Blogue Axel Evigiran

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La dispersion est, dit-on, l'ennemi des choses bien faites. Et quoi ? Dans ce monde de la spécialisation extrême, de l'utilitaire et du mesurable à outrance y aurait-il quelque mal à se perdre dans les labyrinthes de l'esprit dilettante ?


A la vérité, rien n’est plus savoureux que de muser parmi les sables du farniente, sans autre esprit que la propension au butinage, la légèreté sans objet prédéterminé.

Broutilles essentielles. Ratages propices aux heures languides...


2 mai 2016

Apulée : les métamorphoses ou L’âne d’or


Dès la première ligne 
Apulée annonce la couleur : c’est un récit milésien qu’il a commis. Un roman échevelé, parfois leste, dont le genre remonte à Aristide de Milet, un grec auteur de contes érotiques qui vécut au IIe siècle av JC, et qui inspira, entre autres, Ovide et Pétrone, ce dernier enchâssant même des textes d’Aristide dans ses propres productions, tels celui de la fameuse ‘matrone d’Ephèse’ dans le Satiricon, récit dont La fontaine donnera plus tard sa propre variante en vers.  

Apulée
Mais qui était le berbère de Madaure, cet africain qui répondait au patronyme d’Apuleius et qui donnera son prénom, Lucius, au héros des métamorphoses ?

Les sources le confirment, ce fut assurément personnage haut en couleur. Né sous le règne d’Hadrien, vers 123 de notre ère, Apulée est, comme on dit, un  fils de bonne famille. A ce titre, et aspirant à la postérité littéraire, il ira faire ses études de rhétorique à Carthage. Tenté par le Platonisme d’alors - sauce pythagoricienne, mâtinée de mysticisme – il passe sur le chemin du retour par Athènes où les dieux de tous les horizons se côtoient « les déesse d’Eleusis escortent aussi bien Dionysos qu’Isis l’Egyptienne ».

C’est ainsi, au cours de ses nombreuses pérégrinations et initiations aux cultes « à mystères », qu’Apulée se forge une belle réputation de thaumaturge magicien. A Oea (l’actuelle Tripoli), usant peut-être de magie douteuse, il séduira la mère de l’un de ses anciens condisciples, une riche veuve dont il capte l’héritage. Accusé, en qualité d’avocat Apulée plaidera sa propre cause et sera acquitté. Ceci pour l’anecdote.


Avocat à Rome, il préférera enfin retourner dans son pays natal pour y exercer le métier plus en vue de conférencier mondain. C’est là que notre homme, après avoir vu passer de loin le règne d’Antonin le Pieux, trépassera sous Marc Aurèle en 170 de notre ère.
Voici pour l’essentiel.

Mais afin de mieux saisir la saveur de l’époque laissons la parole à Lucien Jerphagnon qui brosse, dans son Histoire de la Rome Antique le portrait d’Apulée :

« Ses voyages l’avaient promené un peu partout dans l’Empire, et aux bons endroits ; Il n’hésitait pas à s’affirmer ‘philosophe platonicien’ et il avait à ce titre sa statue dans sa ville natale reconnaissante. L’homme lui-même est passionnant, voire inquiétant. Comme bon nombre de ses contemporains à présent, il avait collectionné les initiations à tous les cultes ‘à mystères’, ceux qui vous garantissaient ce que la religion traditionnelle ne songeait pas à vous offrir : la protection privilégiée d’un dieu durant la vie, et une mort considérée comme un cap de bonne espérance. Les faveurs de ces dieux s’étendaient jusque dans l’au-delà. On a d’Apulée une truculence Apologie, qui est en quelque sorte la sténo du procès où on l’avait entraîné sous l’inculpation de pratiques magiques. Une accusation qui en ces temps pouvait très bien vous expédier aux Enfers ! Sans doute Apulée n’était-il pas pressé de vérifier les protections divines dont il y disposait, car il se défend avec une verve endiablée – pourfend ses accusateurs – et chemin faisant, nous surprenons sur le vif comment se passait une audience de justice. Mais il y a plus : c’est tout un arrière-fond de croyances qui arrive jusqu’à nous. Les objets les plus innocents, les gestes, les paroles, tout cela revêt une autre dimension, secrète, maléfique, à quoi tout le monde croit ou a l’air de croire. , On est loin du scepticisme d’un Cicéron. Le siècle est redevenu dévot, superstitieux même. » (pp 389 – 390)

L'âne d'or
Les métamorphoses dateraient de 161, et sont une adaptation latine d’un petit roman grec, roman qui aurait servit également de source à Lucien de Samosate, mais sur ce dernier point rien n’est moins sûr. En effet, le lien exact entre le textes de Lucien et le récit primitif n'est pas clairement établi. (cliquer sur le lien pour détail) « Or ce texte primitif, ce modèle, nous l'avons. Il s'agit d'un court récit transmis dans le corpus de Lucien et intitulé Loukios ê Onos, Lucius ou l'âne. (…)L'érudit byzantin Photios (le même qui fut largement responsable du schisme orthodoxe), rendant compte d'une de ses lectures, mentionne à la fois un âne dû à un certain Lucius de Patras et un texte plus court de même titre, qu'il attribue à Lucien. Photios ne sait pas bien lui-même si le texte mis sous le nom de Lucien est un abrégé de l'autre ou si, au contraire, celui de Lucius de Patras en serait un développement. Il est même possible, du reste, que Photios ait mal analysé le titre et qu'il faille comprendre Les métamorphoses de Lucius de Patras comme renvoyant en réalité au nom du personnage (comme chez Apulée, précisément) et pas à celui de l'auteur. »

Bref…
Mais ce qui est sûr, c’est que si l’âne de Lucien ricane celui d’Apulée à une saveur nettement plus mystique - voire initiatique : car « ce conte de fées, ou plutôt de fée (Isis), avec rose et bourricot, n’est pas gratuit. Les tribulations de Lucius changé en âne pour avoir voulu pénétrer les secrets de la magie, punissent Lucius, sans doute, mais elles l’entrainent d’épreuve en épreuve dans la voie de la purification et du salut en Isis » .

Ce qui nous conduit à évoquer d’un mot la valeur éducative des métamorphoses.
Nerval voyait dans le livre d’Apulée, non sans motif, le récit d’une « illumination ». Mais si illumination il y a, elle ne peut oblitérer le côté grivois et picaresque de cette fabuleuse aventure de Lucius, une épopée qui, par sa densité et ses rebondissements, n’est pas sans faire songer aux tribulations des chevaliers de Chrétien de Troyes, la mystique monothéiste en moins, la paillardise en plus. C’est qui n’est pas pour déplaire.
Nicolas Mignard, Le jugement de Midas (PbA de lille)

De la métamorphose et de l'âne 
La métamorphose est un thème aussi vieux que le monde. Je ne m’y étendrait pas.
Il n’est qu’à songer aux compagnons d’Ulysse changés en pourceau par la magicienne Circée ou au pauvre Grégoire de Kafka, métamorphosé par on ne sait quelle fatalité en cafard.

Plus proche de notre sujet, il y a les oreilles du roi Midas, changées en esgourdes d’equus asinius. Pas moins de deux toiles de Pba de Lille rappellent la mésaventure : Midas, qui fut jadis élève d’ Orphée, préside à un concours de musique opposant Apollon et un satyre joueur de flûte. Le roi de Phrygie a la mauvaise idée, contre l’avis des Muses, de donner le prix au satyre. Ce n’est pas, on s’en doute, du goût du dieu. Aussi ce dernier, pour se venger, lui changera ses oreilles en celle d’un âne.
D’où, peut-être, le fameux bonnet dont on affublait jadis les mauvais écoliers.

De la bêtise de l'âne
Brave créature qu’affectionnait Erasme, l’âne a nom synonyme de ballot, balourd, benêt, buse, butor, crétin, imbécile, idiot et j’en passe !
Mais à la vérité l’âne n’est pas si bête. En témoigne pour l’exemple le dialogue mis en scène par Hugo entre le trottinant équidé et Kant en personne, ce dernier finissant par « adopter définitivement le point de vue de son baudet ».
  
                         


EXTRAITS

Afin de susciter envies de lecture de cette belle œuvre, en voici quelques minces extraits, sélectionnés tout arbitrairement.

Menues grivoiseries

« J’arrivais à la porte de Milon, (…) mais je ne trouvai à la maison ni Milon ni sa femme, il n’y avait que ma chère petite Photis ; (…) Elle-même, coquettement vêtue d’une tunique de lin, laissant voir, par transparence, un soutien-gorge rouge vif, qui lui entourait, assez haut, la poitrine, juste sous les seins (…) Enfin, je lui dis : ‘Avec quel charme, avec quelle grâce, ma chère Photis, tu accompagnes de tes fesses le mouvement de cette casserole ! »

A telle enseigne, la suite ne fait pas un plis, et la nuit venue : 
« Je venais à peine de m’étendre quand apparut ma Photis, qui venait de mettre au lit sa maîtresse. (…) Soue l’effet du vin, l’esprit, mais aussi le corps, agités de désir, excité, au supplice, le bas de tunique remonté dans la région de l’aine, prouvant à ma chère Photis mon impatience à prendre notre plaisir, je dis : ‘Pitié de ce combat où tu m’engages, sans déclaration de guerre officielle, je suis tout tendu ; dès que la première flèche du cruel Cupidon s’est enfoncée jusque dans mon cœur, j’ai bandé aussi vigoureusement mon arc, et je crains fort maintenant que la corde trop tendue ne se rompe. (…)
Et aussitôt la vaisselle enlevée en un tournemain, Photis, dépouillée de tous ses vêtements, cheveux dénoués, dans une liberté joyeuse, s’était miraculeusement rendue semblable à Vénus, lorsqu’elle sort des flots de la mer, et de sa main rosée, elle couvrait à demi son sexe épilé, plus par coquetterie que par pudeur et pour le dissimuler. ‘Vas-y, dit-elle, combats, et ferme, je ne reculerai pas devant toi, je ne tournerai pas le dos ; attaque en face si tu es un homme, en avant, hardiment, frappe à mort et lutte pour ta vie. Le combat d’aujourd’hui est sans quartier’. Tout disant cela, elle grimpa sur mon lit et s’accroupit peu à peu sur moi… »

Devenir oiseau
Voici l’épisode où Lucius espionne le manège de la patronne de Photis. Curiosité fatale qui conduira notre héros, se trompant d’onguent, à se métamorphoser en l’animal que l’on sait.

« Pamphile commença à se dévêtir entièrement, puis elle sortit, d’un coffret qu’elle ouvrit, plusieurs boites ; alors, enlevant le couvercle à l’une d’elles, elle se massa longuement avec un onguent qu’elle en tira, s’enduisant tout entière, depuis les ongles jusqu’au sommet de la tête, puis, après avoir adressé, à voix basse, de longs propos à sa lampe, elle se mit à battre des membres à petits coups pressés. Pendant qu’elle leur imprimait ainsi un mouvement souple et continu, il en jaillit un duvet encore tendre, puis l’on vit grandir de fortes pennes, son nez se durcit et ce recourba, ses ongles devinrent épais et crochus. Pamphile se transforma en hibou ».

Des oiseaux en général

La Mouette :
« Alors, l’oiseau immaculé, la mouette qui parcourt sur ses ailes les flots marins, plongea, en toute hâte, dans le sein profond de l’Océan. Justement Vénus était entrain de s’y baigner et de nager ; l’oiseau se pose près d’elle et lui annonce que son fils est brûlé et souffre cruellement de sa blessure, et que l’on ne sait s’il s’en tirera ».

Les moineaux :
« Accompagnant le char de la déesse de leur gazouillement bruyant, des moineaux se jouent, et d’autres oiseaux, chantant doucement, font entendre des mélodies aussi suaves que le miel pour annoncer l’arrivée de la déesse ».

L’aigle :
« L’oiseau royal de Jupiter souverain, l’aigle rapace, apparut soudain, planant, les ailes déployées et, se souvenant de la mission qu’il avait autrefois remplie lorsque, sous la conduite de l’Amour, il avait enlevé pour Jupiter l’échanson phrygien, il apportait son aide, bien à propos, et honorait la puissance du dieu dans les épreuve de son épouse ».


La matrone d’Ephèse

Voici l’épisode fameux de la matrone d’Ephèse (à comparer au poème de La Fontaine)
Etant fainéant, plutôt que recopier ce passage dans mon exemplaire papier, voici la version donnée sur une source en ligne (j’ai juste modernisé la grammaire de quelque verbes).
 
« Cet homme, réduit dans une grande nécessité, n’avait autre chose pour vivre que le peu qu’il pouvait gagner par son travail journalier. Il avait une femme qui était aussi fort pauvre, mais très fameuse par l’excessive débauche où elle s’abandonnait. Un jour son mari étant sorti de chez lui dès le matin, pour aller travailler, un homme hardi et effronté y entra secrètement l’instant d’après. Pendant que la femme et lui étaient ensemble, comme des gens qui se croient en sûreté, le mari qui ne savait rien de ce qui se passait, et qui n’en avait même aucun soupçon, revint chez lui, bien plutôt qu’on ne l’attendait, et louant en lui-même la bonne conduite de sa femme, parce qu’il trouvait la porte de sa maison déjà fermée aux verrous, il frappe et siffle, pour marquer que c’était lui qui voulait entrer. Sa femme qui était adroite, et fort stylée en ces sortes d’occasions, fait retirer l’homme d’auprès d’elle, et le cache promptement dans un vieux tonneau vide, qui était au coin de la chambre, à moitié enfoncé dans la terre ; ensuite ayant ouvert la porte à son mari, elle le reçoit en le querellant. C’est donc ainsi, lui dit-elle, que tu reviens les mains vides, pour demeurer ici les bras croisés à ne rien faire, et que tu ne continueras pas ton travail ordinaire pour gagner de quoi avoir quelque chose à manger ? Et moi, malheureuse que je suis, je me romps les doigts jour et nuit, à force de filer de la laine, afin d’avoir au moins de quoi entretenir une lampe pour nous éclairer le soir dans notre pauvre maison. Hélas ! que Daphné, notre voisine, est bien plus heureuse que moi ! elle qui, dès le matin, se met à table, et boit tout le jour avec ses amans. Le mari se voyant si mal reçu ; que veux-tu, lui dit-il, quoique le maître de notre atelier, occupé à la suite d’un procès qui le regarde, ait fait cesser le travail, cela n’a pas empêché que je n’aie trouvé le moyen d’avoir de quoi

manger aujourd’hui. Vois-tu, continua-t-il, ce tonneau inutile, qui occupe tant de place, et qui ne sert à autre chose qu’à nous embarrasser dans notre chambre ; je l’ai vendu cinq deniers, à un homme qui va venir dans le moment le payer et l’emporter : Prépare-toi donc à m’aider un peu à le tirer de là, pour le livrer tout présentement. En vérité, dit aussitôt cette artificieuse femme, en faisant un grand éclat de rire, mon mari est un brave homme, et un marchand fort habile, d’avoir laissé pour ce prix-là une chose que j’ai vendue il y a longtemps sept deniers, moi qui ne suis qu’une femme, et toujours renfermée dans la maison. Le mari bien aise de ce qu’il entendait, qui est donc celui qui l’a acheté si cher, lui dit-il ? Pauvre innocent que tu es, lui répondit-elle, il y a déjà je ne sais combien de temps qu’il est dans le tonneau, à l’examiner de tous côtés. Le galant entra à merveille dans la fourberie, et sortant tout d’un coup de sa niche : Ma bonne femme, dit-il, voulez-vous que je vous dise la vérité, votre tonneau est trop vieux, et fendu en je ne sais combien d’endroits. Se tournant ensuite du côté du mari : Et toi, bonhomme, continua-t-il, sans faire semblant de le connaître, que ne m’apportes-tu tout présentement de la lumière, afin que je puisse être sûr, en grattant les ordures qui sont dedans, s’il pourra me servir ; car ne t’imagines-tu pas que je ne me soucie point de perdre mon argent comme si je l’avais gagné par de mauvaises voies. Ce brave et subtil mari, sans tarder et sans avoir le moindre soupçon, allume la lampe, et lui dit : Rangez-vous de là et me laissez faire, jusqu’à ce que je vous l’aie rendu bien net. En même temps il ôte son habit, prend la lumière, se fourre dans le tonneau, et commence à racler toute la vieille lie qui y était attachée. Le galant mit l’occasion à profit, et pendant ce temps, la femme qui se faisait un plaisir de jouer son mari, baissant la tête dans le tonneau, lui montrait avec le doigt, tantôt un endroit à nettoyer, tantôt un autre, et puis encore un autre, et puis encore un autre, jusqu’à ce qu’enfin tout fin achevé ; et ce misérable manœuvre fut encore obligé, après avoir reçu sept deniers, de porter le tonneau jusque dans la maison du galant de sa femme.
 »

Des amours des nobles dames envers Lucius
« Il y avait dans cette société, une dame fort noble et fort riche. Elle était venue me voir, comme tout le monde, en payant et, à la suite de cela, prit grand plaisir à mes tours de toutes sortes et, à force de m’admirer, conçut pour moi une étrange passion ; (…) elle vivait, nouvelle Pasiphaé amoureuse, cette fois, d’un âne (…)
Alors la dame, après avoir enlevé absolument tous ces vêtements et même la bande d’étoffe qui enserrait sa remarquable poitrine, debout près de la lumière, s’oignit longuement d’une huile parfumée contenue dans un flacon d’étain ; ensuite, elle m’en frotta généreusement et avec plus de soin encore qu’elle même (…)
J’éprouvais cependant une angoisse et une grande crainte en me demandant comment, avec des pattes si énormes et si longues, je pourrai monter une faible dame (…) Pauvre de moi, quand j’aurai écartelé une noble dame, on m’exposerait aux bêtes pour servir d’ornement aux jeux offerts par mon maître ! (…) tout en parlant, elle me donna la preuve que mes imaginations étaient vaines et ma peur absurde. M’embrassant de façon fort étroite, elle me reçut tout entier, oui tout entier. »

Isis et la libération finale
Tout vient au moment propice, nous avertit Apulée : 
« Mais nous savons bien que, lorsque la Fortune s’y oppose, il n’est pas un homme sur terre qui puisse rien obtenir de bon, et que ni la sagesse des calculs, ni la prudence des remèdes ne peuvent ni transformer ni corriger l’ordre immuable établi par la divine providence »

Et à l’heure dite, une fois l’âne enfuit, perdu dans la nature : 
« le visage baigné de larmes, j’adresse cette supplique à la divine Maîtresse : (…)
Après avoir, de la sorte, multiplié les prières (…) et voici que, élevant au milieu de la mer un visage adorable aux dieux mêmes, surgit l’apparition divine (…)
‘Me voici Lucius ; tes prières m’ont touchées, moi, mère de tout ce qui est, maîtresse de tous les éléments, (…) je suis Celle de Pessinote, mère des dieux, là, pour les Attiques, nés du sol, je suis Minerve Cécropienne ; ailleurs, pour les Cypriotes, fils du flot, je suis vénus de Paphos, pour les Crétois porte-flèches, Diane de Dictys ; pour les siciliens aux trois langages, Proserpine stygienne ; pour les antiques Eleusiniens, la Cérès attique ; Junon pour les uns, Bellone pour les autres, Héca
te pour ceux-ci, pour ceux là, Celle de Rhamnonte, mais les peuples que le dieu Soleil, à son lever éclaire et qu’il éclaire à son coucher de ses rayons déclinants, les Éthiopiens des deux Ethiopies et les Egyptiens puissant d’un antique savoir m’adorent selon les rites qui me sont propres et c’est de mon vrai nom qu’il m’appellent Isis Reine ». 



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