Blogue Axel Evigiran

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La dispersion est, dit-on, l'ennemi des choses bien faites. Et quoi ? Dans ce monde de la spécialisation extrême, de l'utilitaire et du mesurable à outrance y aurait-il quelque mal à se perdre dans les labyrinthes de l'esprit dilettante ?


A la vérité, rien n’est plus savoureux que de muser parmi les sables du farniente, sans autre esprit que la propension au butinage, la légèreté sans objet prédéterminé.

Broutilles essentielles. Ratages propices aux heures languides...


28 mars 2021

Aspasie, hétaïre aux paons…

 

Périclès
Périclès

Lorsqu’on songe d’ordinaire à Périclès, ce n’est pas pour évoquer sa réputation de fouteur. Pourtant le célèbre stratège de la Grèce antique, à en croire certaines plumes, traine dans son sillage une rumeur de scandale…

Selon Plutarque, « Phidias aurait reçu pour Périclès des femmes libres qui avaient des rapports avec celui-ci. Les Comiques, accueillant ce propos, répandirent sur Périclès quantité d'impudences ; ils le calomnièrent à propos de la femme de Ménippe, son ami et stratège en second, et à propos de l'élevage d'oiseaux que faisait Pyrilampe, compagnon de Périclès ‒ on accusa Pyrilampe d'expédier discrètement des paons aux femmes que fréquentait Périclès. »

Pyrilampe fut en effet l’ami de Périclès. Marié à la mère de Platon, cette dernière étant devenue veuve peu après la naissance du philosophe, il cultivait ainsi l’opportune idée d’entretenir et d’élever ces oiseaux aux caudales ocellées ; oiseaux reçus en cadeau alors qu’il était ambassadeur d’Athènes, pour les offrir ensuite, selon la rumeur, aux dames ayant la faveur du stratège.

« … la dissimulation était, d’une certaine façon, plus répréhensible que l’acte lui-même, parce qu’elle allait à l’encontre de la transparence que le peuple exigeait de ses chefs. (…) [les poètes comiques] le calomnièrent à propos de la femme de Ménippos, son ami et second comme stratège et, à propos de Pyrilampe, compagnon de Périclès, qui s’adonnait à l’élevage des oiseaux (ornitotrophia) et qu’on accusait d’envoyer secrètement des paons aux maîtresses de Périclès (Plutarque) (…) … le mari avait le droit de tuer l’adultère pris en flagrant délit (…) Il faisait office de douteux intermédiaire pour le stratège, facilitant en secret la satisfaction de ses plaisirs. Dans l’Athènes du Ve siècle, l’élevage des oiseaux et, en particulier, des paons était étroitement associé au luxe oriental et, plus particulièrement, à la royauté perse : comme parasol, le paon faisait alors partie des « perseries », à l’image des « turqueries » du XVIIIe siècle. (…) une activité fort lucrative puisqu’à la fin du Ve siècle, un couple de paon valait près de 1 000 drachmes, le prix d’un bon cheval. (…) »

 

Autoportrait de Marie Bouliard posant comme Aspasia, 1794

Venons-en brièvement à la compagne de Périclès, Aspasie.

Originaire de Milet, elle était l’une de ces femmes ioniennes, souvent caractérisée comme « débauchée et éprise du gain ».

Aspasie en clair-obscur : entre fantasme littéraire et éclairage épigraphique…. Fille d’Axiochos (Plutarque). Elle rencontra probablement le « premier citoyen de sa patrie » avant 437, puisque leur fils, Périclès le jeune, deviendra stratège en 406. Elle serait, au moment de sa rencontre avec Périclès, une jeune femme non mariée, issue de l’élite milésienne et jouissant de la protection d’une puissante maison athénienne.

Mais on l’aura compris : tout ceci n’aura servi qu’à évoquer l’anecdote se rapportant aux paons…