Blogue Axel Evigiran

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La dispersion est, dit-on, l'ennemi des choses bien faites. Et quoi ? Dans ce monde de la spécialisation extrême, de l'utilitaire et du mesurable à outrance y aurait-il quelque mal à se perdre dans les labyrinthes de l'esprit dilettante ?


A la vérité, rien n’est plus savoureux que de muser parmi les sables du farniente, sans autre esprit que la propension au butinage, la légèreté sans objet prédéterminé.

Broutilles essentielles. Ratages propices aux heures languides...


16 sept. 2015

Paul Watson : un Eco-pirate (Légitimité contre légalité ?) - Sea Shepherd

Billet initial du 3 juillet 2013
(Billet initial supprimé de la plateforme overblog, infestée désormais de publicité)
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Dans le recueil des « Grands textes fondateurs de l’écologie » se trouve un petit extrait tiré d’un livre de Lamya Esselali, intitulé : « Capitaine Paul Watson : entretien avec un pirate », sorti en 2012 chez Glénat. 

Dans la lignée la désobéissance civile, initiée par Thoreau, tout à rebours de la non-violence prônée par certains (qui se traduit aujourd’hui d’ordinaire par la signature d’inutiles pétitions – hormis se donner bonne conscience à peu de frais), se pose ici la question de la légitimité des actions musclées en faveur d’une cause à laquelle on croie. Vaste débat auquel l’extrait reproduit ci-dessous ne prétend pas répondre. Mais le point de vue de Paul Watson s’avère très intéressant – et sa méthode efficace. 
Ici, nous ne sommes pas dans le monde des bisounours.  

« Ceux qui trouvent les actions de Sea Shepherd violentes ou trop polémiques présentent souvent l’éducation comme la solution la plus adéquate pour résoudre les problèmes environnementaux et nous reprochent de ne pas nous focaliser sur la sensibilisation plutôt que sur l’intervention directe.
En 1979, nous avons traqué le baleinier pirate Sierra. Tous les moyens ‘traditionnels’ de l’empêcher de nuire avaient été essayés par différentes organisations au cours des cinq années précédentes, sans succès. Tout le monde était d’accord sur le fait qu’il fallait stopper ce bateau, mais personne n’y parvenait.
Je l’ai repéré le long de la côte portugaise, nous l’avons éperonné deux fois et puis nous l’avons coulé dans le port de Lisbonne. Nous n’avons blessé personne au cours de l’action, mais nous avons mis un terme à la carrière de ce célèbre baleinier pirate, une fois pour toute.
Quand on me dit que nous devrions plutôt éduquer les gens au lieu de faire ce genre de choses, je réponds que couler le Sierra était un projet éducatif.
Le harponneur du Sierra, Knut Hustredt, était norvégien, et il a fait une apparition sur la chaîne de télévision NBC deux ans plus tard lors d’une interview avec Priscilia Presley. Elle lui a demandé ce qu’il pensait de ceux qui avaient détruit son navire. Il a répondu : « Eh bien, à dire vrai, c’était le seul moyen de nous arrêter ». Et elle lui a dit : « Mais que pensez-vous de ces éco-terroristes qui vous ont privé de votre gagne-pain ? » Il a répliqué : « Vous savez, je n’avais jamais vraiment pensé aux baleines avant ça. Pour moi, elles n’étaient que de gros poissons, c’était tout. Mais quand j’ai vu que des gens étaient prêts à aller aussi loin, à risquer leur vie pour les sauver, j’ai commencé à réfléchir à ce que je faisais. Aujourd’hui, je sais que je ne tuerai jamais plus de baleines, et si Sea Shepherd veut bien de moi en tant que membre d’équipage, je suis prêt à embarquer avec eux ».
Je peux éduquer 450 millions d’Américains afin qu’ils ne tuent pas les baleines, sachant qu’ils ne les auraient de toute façon pas tuées. Mais je pense qu’obtenir d’un harponneur norvégien qu’il pose son harpon est une réussite éducative bien plus satisfaisante.

Même si la majorité des japonais étaient opposés à la chasse baleinière, cela n’y mettrait pas nécessairement un terme. La majorité des canadiens sont contre la chasse au phoque, et pourtant la chasse a continuée (et continue aujourd’hui dans une très moindre mesure). Je pense que les gouvernements se fichent royalement de ce que pense le peuple – seuls comptent les intérêts des corporations.
Nous avons donc décidé de jouer sur les deux seuls ressorts qu’ils comprennent : perte et profit. Le seul langage qui leur parle est le langage économique, tout se résume à cela, l’économie est la clé. 
Je ne pense pas que les braconniers soient sensibles aux arguments de conservation ou éthiques. L’argent est leur seul moteur. Nous nous efforçons donc de les couler économiquement. De temps en temps, un baleinier est coulé en Norvège. Pourquoi ? Pour maintenir leurs assurances à des montants exorbitants – le seul moyen de les arrêter est de les faire payer. Couler des baleiniers à quai les contraints à contracter une assurance de guerre dont le montant est trois mille fois supérieur à une assurance classique, nous les obligeons aussi à renforcer la sécurité, nous rendons l’ensemble du business de la chasse à la baleine beaucoup moins lucratif. 


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Nous actions en Antarctique ont coûté à l’industrie baleinière japonaise des dizaines de millions de dollars, et s’ils n’avaient pas profité de fonds normalement destinés aux victimes du tsunami de mars 2011, ils n’auraient sans doute pas pu repartir après l’échec retentissant de leur dernière campagne de chasse. 
En les pourchassant et en bloquant leurs opérations (….) nous les amenons méthodiquement à la faillite car c’est la seule chose qui les arrêtera. Aucune banderole, aucune pétition, aucune manifestation ne fera taire les harpons explosifs. »


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