Blogue Axel Evigiran

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La dispersion est, dit-on, l'ennemi des choses bien faites. Et quoi ? Dans ce monde de la spécialisation extrême, de l'utilitaire et du mesurable à outrance y aurait-il quelque mal à se perdre dans les labyrinthes de l'esprit dilettante ?


A la vérité, rien n’est plus savoureux que de muser parmi les sables du farniente, sans autre esprit que la propension au butinage, la légèreté sans objet prédéterminé.

Broutilles essentielles. Ratages propices aux heures languides...


17 mars 2020

Jours étranges

Covid vs dérèglement climatique

L’allocution du Président, hier soir, avait ce caractère des fatalités grandiloquentes. Le confinement prévisible… Il faut dire, après les mesures annoncées samedi par le Premier ministre, les abrutis n’ont pas manqués – tels ces carnavaleux dont le bal avait été annulé, trouvant « subversif » de se réunir à 23h sur la digue de Dunkerque malgré l’interdiction – un bal de crétins – mais il s’en trouve tant. Ou dimanche ces troupes de flâneurs regroupés à Montmartre. La connerie est hautement contagieuse…

Ce qui n’a pas empêché de voir les magasins se faire dévaliser…  Effet de l’hystérie collective. Une razzia délirante qui n’est qu’un avant-goût de ce qui nous attend avec les conséquences du dérèglement climatique. En somme le Covid n’est pas même l’apéritif de ce grand banquet du pire qui se profile – Mais au moins nous instruit-il du monde à venir : à prendre la mesure, s’il était nécessaire, d’une sociologie du désastre assuré !

Effets de l'hystérie collective (photos par Axel)
Entre la paranoïa ou l’hystérie des uns et la « beauf » inconscience des autres difficile de trouver le juste équilibre (ce qui les réunit : « tout pour ma gueule » ) – pourtant il ne semble pas si complexe de brancher son cerveau ...
Les théories du complot fleurissent naturellement, sur fond de tartines de peurs irrationnelles ; le tout dans une ambiance anxiogène – ce feu entretenu par des médias en roue libre. Pour les adeptes du pire, calfeutrés chez eux arme au poing, le mieux serait sans doute d’arreter de respirer par peur d’attraper le germe horrible circulant dans l’air. Ceux-là font songer à ces angoissés décrits par Montaigne qui par peur de la mort se suicident. Il faut dire que l’inédit de la situation à de quoi hypnotiser le quidam.

Et le pays de se réveiller ce matin avec la gueule de bois.
La campagne était pourtant belle et silencieuse… Singulièrement silencieuse - ambiance post apocalyptique, pareille au baiser de la mort ; mais c’est si bon de ralentir – de cesser d’endosser un instant l’habit du hamster dans sa roue !


Le matin, après l'annonce du confinement.... (Photo par Axel)
Une gelée nocturne tapissait les champs d’une blancheur brumeuse ; invite aux rêveries improductives... Le monde suspendu, entre fièvre et toux. Puis le soleil, époussetant imperturbable ses rayons sur un paysage encore assoupi, donnant le « la » de ce jour étrange.
Quelques ombres pressées filant au supermarché et d’autres, munies de leurs attestations, à courir pour contribuer à produire les clous de leurs cercueils. Apeurées à l’idée de manquer à l’appel du productivisme nous ayant conduits là où nous en sommes.

Aujourd’hui : le ciel bleu d’une économie souffreteuse, saluée du chant des oiseaux pour marquer le hiatus de ce monde affairé – stoppé net dans son élan.
Nous vivons une époque formidable ou le post humain embrasse sur la bouche qui doit vendre ses organes pour survivre ; où l’on s’inquiète d’une possible pénurie du papier pour se torcher quand d’autres n’ont pas même de quoi vivre jusqu’au soir. Où un virus fait moins de victimes que la pollution au quotidien !

Ce jour étrange, à recevoir ces appels à applaudir à 20 h depuis son balcon, sa fenêtre ou son velux…. A applaudir le courage ou l’abnégation du personnel soignant. Ceux-là même faisant grève dans l’indifférence générale depuis une bonne année pour obtenir plus de moyens pour exercer correctement leur métier. Saluer ces héros, comme s’ils étaient d’une essence différente du commun – comme si la plupart n’allaient pas, comme tout le monde, au labeur sous la contrainte – pour gagner sa vie ! Comme si les vocations s’étaient ici faites universelles !
Applaudir et s’acheter de la sorte une bonne conscience à peu de frais. En tirer même de la fierté, alors qu’on espère juste, si le mal insidieux venait à nous chatouiller les poumons, à être tiré de l’ornière sans trop de frais. Pourquoi ne pas alors saluer ces esclaves des grandes enseignes, rivés à leur caisses sans parfois même des gants, pour comptabiliser nos achats ? Ces routiers qui alimentent nos supermarchés ? Ces policiers, gendarmes et autres soldats, chargés de faire respecter le confinement ?

Hypocrisie !



Il en faudrait peu pour que nous nous entretuions !
Peut-être serait-ce plus sincère …

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