Des paysages irracontables, en escarpements au-dessus du bleu céruléen de la Mare Nostrum … A s’épuiser de bonheur sur les sentiers ardus de rocailles blanches. Le vide à portée d’œil. Les calanques marseillaises sont l’un de ces lieux où l’on éprouve la petitesse de l’humain, la vacuité des ambitions.


Y serpentent foultitudes d’invites à l’aventure, des occasions de repousser nos limites, pour le meilleur. Car au mot randonnée, pire celui de « randonnée sportive[1] » il est loisible de préférer celui de périple – et qualifier le marcheur d’arpenteur de l’infime ! Car les calanques ne se savourent point au pas de course.

 

Sur le côté de la calanque Sugiton (photo par Axel)

Le mot Calanque dit-on provient d’un vieux vocable provençal, calo, désignant une « petite crique rocheuse ». Quant au suffixe anca, il indiquerait une pente rapide. Mais les mots sont toujours courts pour décrire la nature en majesté. Car l’aridité de ces étendues blanches et tortueuses, picorées du vert de la végétation souvent rase, tombant en à-pic dans la mer aux reflets changeants, sont d’une beauté époustouflante. Un spectacle qui se mérite !

Hélas les calanques sont victimes de leur succès et d’aménagements qui permettent de rejoindre trop aisément à notre goût les quelques plages lovées au creux des criques – « l’esprit Démocratique » frappant où il peut. Et, dès le matin, c’est vite le déversoir des foules en mal de plongeoirs. Au point d’envisager de restreindre l’accès à la Calanque du Sugiton, la plus touchée : "Certains jours, nous sommes à 2.500 personnes et nous aimerions baisser entre 400 et 600 visiteurs au quotidien”. Un mal nécessaire 


La calanque Sugiton tel que vous ne pourrez la voir en haute saison (photo par Axel)

La calanque Sugiton tel que vous ne pourrez la voir en haute saison (photo par Axel)

Aussi, pour qui le peut, les calanques se pratiquent hors saison. En mars il ne s’y trouve presque personne, en mai cela devient problématique (heureusement la plupart ne viennent là que pour se dorer au soleil – et les sentiers escarpés restent assez désertés pour pouvoir savourer l’esprit des lieux). En été c’est l’enfer !

 

Au-dessus de la calanque Sugiton (photo par Axel)

Au-dessus de la calanque Sugiton (photo par Axel)

Parcours

Mais assez de généralités et allons au col, puis au belvédère du Sugiton. Y pauser sur un petit promontoire de pierre tandis que filent dans le vent les martinets noirs ; et jouir d’une vue panoramique allant de l’archipel de Riou jusqu’aux falaises de Cassis. Puis plonger vers la calanque, passant sous l’ombre de la Falaise des toits. Prendre un bain de mer avant de grimper l’échelle de fer en direction du cap Sugiton. Ensuite, le passage s’il n’est pas périlleux, nécessite cependant un peu de mollet, à éviter pour qui est sujet au vertige – dans cette partie du périple on a parfois la surprise de croiser des olibrius en tong et short de bain, ceux-là même qu’il faut aller ensuite secourir et dont l’inconscience pousse parfois les autorités à fermer les sentiers … 

L'échelle (photo par Axel)


Sentier du Sugiton (photo par Axel)

Lorsqu'il est préférable de se laisser couler sur la pente (photo par Axel)

(Pour ceux qui ont FB : votre serviteur dans la pente !)


Mais rejoignons la calanque de Morgiou et son petit port. De là, empruntons la corniche du Renard, avant de gravir la crète Morgiou. Le sentier fait ensuite une courbe en U jusqu’au fortin de Morgiou, enfin ce qu’il en reste, une place forte presque confondu avec la rocaille. Puis descendons vers la mer vers la pointe de la voile, falaise abrute, et suivons l’anse située au-dessus de la grotte Cosquer. Alors pousser à l’extrême, jusqu’à la calanque de la triperie.

 

Vue depuis le cap Sugiton (Photo par Axel)

Anse de la Triperie (photo par Axel)

Port de Morgiou (photo par Axel)

La corniche du Renard (photo par Axel)

Le fortin (Photo par Axel)

De la grotte Coquer justement, dont l’entrée se situe aujourd’hui à 37 mètres sous les flots… Un épisode de l’émission Carbone 14 sur France-Culture en janvier de cette année lui fut consacrée… On y apprend, entre autres, que le site, déclaré en septembre 1991, ne contient pas moins de 550 représentations pariétales (peintures et gravures) dont les plus anciennes remontent à environ 27 000 ans - fréquentation de la grotte échelonnée sur 12 000 ans environs (de 27 000 à 15 000 – du gravettien au magdalénien).

Source : Office de la mer

Pour les représentions animales, l’espèce la plus courante sont les chevaux (84), suivis des bouquetins (34). En troisième position viennent les bisons et aurochs (28). Après les cerfs et les biches on a les phoques (14), particularité de la grotte Cosquer ainsi que quelques pingouins (4) et d’autres espèces encore ; un bestiaire très vaste ! 

Une réplique de la grotte Cosquer vient d’être inaugurée (4 juin) dans le bâtiment de la Villa Méditerranée à Marseille.

 


Ainsi, marchant sur le sentier des crêtes de Morgiou, on se trouve sur les traces des chasseurs-cueilleurs de la préhistoire qui parcouraient ces paysages magnifiques, avant que notre espèce ne se sédentarise. Certes, le niveau de la mer était alors beaucoup plus bas, le climat fort différent et les nuits plus pures. Mais l’on ne peut s’empêcher de rêver à la poussière du temps qui s’écoule. De ces époques reculées, étirées sur de millénaires aux accélérations modernes, avec les saccages commis à l’ère de l’anthropocène …

 

Vue depuis la crête Morgiou (Photo par Axel)

Mais reprenons nos pérégrinations méditerranéennes. Au reposoir en surplomb de l’anse de la Triperie, il est bon de savourer le fracas de flots, et boire la ligne d’horizon jusqu’à plus soif. Et, dans l'après-midi bien avancé, une fois reposés rebrousser chemin pour retrouver le col du Renard (86 m) et, dans un ultime effort, escalader la crète Morgiou et atteindre le Cancéou (222 m) sur une pente raide, dans la caillasse – peut-être la partie la plus éprouvante du parcours. Enfin dévaler la montagne, contournant le port de Morgiou, et remonter parmi les hommes, vers le point de départ.

 

Il y aurait tant encore à broder. Mais mieux vaut marcher … Marcher les sens en éveil.


Sur le chemin du retour ... (photo par Axel)

Petit détour pour voir au loin la calanque de Sorgiou (photo par Axel)




[1] Ces gens épris de performance, en tenue fluo, équipés comme des pros et équipés en général de bâtons qui s’entendent à des kilomètres.